Jack est en route vers Gaspé quand il prend sur le pouce la Grande Sauterelle, une jeune métisse. Jack cherche son frère Théo qu’il n’a pas vu depuis plus de 20 ans. Avec l’aide de la Grande Sauterelle, Jack va partir dans son vieux Volks sur les traces de son frère perdu, traces qui le mèneront sur les chemins de l’Amérique jusqu’à San Francisco. On dit qu’outre le récit d’un road trip, ce livre est aussi le récit d’une certaine Amérique et une belle histoire d’amour.

Volkswagen blues est donc le grand classique d’un auteur considéré comme incontournable dans la littérature québécoise.

Pour ma part ça m’a laissée tiède, pour ne pas dire froide. Jacques Poulin écrit parfois très bien, certaines phrases, certaines images sont d’une grande poésie. Mais globalement, le récit est linéaire, rampant, très minimaliste et pudique et par moment bourré de clichés autant dans la description des scènes que dans le caractère des personnages. La pudeur que j’ai évoquée me semble un peu excessive. Il n’est presque jamais mention d’un rapprochement physique entre les deux protagonistes, pourtant, on comprend bien que cette belle histoire d’amour doit avoir lieu. Ce n’est pas que je tiens à retrouver un roman des dizaines de pages d’amours torrides, mais tout de même, ce silence est étrange. En fait, à mon sens, l’aspect le plus intéressant de ce livre est l’histoire qu’il raconte en filigrane, soit celle des différents personnages historiques qui ont participé à la découverte de l’Amérique dans toute sa profondeur.

J’aurai la chance de vous parler d’un autre roman de Jacques Poulin qui sans m’avoir renversée m’a plu davantage. Je me sentais un peu mal à l’aise tout de même de n’avoir su lire ce qui dans ce roman a plu à tant de gens. Mais j’ai trouvé quelques personnes encore plus convaincues que moi de l’imposture de cette popularité. Me voilà soulagée… je ne suis pas la pire des traîtres face à ce grand succès de la littérature québécoise. Remarquez, j’ai tellement DÉTESTÉ le On the road de Jack Kerouac… j’ai peut-être quelque chose contre la route finalement !

Du même auteur : Les yeux bleus de Mistassini, Tournée d'automne

Par Catherine

Extrait :

Le camping se trouvait au bord de la Grand River. C’était en réalité un vaste parc dont une section avait été aménagée en terrain de camping avec l’eau, l’électricité, des tables à pique-nique et des toilettes.

Jack était installé tout près de la rivière et il n’avait pas de voisin immédiat. Assis sur la table à pique-nique, il passa une heure à ne rien faire d’autre qu’écouter le bruissement des insectes dans l’obscurité, rêver à des choses vagues et grignoter des biscuits au chocolat. Finalement, les maringouins et les petites mouches noires le forcèrent à regagner le minibus. Il ouvrit la radio et écouta distraitement les informations de neuf heures moins cinq et les prévisions de la météo tout en examinant une carte routière pour savoir quelle distance il leur restait à franchir avant d’atteindre la frontière américaine. Ensuite il se mit à lire un des volumes de la Grande Sauterelle qui s’intitulait Les Indiens du Canada, mais cette lecture lui rappela qu’il n’avait pas encore la moindre idée de ce qu’allait être son prochain roman, alors il referma le volume, rabattit la banquette et s’allongea tout habillé sur le lit.

couverture
Éditions Babel - 328 pages