Il ne s'agit ni d'un roman, ni d'un poème, mais c'est pourtant tout cela à la fois. À travers la juxtaposition de ses réflexions, il nous raconte la maladie, l'espoir, l'acceptation, la tendresse ou la douleur : tous ces instants qui font une existence, même si l'automne arrive trop vite.
Il nous parle de son père mais aussi de cet arbre majestueux qu'il observe de sa fenêtre. L'arbre devient alors le symbole de cette vie qui s'enfuit.
Ce texte est bouleversant de justesse. Chaque phrase résonne/raisonne longtemps après que le livre a été fermé.
Comme dans Geai, je reste frappée par cette poésie dépouillée de tout artifice, qui se contente d'aller chercher au plus profond de nous ces parcelles de grâce qui sommeillent. Il est très difficile, je crois, de parler de ce texte, sans en amoindrir la puissance. Je n'ai malheureusement pas le talent de Christian Bobin, et tout ce que je pourrai vous dire me semble fade en regard de son ouvrage. Je vous conseille donc fortement de vous faire une idée par vous même, en découvrant sans plus tarder cette "Présence Pure".
Du même auteur : Geai, L'inespérée, La dame blanche, Isabelle Bruges, Les ruines du ciel, Carnet du soleil, L'homme-joie
Extraits :
J'aime appuyé ma main sur le tronc d'un arbre devant lequel je passe, non pour m'assurer de l'existence de l'arbre - dont je ne doute pas - mais de la mienne.
Il ne se reconnaît plus sur les photographies. Il n'y reconnaît pas non plus les siens. Quand on les lui nomme, il a les yeux brillants de joie, émerveillé de se découvrir des enfants comme s'ils venaient de naître.
Ce qu'il savait du monde et de lui-même est effacé par la maladie, comme une éponge sur un tableau. Le tableau est grand, il est impossible de l'essuyer en une seule fois, mais de nombreuses phrases ont déjà disparu.
La maladie d'Alzheimer enlève ce que l'éducation a mis dans la personne et fait remonter le cœur en surface.
Éditions Le temps qu'il fait - 66 pages
Commentaires
mercredi 19 septembre 2007 à 11h12
Encore un livre que je vais m'empresser de noter !!
mercredi 19 septembre 2007 à 14h43
Cela semble intéréssant mais dur.
jeudi 20 septembre 2007 à 09h17
Florinette : impatiente de savoir ce que tu en penses.
Generation Rose : non, étrangement ce livre n'est pas "dur", bien au contraire. La poésie et la douceur de Christian Bobin priment sur la dureté du sujet.
dimanche 23 septembre 2007 à 09h31
J'ai beaucoup aimé "Geai" qui est en effet particulier. Apparemment, C. Bobin a ce style dans tous ces livres. Je note celui-là même si tous les livres de cet auteur sont sur ma LAL!
mardi 25 septembre 2007 à 08h36
Bonjour Émeraude

désolée pour la réponse tardive, mais oui, tu as raison, Christian Bobin a un style très personnel et absolument enchanteur. J'espère que tu aimeras celui-ci. Je crois qu'il est un peu plus difficile à trouver que les autres, et j'ai la chance d'avoir une bibliothèque municipale bien achalandée.
dimanche 28 février 2010 à 00h22
Un super bouquin , difficile à comprendre mais qui nous fait changer certaines visions des choses .
vendredi 23 août 2013 à 19h00
C'est à travers une écriture toujours dépouillée d'artifices mais d'une grande justesse que Christian Bobin nous invite au voyage intérieur. Un pas vers la maladie mais surtout vers la vie qui s'épanouit derrière l'être atteint. Une présence apaisante, incarnée avec force par l'arbre de vie, symbole tendre et pur de l'immortalité. Un texte bouleversant aux mots résonnants qui nous entraîne et nous porte au-delà de la vie humaine, vers un monde de douceur et d'humanité...