Etaient présent à cette soirée, Olivier Adam, Marie Darrieussecq, Christophe Donner, Philippe Forest, Linda Lê, Michèle Lesbre, Eric Reinhardt, Olivia Rosenthal, Antoine Volodine, Cécile Wajsbrot, Zsuzsa Bank.

Voici un résumé de mes quelques notes et impressions sur cette soirée fort captivante.

C’est assez intéressant d’entendre un auteur lire ses écrits. Le souffle, l’intonation, le rythme mis dans cette lecture donne corps, une consistance encore plus forte au texte. Seul Christophe Donner n’a pas souhaité lire son propre texte et Zsuzsa Bank pour des raisons de traduction. Cette tâche a donc été confiée au comédien Jérôme Kircher. Il s’en est acquitté d’une fort belle manière. Une jolie voix !!

Je remarque déjà Eric Reinhart, très dandy. Il marche comme s’il flottait. Olivier Adam, très bronzé, donne l’impression qu’il vient juste de rentrer de vacances. Il a une présence que l’on remarque assez rapidement. D’accord, il s’agit d’un de mes chouchous !! ;-)

Dans le public, des personnes entre 30 et 70 ans. Cela discute, échange allègrement sur les dernières lectures faites. « Je viens de finir… pas mal …pas aussi bien que…il faut absolument que tu le lises… dès que je l’ai terminé, je te le passe.. ».

Premier passage : Eric Reinhart, Christophe Donner et Olivia Rosenthal.

Olivia Rosenthal – On n’est pas là pour disparaître (Verticales)
Sorte de biographie du médecin qui a découvert la maladie d’Alzheimer. Elle a travaillé sur un style très direct. Idée de raconter des faits, des états de fait. Alors que dans les autres livres, elle travaillait sur des détours, des idées. Selon elle, être direct, c’est dire des choses que l’on n’a pas l’habitude de dire. Arnaud Laporte relève un passage dans le livre sur les écrivains superstitieux. O.R, après bien de détours de réflexions avoue qu’elle l’est.

Christophe Donner - Un roi sans lendemain (Grasset)
Selon C. Donner, parfois on écrit des histoires qui arrivent. C’est ce qui m’arrive dit-il. Un roi sans lendemain est un livre sur Louis XVII, et l’écrivain qui en a marre de l’autofiction.
A écouter cet auteur, son livre me semble de plus en plus intéressant. Je l’ajoute derechef sur ma LAL.

Eric Reinhart - Cendrillon (Stock)
Il raconte que dans ce livre il veut parler de l’auteur (en général ? ), raconter l’impact des critiques littéraires sur les auteurs. « envie de parler de l’automne, de Cendrillon, sur moi ». Ses livres partent toujours de choses qu’il ressent très intimement. Une histoire assez narcissique et qu’est-ce que cela veut dire d’être là dans ce monde.
Je le trouve un tantinet dandy, précieux. Pas trop emballée à lire ce livre.

Deuxième passage : Olivier Adam, Antoine Volodine
Entrecoupés par les passages d’interview enregistrées ou des présentations par N. Crom des écrits d’autres auteurs étrangers.

Joseph O’Connor – Rédemption Falls (Phébus) est un livre qui fait semblant de traiter de la guerre de sécession mais qui parle du XXIème siècle.

Norman Rush – De simples mortels (Fayard). Auteure américaine âgée de 74 ans. Un écrivain très romanesque, humaniste sans sentimentalisme. Ses trois romans ont été très remarqués.

Joan Didion – L’année de la pensée magique (Grasset) où l’auteur revient sur le décès de l’homme qui a accompagné sa vie. Un écrit presque clinique de cette absence.

Daniel Mendelson – Les disparus (Flammarion) où l’on parle de l’holocauste.

Horacio Castellanos Moya – Le bal des vipères (Les allusifs) par la voix de son éditrice, Christine Bouchard. C’est un auteur du Honduras que l’on tout de suite envie de lire tant elle en parle avec passion. Dommage que la couverture soit si moche.

Olivier Adam – A l’abri de rien (L’Olivier)
Une lecture de son texte sur un rythme rapide comme des pensées jetées en vrac. C’est tout de suite vivant. On est immédiatement plongé dans la situation. Premier contact avec Marie, l’héroïne. Elle se trouve confrontée à une réalité sociale, le Nord de la France et la fermeture du centre de Sangatte. Narration à la première personne car l’auteur dit qu’il a besoin d’être dans la voix de son personnage. Le je s’impose.

Marie était déjà présente dans A l’ouest et aussi dans Falaises où l’auteur la suicide. Marie est enfin au centre du roman dans A l’abri de rien.
A la question de A. Laporte qui lui demande s’il se considère comme un auteur social, O. Adam de répondre qu’il ne sait pas. Il parle plus des personnes qui vivent, qui sont au cœur même de la société française.
Cet auteur me plait de plus en plus. Il n’est pas membre de mon Club des chouchous pour rien. Son ouvrage à la main, je vais trouver je ne sais où le courage d’aller lui parler à la fin de l’émission. Je ne sais si cela l’a touché mais cela a été un moment très fort pour moi.

Antoine Volodine – Songes de Mevlido (Le Seuil)
Déjà 17 livres à son actif où plusieurs personnages parlent après des catastrophes de l’humanité, du XXIème siècle, des génocides dans un temps et des lieux décalés. Il met en lumière les échecs passés et présents. Lecture hachée, syncopée. J’avoue avoir décroché.

Troisième passage : Marie Darrieussecq, Linda Lê, Philippe Forest.

Marie Darrieussecq – Tom est mort (Pol)
Choix des journalistes de ne pas revenir sur la polémique qui l’oppose à Camille Laurens. Elle semble assez sereine et bien droite dans ses bottes sur cette étrange affaire.
Elle décrit son ouvrage comme d’un livre sur le langage et le deuil. La façon dont la narratrice cerne l’absence. Clichés, les moyens utilisés pour se protéger contre le scandale du décès d’un enfant. Rare livre sans fantômes alors qu’ils sont souvent présents dans ses autres ouvrages. L’auteure s’est interdit toute fioriture. Faire revenir l’enfant en fantôme aurait été consolant. Mais l’enfant ne revient pas.

Philippe Forest – Le nouvel amour (Gallimard)
Il s’agit du quatrième roman de l’auteur. Une voix grave, profonde qui revient sur la fin d’un amour et parle du tout nouvel. Pour lui, l’écriture n’est pas une consolation. Ce texte me semble assez mélancolique.

Linda Lê – In memorian (Bourgeois)
J’ai trouvé l’auteure très renfermée, hermétique, quasi-muette. Même la lecture de son extrait ne m’a pas convaincue à la lire. J’espère pour ses lecteurs qu’elle est plus loquace dans ses ouvrages. Etrange impression.

Sergi Pamies – Le dernier livre de Sergi Pamies (Jacqueline Chambon)
Nouvelliste ayant tendance à l’autofiction, parodie emplie de beaucoup de tendresse. Tels sont les mots utilisés par Jacqueline Chambon pour parler de cet auteur.

Quatrième passage : Michèle Lesbre, Cécile Wajsbrot, Zsuzsa Bank

Michèle Lesbre – Le canapé rouge (Sabine Wespiesser)
Une lecture qui donne envie de découvrir l’histoire de ces femmes, cet aller-retour dans l’espace, dans le temps. J’ai pu échanger quelques mots avec M. Lesbre à la fin de l’émission. Elle a été très aimable, à l’écoute.

Cécile Wajsbrot – Conversations avec le maître (Denoël)
Ici, l’auteure se pose la question de comment l’art est reçu et ce dans tous les domaines de l’art. Sa réception par l’artiste, par l’auditeur ou le lecteur… etc. La musique d’abord qui est un art enviable pour un écrivain car il permet d’évoquer, de faire ressentir des choses sans les dires. Alors que les écrivains sont obliger de trouver des mots. Je note ce titre sur ma liste.

Zsuzsa Bank – L’été le plus chaud (Bourgois)
Seul écrivain étranger présent à cette soirée. Il est assez amusant de voir que la traductrice, Elisabeth Maucors parle et bouge les mains comme l’auteure qu’elle traduit, prise par le même élan. Car Zsuzsa Bank est très volubile, passionnée, passionnante. Un vrai régal à l’écouter (même en allemand). De plus, la couverture de son roman me plait beaucoup esthétiquement. Un très beau paysage de neige. Une de ces couvertures qui font que l’on achète le livre presque sans réfléchir. Dans cet ouvrage, l’auteure nous parle de la force du presque rien. Tout un mystère. Et forcément ajouté à la liste.

Voilà comment j’ai passé une très bonne soirée en compagnie d’auteurs et de livres. Je suis rentrée chez moi ravie et avec une liste de livres à lire un peu plus longue encore. C’était inévitable. ;-)

Dédale