Le narrateur a 16 ans et il est en première. Plutôt timide et rêveur, il est l'archétype du lycéen que personne ne remarque.
Mais voilà que le nouveau proviseur décrète que l'établissement, avant d'être un lieu de vie, est un espace de travail. Il prend donc les mesure qui s'imposent et interdit notamment tout geste d'affection dans l'enceinte du lycée.
Notre jeune narrateur, choqué par une telle décision, décide alors de sortir de sa réserve.

C'est une très très court roman (à peine 77 pages écrites en gros caractères). C'est donc plutôt dubitative que j'ai entamé ma lecture : comment, en si peu de pages, rendre une histoire suffisamment dense? Comment-lui donner l'épaisseur narrative qui lui permettra de dépasser la simple anecdote?
En plus, très rapidement, le flot syncopé des pensées du narrateur m'a gênée. Il pose les faits, évite les enrobages, va à l'essentiel. Difficile dans ses conditions pour le lecteur de trouver sa place. D'ailleurs, notre lycéen le dit lui-même :" C'était "trop bizarre" d'être en ma compagnie, apparemment. C'était comme si je n'étais pas là - absent de la relation."
Soit. Je me faisais donc à l'idée que pour une fois, un roman de Jean-Philippe Blondel ne me séduirait pas.

Sauf que...

Sauf que tout à coup, l'émotion est là. Violente, douce, envahissante, maladroite. Un peu comme l'adolescence justement.
J'ai dévoré les dernières pages en quelques minutes, suspendue aux lèvres de notre narrateur. Et moi, qui pensais qu'un roman si court se cantonnerait à de l'anecdotique, je suis bien obligée de reconnaître à quel point je me suis trompée.

Bien sûr, ce livre s'adresse avant tout aux adolescents.
Bien sûr, certains adultes trouveront l'histoire un peu facile et attendue, ce que je peux facilement entendre.
Et pourtant, si vous écoutez la part d'adolescence qui se terre au fond de vous, vous comprendrez pourquoi ce livre leur est destiné.

Du même auteur :

6h41
Et rester vivant
G229
Accès direct à la plage

1979
Juke Boxe
Un minuscule inventaire
Passage du gué (Prix Biblioblog 2007)
This is not a love song
À contretemps
Le Baby-Sitter
Au rebond

Voir aussi l'interview de Jean-Philippe Blondel pour le Biblioblog

Laurence

Extrait :

Je n'ai jamais compris l'opposition entre la vie et le boulot.
On nous les présente comme antinomiques, partout - et je ne vois pas pourquoi. Les quelques amis qu'ont mes parents sont des collègues à eux. La plupart des couples se sont rencontrés sur leur lieu de travail. Le travail c'est la vie, la vie c'est du travail. L'amour, ça se travaille. L'amitié aussi. Le travail, c'est avant tout du lien, non?

couverture
Éditions Actes-Sud - 77 pages