Ne connaissant rien de cet auteur, c’était l’aventure totale.

Tout d’abord l’histoire. Le héros, Théo Vilmos, est musicien, un peu loser aussi. Pour arranger les choses, sa vie s’écroule. Sa compagne perd leur enfant, le plaque dans la foulée. Hébergé par sa mère, il apprend qu’elle se meurt d’un cancer. Après ces pertes, il va s’isoler un peu plus dans un coin de forêt au-dessus de San-Francisco. Il a vraiment des motifs de déprimer. Faut admettre !

Mais là sa vie va brutalement s’accélérer. Un soir, une fey… pardon une sprite pas commode, répondant au nom de Trognon d’Pomme (et ne l’appelez pas Fée Clochette où elle va se mettre en rogne !!! ) apparaît dans sa cuisine et le tire in extrémiste des pattes immondes d’une « chose » puante, véritable cadavre ambulant, sortie de nulle part.

Théo bascule dans un autre monde. Il arrive avec son petit guide ailé au pays des feys, à Faïrie.

Mais en ce doux pays, rien n’est rose. Ce monde peuplé d’ogres, férishers, sprites, nymphes et même des dragons (forcément ! ) et autres êtres étranges (bien catalogués mais étrangement pas si bien décrits que j’en suis restée à les imager moi-même. Bref !) est au bord d’une nouvelle guerre. L’arrivée de Théo ne va rien arranger entre les clans des sept grandes familles dirigeantes. Toutes ont un intérêt particulier à avoir Théo dans son camp. Chacune de ces familles porte un nom fleur : Hellébore, Stramoine, Primevère, Violette, Campanule…etc. Mais le bouquet n’est pas si joli à voir tant la lutte pour le pouvoir est rude.

Pour vous avouer, j’ai commencé cette note bien avant la fin ma lecture. J’avais hâte de passer à autre chose. Parce que cette histoire est longue, longue comme un jour sans pain. Il semble que Tad Williams soit un écrivain habitué à sortir des pavés. Abandonnez tout de suite l’idée de lire ce livre dans les transports. Vous pouvez à la rigueur vous en servir pour vos exercices de musculation. Ce serait plus profitable. Il ne sait pas faire court. Il devrait apprendre parce que tous ses lecteurs n’ont pas forcément la capacité à sauter des pages pour avancer plus vite.

Le héros et les autres personnages qui l’aident à s’en sortir – vont le porter littéralement tant il est geignard, pas débrouillard pour deux sous. Un vrai boulet !! bref ! - vont traverser moult aventures toutes plus dangereuses les unes que les autres. Il va découvrir que même en pays fey, il y a la lutte des classes, le racisme, que le progrès scientifique ne rime pas forcément avec progrès social et respect de l’environnement, surpopulation…etc, etc.

La cerise sur le gâteau, c’est la note de l’auteur où il prévient d’avance qu’il a écrit ce texte avant les évènements du 11 septembre…. Peut être un lien avec l’attaque des dragons sur les tours de la Cité des feys. Autant manger la cerise avant pour la faire passer au mieux. Le fin du fin !!!

Allez, tout de même une petite note positive. Finalement, mon personnage préféré dans cette histoire est Trognon d’Pomme. Cette petite sprite n’a pas froid aux yeux, est pleine de bon sens et ne s’en laisse pas compter par qui que ce soit. L’auteur devait bien l’apprécier aussi car il lui a attribué de très belles répliques pleines d’humour. C’est très vert parfois, mais cela allège un peu le pavé.

Voilà, fin de l’aventure. Tout le monde descend soulagé. Mais quelle aventure !! Cela faisait bien longtemps, une éternité que je ne m’étais pas ennuyée à ce point sur un livre.

Vite, vite un autre livre pour faire passer tout cela.

Dédale

Extrait :

Il se sentait mal parce qu’il avait horreur d’être incompris. Mais ce n’était pas tout. Il appréciait vraiment Poppy Stramoine. Au milieu de tout ce qui était arrivé, ces quelques heures de flirt innocent, la compagnie joyeuse d’une jeune femme attirante et affectueuse, avaient été charmantes. Elle avait quelque chose, une insouciance désabusée, qu’il avait trouvée fascinante.
- Qu’est-ce que j’ai fait de mal ?
Trognon d’Pomme, qui faisait de son mieux pour trouver le bon arrêt de bus, l’ignora jusqu’à ce qu’il repose la question.
- Comment ça, de mal ?
- Je ne lui ai pas menti. Je ne lui ai rien promis !
- On n’a pas vraiment le temps d’en parler pour le moment, Vilmos. Et tu ne veux sans doute pas entendre ce que j’aurai à te répondre, de toute façon.
- Mais je ne comprends pas. J’ai fait très attention…
La sprite se laissa tomber sur son épaule, le saisit par l’oreille et se pencha devant son visage.
- Par les Arbres, Bonhomme, tu as déjà eu une petite amie ?
- Qu’est-ce que tu veux dire ? Plein.
- Alors tu as dû faire beaucoup d’efforts pour ne rien comprendre sur les femmes. C’est pour ça que tu en as eu tellement ? C’était plus facile de les quitter quand tu commençais à les comprendre ?
Elle soupira et s’assit. Théo gémit.
- Ma vie était déjà assez nulle sans qu’une fée grande comme un jouet pour chien me fasse un cours sur les relations amoureuses. Elle ne répondit pas tout de suite. Elle ne bougea même pas. Quand elle parla, alors qu’elle avait la tête tout près de son oreille, il l’entendit à peine par-dessus le bruit de la circulation.
- Je vais te laisser une chance de t’excuser.
- Quoi ?
- Tu m’as bien entendue.
- Qu’est-ce que j’ai dit ? Pardon.

couverture
Éditions Fleuve noir – 685 pages