Waylander est un assassin. Il ne l’a pas toujours été, mais il l’est devenu par besoin, pour survivre, pour se protéger du monde avant que le monde ne l’étouffe. Sa vision des choses et des gens qui l’entourent change lorsqu’il sauve Dardalion de la mort.
Dardalion, un prêtre de la Source, un homme fondamentalement bon qui va apprendre à se battre au contact de Waylander, qui va remettre en cause tout ce en quoi il a toujours cru, jusqu’au fondement même de sa foi et de son pouvoir.
Pour Karnak et Egel, les généraux Drenaï, la bataille est perdue si une levée massive de troupes ne se fait pas. La forteresse de Dros Purdol est assiégée et menace de se rendre. Karnak parvient à pénétrer dans la place forte avec une poignée d’hommes pour l’empêcher de se rendre. Il lui faut tenir une dizaine de jours de plus. Le temps que l’Armure arrive.
L’Armure de Bronze, l’armure légendaire du roi, est cachée dans les Montagnes, loin au nord du Pays Drenaï, au cœur du Pays Nadir, des barbares assoiffés de sang. Un seul homme peut espérer pouvoir s’y rendre et en revenir vivant : Waylander. Sa mission est simple. Traverser un pays en guerre, pénétrer dans un pays ennemi, violer un de ses lieux de culte pour en ramener l’Armure et éventuellement en revenir vivant…
L’histoire est simple, le rythme effréné, le résultat efficace. L’auteur nous entraîne à sa suite dans une course poursuite dont l’issue ne fait aucun doute. Gemmell se plaît à mettre ses héros dans des situations inextricables dont la mort semble être le seul moyen de sortir.
La grande force de ce récit est la personnalité de Waylander. Un homme avec un lourd passé qui n’a trouvé, comme seule réaction, que la vengeance et la violence. D’ailleurs, il y excelle…
Le roman n’est cependant pas dénué de finesse. Bien sûr ce qui est mis en avant est la lutte des hommes pour leur liberté et leur combat pour une cause qu’ils croient juste. Mais il est également question d’amour, d’honneur, de repentance, d’évolution et d’éthique.
Un de mes personnages préférés est Dardalion, le prêtre de la Source dont le choix de suivre Waylander va complètement chambouler sa vie, ses valeurs et remettre en question tout ce qu’il défendait jusqu’alors. Un homme épris de doute, qui avance malgré tout, ne sachant au final s’il agit dans le bon sens mais persuadé d’être guidé pour le bien commun. D’ailleurs, les questions soulevées touchent également nos valeurs actuelles, d’un côté éthique et moral.
Gemmell, qui nous a quitté l’an passé, ouvre par ce roman son grand cycle de fantasy, le Cycle de Drenaï. La particularité de ce cycle est que chaque roman est un tout qui peut être lu séparément des autres, mais s’inscrit malgré tout dans une logique chronologique vis-à-vis du monde créé. Ainsi, ce roman décrit la fondation des Trente, l’ordre des moines guerriers, l’arrivée du premier Comte de Bronze et l’édification de Dros Delnoch, théâtre des événements décrits dans Légende.
Je crois que le plus amusant est la note de l’auteur en ouverture du roman. Il décrit le pourquoi de cette intrigue. A l’époque où il rédige le roman, il est rédacteur en chef d’un journal en train de péricliter. Les ventes s’effondrent et un concurrent s’installe, menaçant de faire fermer le journal. Le concurrent appartient au groupe KM Group… L’idée est alors venu à Gemmell en mal d’inspiration de décrire dans un roman de fantasy le conflit qui opposait les deux journaux afin de s’amuser, tout d’abord, et de remonter le moral de ses troupes…
L’ennemi, tout simplement, s’appelait Kaem et les héros du livre sont les gens qui travaillent pour Gemmell. Il a réussi à intégrer tous ses collaborateurs dans les différents personnages (il ne précise cependant pas qui est l’incarnation de Waylander).
Comme quoi, les auteurs puisent leur inspiration vraiment partout !
Du même auteur : Légende, Le seigneur de l'Arc d'Argent, Le bouclier du tonnerre
Par Cœur de chene
Extrait :
« Waylander était furieux, ce qui le surprit. Il se sentait mal à l’aise et, aussi ridicule que ce fût, il en voulait à quelqu’un. Il mena son cheval jusqu’à une colline boisée et mit pied à terre. Mais comment en vouloir à la vérité ? se demanda-t-il.
Et pourtant, cela lui faisait mal de se savoir mis dans le même panier que des mercenaires capables de violer, de piller et de rançonner des innocents. Malgré son immense réputation de porteur de mort, il n’avait jamais tué de femmes ni d’enfants. Il n’avait jamais violé, non plus, ni même humilié quiconque. Alors pourquoi cette femme lui donnait-elle l’impression d’être souillé ? Pourquoi se voyait-il à présent entouré d’une aura noire ?
Le prêtre.
Ce maudit prêtre.
Waylander avait vécu ces vingt dernières années dans l’ombre, mais Dardalion était comme une lanterne illuminant les recoins les plus sombres de son âme.
Il s’assit sur l’herbe. La nuit était fraîche et dégagée, l’air était doux.
Vingt ans. Disparus d’un coup de sa mémoire. Vingt ans sans colère que Waylander avait passé accroché à l’ingrat rocher de la vie, comme une sangsue.
Et maintenant ?
-Tu vas mourir, crétin, dit-il à haute voix. Le prêtre va te tuer avec sa pureté.
Etait-ce bien cela ? Etait-ce donc là le sort qu’il avait tellement craint ?
Pendant vingt ans, Waylander avais chevauché sans relâche dans les montagnes et à travers les plaines des nations civilisées, les Steppes et les confins du pays nadir et de ses sauvages, ainsi que les lointains déserts des nomades. Durant tout ce temps, il ne s’était jamais permis d’avoir un ami. Personne ne l’avait jamais touché. Il avait été comme une forteresse mobile, avec des murs épais, impénétrables. Waylander avait hanté la vie aussi seul qu’on pouvait l’être.
Pourquoi avait-il sauvé le prêtre ? La question le tourmentait. Sa forteresse venait de s’écrouler et ses défenses s’effritaient comme du parchemin mouillé.
Son instinct lui soufflait de grimper en selle et de quitter ce petit groupe – et il avait l’habitude d’écouter son instinct, car il était aiguisé par le danger lié à sa profession. Mobilité et vitesse, voilà ce qui l’avait maintenu en vie ; il pouvait tuer aussi vite qu’un serpent et être loin avant l’aube.
Waylander l’Assassin, un prince parmi les assassins. Si un jour on le capturait, ce serait seulement dû à la chance, car il n’avait pas de maison – seulement une liste de contacts qui prenaient des contrats pour lui fans une douzaine de villes. Il leur apparaissait au moment où les ténèbres étaient les plus épaisses, leur demandait le contrat et son règlement puis disparaissait avant que le soleil se lève. Toujours pourchassé, toujours haï, l’Assassin ne se déplaçait que parmi les ombres. Un fantôme dans l’obscurité.
A cet instant précis, il savait que ses poursuivants n’étaient pas loin.
Aujourd’hui plus que jamais, il devait fuir vers les territoires sauvages ou peut-être même s’embarquer au-delà des mers, pour la Ventria ou les royaumes orientaux.
-Imbécile, murmura-t-il. Est-ce que tu veux mourir ?
Et pourtant, le prêtre le tenait avec ce sort qu’il n’avait pas lancé.
-Tu as cloué les ailes de l’aigle, Dardalion, dit-il doucement.
Éditions Bragelonne - 358 pages
Commentaires
mardi 30 décembre 2008 à 16h30
c le meilleur livre qui ne m'est jamais arriver de lire , j'ai commencer le deux , rien que le debut me donne l'impréssion qu'il est exelent