Personne aujourd'hui, ne penserait à remettre en question le talent de ces auteurs du 19ème. Pourtant, on entend souvent les lecteurs se plaindre des descriptions sans fin de Victor Hugo, de la précision maladive d'Émile Zola ou de l'invraisemblance des récits de Guy de Maupassant. Alors imaginons quelques secondes, que personne ne connaisse leur existence, qu'ils soient nés un siècle plus tard...
Mary Dollinger raconte son parcours du combattant dans les méandres de l'édition française. Entre chaque épisode, elle invite un des auteurs sus-nommé dans le bureau d'un éditeur actuel. Et il faut bien le dire, aucun ne ressortira de ces bureaux avec un contrat signé.
Avec beaucoup d'humour, Mary Dollinger dissèque l'écriture de ces écrivains talentueux et démontre les aberrations du système : à force de chercher à publier des best-sellers, des histoires faciles à digérer pour des lecteurs de moins en moins exigeants, les maisons d'éditions prennent le risque de passer à côté de plumes exceptionnelles.
C'est un court roman clin d'oeil : On ne peut s'empêcher de sourire en reconnaissant tel ou tel auteur et en découvrant les critiques que lui adresse l'éditeur. Évidemment, si vous n'avez jamais lu les romans du 19ème, cette lecture perdra beaucoup de son charme. Mais dans le cas contraire, vous passerez un moment très agréable.
Du même auteur : Au secours Mrs Dalloway !, Et le bébé était cuit à point
Voir aussi L'interview de Mary Dollinger
Extrait :
Madame,
J'ai lu avec intérêt votre manuscrit "La Mare au Diable". En dépit des nombreuses qualités de votre texte, in ne m'est pas possible d'envisager sa publication, celui-ci étant trop éloigné de la ligne éditoriale que je souhaite adopter. En plus, cette histoire d'une idylle, pour le moins rustique, semble à contre courant de ce que le public demande actuellement. Les coutumes de votre Berry natal, que vous décrivez avec force détails, nuisent également au rythme du récit qu'elles plombent aussi sûrement que le cercueil de la première femme de Germain.
En vous souhaitant meilleure chance auprès d'autres éditeurs, croyez, Madame....
Éditions Jacques André - 75 pages
Commentaires
mercredi 28 novembre 2007 à 08h15
Tiens tiens... je suis sûre que cet ouvrage va me plaire...Je note
mercredi 28 novembre 2007 à 10h44
Tiens, ça c'est pour le lot de tous les primoromanciers à la recherche d'un éditeur
mercredi 28 novembre 2007 à 17h20
Je suis bien curieuse de lire ce que cet éditeur pense de mon Zola préféré
mercredi 28 novembre 2007 à 19h13
En effet, le thème de ce livre est rigolo ! C'est sûr qu'aujourd'hui, un roman qui ne parle ni de sexe ni de drogue a sûrement plus de difficultés à être publié.
vendredi 30 novembre 2007 à 09h45
C'est le livre idéal pour tout primo-romancier dont je fais partie ! Trouver un éditeur pour un livre de poésimages pour les tout petits est un vrai parcours du combattant, je me suis donc bien projetée dans le livre de Mary Dollinger qui est un vrai baume pour le moral des auteurs en attente de publication ! Et ses références à nos auteurs du XIXème sont un vrai plaisir.
Chaleureusement
dimanche 2 décembre 2007 à 08h52
Claudune : Tu nous diras si tu as aimé?



Jo Ann v. : oui, c'est tout à fait ça. Quand on se dit qu'aujourrd'hui, Musset ou Balzac ne trouveraient pas d'éditeurs, on peut relativiser plus facilement.
Dda : Le chapitre sur Zola est savoureux. L'éditeur passe au crible "Au bonheur des dames", et ce pauvre Émile Zola blêmit sous les observations...
Céline : oui, c'est sûr !
Le chemin du bonheur : merci d'avoir apporté ton témoignage.
dimanche 2 décembre 2007 à 09h38
Ahhh, "Au bonheur des dames" écorché ???? Mon chouchou dans les Zola. Je vais lui faire sa fête à l'éditeur !!
Faut vraiment que je lise ce livre. Je note.
Merci Laurence
dimanche 2 décembre 2007 à 12h05
Le sujet me tente bien aussi, même si je ne suis pas férue des auteurs sus-mentionnés
(quoique 'au bonheur des dames' est un des rares dans le genre que j'ai vraiment aimé!) Alors je note !
dimanche 16 décembre 2007 à 00h50
J'adore ce bouquin. absolument desesperant. Quid d'un Nabe ou d'un Morel De Sarcus ? Mais nous avons Florian Zeller et l'ex de Bruel... Que foutent les petits editeurs ? Une fan de lecture, desesperee.
jeudi 2 avril 2009 à 13h34
d'accord avec toi pour le bon moment agréable. j'ai lu ce livre avec le sourire, du début à la fin. Je l'ai enfin lu... depuis le temps que je lisais des posts dessus!!