Dans la première partie, Laurent Graff déroule une journée ordinaire, du "café du matin au comptoir" à "la rasade après l'amour", et explore toutes les occasions où la boisson, quel qu'elle soit, joue un rôle mineur ou majeur : l'aspirine après une soirée trop arrosée, justement, la tasse d'eau de mer etc...

Laurent Graff use et abuse du "on" pour impliquer son lecteur. "On" peut effectivement avoir l'impression que l'auteur s'est imiscé dans notre quotidien, mais l'implication s'arrête là puisque la succession des courts chapitres relève plus du constat froid et impersonnel que de d'une narration classique.

La seconde partie propose un revirement de situation.
Et si notre réveil ne sonnait pas? Si nous ration notre train, et que, de fait, nous prolongions notre halte au café de la gare?
Trois variations sur le même thème, une "tentation romanesque" comme Laurent Graff le définit lui-même. Achille, Ambroise et Arsène (A.A.A. pour Association des Alcoliques Anonymes?). Trois façons de faire face au grain de sable dans un rouage bien huilé.

Mais une fois de plus, Laurent Graff nous présente un univers désenchanté au pessimisme gluant. Comme pour son ouvrage "La vie sur Mars", je n'ai pas réussi à entrer dans cette noirceur. Une fois encore, je suis restée sur le bas-côté.

Également sur le site, notre interview de Laurent Graff.
Du même auteur : Il ne vous reste qu’une seule photo à prendre, Le cri, La vie sur mars, Les jours heureux, Voyages, voyage, Selon toute vraisemblance

Laurence

Extrait :

On l'emporte dans son sac. C'est une bouteille de cinquante centilitre parce qu'un litre et demi ça ne passe pas. Ou si ça passe quand même ça se voit. Or, on ne ressemble pas à une midinette au régime. On a beau boire son demi-litre d'eau minérale par jour on est gros. De plus en plus. On n'élimine pas. D'abord le ventre qui s'entoure d'une ceinture, rien de dramatique ou d'irréversible, on se dit qu'on pourra toujours, à n'importe quel moment, quand on le décidera, retrouver un ventre plat. Mais on ne le décide pas. Puis le menton qui commence à doubler, à avoir son pendant. Là, c'est plus grave. On se regarde dans la glace avec un air sévère, on se tire dessus, de face, de profil, on relève la tête pour tendre la peau. On baisse les yeux et on pense à autre chose. De toute façon on est marié.

couverture
Éditions Le Dilettante - 154 pages