Son enquête va l'emmener jusqu'aux Indes, où se déroule chaque année un festival des épices. Elle rencontrera un Brestois qui lui contera l'origine de cette étrange manifestation, puis elle gravira la montagne pour retrouver les accents fugitifs.
Quand ce troisième volet de grammaire-fiction est sorti au mois de juin dernier, je pestais tout ce que je savais de ne pouvoir me l'offrir. En fait, j'aurai pu faire les frais de cette acquisition, mais j'ai hésité à dépenser 13 €uros pour une heure de lecture dont je n'étais pas sûre qu'elle me satisfasse... J'ai donc attendu que l'ouvrage soit disponible à la bibliothèque. De fait, c'est avec une certaine fébrilité que je l'empruntai lors de mon dernier passage à la bibliothèque de ma ville. Une fois ma lecture achevée, je me suis finalement félicitée d'avoir fait preuve de patience...
Quelle déception !
Autant j'avais été séduite par les deux premières aventures de Jeanne, autant celle-ci m'a laissée sur ma faim. Ce que j'aimais dans les deux précédents romans est devenu ici presque anecdotique. Je m'explique : tout l'intérêt, à mon sens, de cette entreprise, est de raconter de façon imagée la raison d'être de la grammaire française, ce qu'Érik Orsenna a parfaitement réussi dans La grammaire est une chanson douce et Les chevaliers du Subjonctif. J'ai encore en mémoire ce village de mots où l'on pouvait entrer dans des magasins d'adjectifs et où les noms étaient précédés de leur "valets" les articles.
Je pensais donc trouvé ici des explications ludiques et pertinente sur l'importance des accents dans la langue française. Peut-être l'explication de ce "^" qui marque la disparition d'un "s" comme dans "hôpital", ou d'autres choses que je ne soupçonne pas. Malheureusement, il faut bien avouer qu'ici les accents ne sont qu'un prétexte narratif, un lien plus ou moins artificiel avec les épisodes précédents. Érik Orsenna se contente de dresser simple constat de l'importance des accents, sans aller plus loin dans l'analyse.
Ce qui est au centre de l'intrigue, c'est notre Jeanne, et une histoire d'amour bluette. Un joli conte pour enfants, mais rien de plus.
Je sais que mon avis peut paraître sévère, et je suis bien consciente également que je ne suis pas la cible de cette historiette. Mais il me semble que dans les deux précédents romans, l'auteur avait réussi à concilier littérature enfantine et ouvrage didactique. Je me sers d'ailleurs régulièrement de La grammaire est une chanson douce pour expliquer à certains de mes élèves des concepts qui leur paraissent flous. Ce que je ne ferai pas avec ce dernier épisode.
Lire aussi l'avis plus enthousiaste de Arsenik_
Du même auteur : La grammaire est une chanson douce, Les chevaliers du Subjonctif, Dernières nouvelles des oiseaux, Voyage au pays du coton et L'avenir de l'eau, Longtemps
Extrait :
Le vacarme venait du coffre à cartes marines. Un rat, une horloge qui part en vrille, des engrenages devenus fous? Courageusement, j'ai plongé la main. J'ai aperçu une machine à écrire. Une machine à l'ancienne. Un gros cube noir creusé au centre, des touches rondes et blanches. Je me suis reculée, juste à temps pour ne pas les recevoir en plein visage.
J'ai d'abord cru à des insectes, du genre libellule, en plus long, plus pointu, plus rigide. Elles se sont mises à voler, à toute vitesse, dans la pièce ronde. Elles se heurtaient à la lanterne. Elles devenaient dangereuses. Oscar grognait de peur. Évidemment elle voulaient sortir. J'ai ouvert une fenêtre. Elles se sont échappées. Elles n'ont pas hésité longtemps. Ont piqué vers l'Ouest, vers l'Inde. Comme si elles me montraient le chemin.
Qui étaient-elles?
Je l'ai compris peu après, en revenant vers la machine à écrire. Il y avait des trous dans le clavier. À l'évidence, des touches manquaient. Je n'ai pas eu de mal à deviner lesquelles : la touche du à, la touche du è, celle du é, celle du ù...
Toutes les touches qui comportaient un accent. Aucun doute : elles avaient rejoint la jonque.
Éditions Stock - 136 pages
Commentaires
jeudi 13 décembre 2007 à 14h28
J'avais beaucoup aimé la grammaire est une chanson douce, un peu moins les chevaliers du subjonctif et j'attendais la sortie en poche du 3è, hésitant comme toi... Eh bien avec cet avis, je pense que même en poche je ne l'achèterai pas. Mais je l'emprunterai avec plaisir, ça éveille quand même ma curiosité !
dimanche 16 décembre 2007 à 10h20
Emeraude : Oui, je suis assez d'accord avec toi. Il y a des livres comme ça que l'on ne peut s'empêcher de lire même si l'on sait qu'ils ne répondront pas vraiment à nos attentes.