Gilles Leroy nous propose une version totalement romancée de la vie de Zelda, épouse de F. Scott Fitzgerald.
Tout commence en Alabama en 1919; Zelda est la fille d'un juge et petite fille de gouverneur. Elle est belle, très belle, et fait tourner la tête de bien des prétendants. Mais Zelda n'est pas un oiseau que l'on peut mettre en cage si facilement. Sa soif de liberté et de provocation choque bien souvent les bonnes âmes du coin.
Et puis, un soir de bal, elle rencontre un officier, prénommé F. Scott, qu'elle pressent déjà être un grand écrivain. Il est surtout l'occasion pour elle de quitter l'Alabama et de vivre dans la lumière.
Mais très rapidement, les relations du couple vont se détériorer...
Alabama Song est donc le récit de cette femme insoumise, passionnée et libre.
L'écriture de Gilles Leroy est extrêmement élégante, raffinée, et subtile. Il dépeint avec délicatesse le portrait de cette femme qui a passé sa vie à courir après des chimères et qui se demandera sans cesse si elle a réellement connu l'amour.
La narration fait des allers et retours permanents entre la vie fastueuse de Zelda et ses internements psychiatriques. Gilles Leroy a ici décidé de laisser un certain flou sur les raisons de ces hospitalisations : était-elle réellement folle, ou F. Scott a-t-il profité de son statut pour se "débarrasser" d'une épouse devenue trop encombrante.
Cette vision de la femme d'artiste maudite, m'a bien évidemment fait penser à un autre couple très célèbre, les Claudel. Comme Camille, Zelda accuse son mari de la "vampiriser", de lui voler ses idées.
Sous la plume de Gilles Leroy, Zelda devient une femme-maîtresse, forte et déterminée, qui refuse de s'embarrasser des convenances.
Et pourtant, malgré toutes les qualités de ce récit, il m'a manqué un petit quelque chose, un "trois fois rien" pour que ce roman me captive pleinement. J'ai passé un très agréable moment en compagnie de Zelda, mais ce ne sera définitivement pas un "coup de coeur". Je ne saurais l'expliquer rationnellement, d'autant plus, que comme je le disais en début de billet, l'écriture de Gilles Leroy est vraiment très belle. Il y a des alchimies qui parfois ne se font pas....
Voir aussi les avis de Bernard et Émeraude
Extrait :
Parfois l'excitation était si grande, elle bondissait dans mes veines, et je sentais les joues me cuire par un afflux de sang et de vie et de peur souterraine. Je valais quelque chose. Le coeur tambourinait à se rompre. La joie serait-elle douloureuse? Quand je suis heureuse - si seulement il m'arrivait de l'être encore - ça fourmille dans mes jambes, j'avale trop d'air, j'étouffe, mes yeux se voilent, il faut se rendre et rideaux ! Je tombe.
J'aurais voulu vous le dire, docteur, mais je garde un peu de moi pour moi.
Éditions Mercure de France - 189 pages
Commentaires
jeudi 27 décembre 2007 à 18h52
Le titre sonne joliment à l'oreille...pouratnt le sujet m'emballe moyennement...enfin comme ma maman l'a eu en cadeau à Noël, je lui emprunterai peut-être, je ne sais pas. Mais histoire de lire un livre paru en 2007, pourquoi pas !
jeudi 27 décembre 2007 à 19h37
Je suis contente qu'il t'ait plu !
vendredi 28 décembre 2007 à 10h06
Google : pour moi "Alabama song" restera une très belle chanson des Doors

Flo : oui, je l'ai bien aimé, mais comme je le disais, il m'a pourtant manqué un petit quelque chose... étrange sensation...
vendredi 28 décembre 2007 à 10h14
Je crois que je suis d'accord avec toi. J'ai passé un bon moment en le lisant mais je ne serai pas allé jusqu'à dire que c'était si excellent que ça. J'ai même eu beaucoup de mal à écrire mon billet !
vendredi 28 décembre 2007 à 11h17
Émeraude : oh ! je n'avais pas vu que tu avais fait un billet dessus ! Je me sers de l'outil de recherche de Camille et ne t'y ai pas vu. J'ai corrigé l'oubli et ai mis ton billet en lien.
samedi 29 décembre 2007 à 20h17
Malheureusement, je n'ai pas du tout rencontré ce livre. Je l'ai laissé au bout de 50 pages...
samedi 29 décembre 2007 à 20h43
J'ai lu ce livre en novembre et j'avais beaucoup apprécié le moment de lecture. Est-ce qu'il va laisser un souvenir impérissable, je ne crois pas. Mais j'ai relu "Gatsby" avec plaisir suite à cette lecture!
dimanche 30 décembre 2007 à 09h08
Stéphanie : oui, je crois que je peux comprendre.
Karine : je pense effectivement qu'il fait partie de ces livres que l'on lit avec plaisir, mais qui ne marque pas les esprits. Moi, il m'a donné envie de lire le roman de Zelda et je crois qu'il doit être republié prochainement.
jeudi 3 janvier 2008 à 05h27
Oui effectivement, nous avons eu la même impression concernant ce livre, sauf que toi, tu sais mieux l'écrire.
jeudi 3 janvier 2008 à 09h52
Mais qu'est-ce que tu racontes Sophie?
Ton billet est très bien ! Le plus important est de dire les choses comme on les a ressenties, non? 