Ce recueil traduit par Charles Baudelaire contient plus d’une vingtaine de nouvelles de Poe dont parmi les plus connus : Le chat noir, La chute de la Maison Usher, Bérénice, etc. Inutile donc, d’essayer de résumer ici ce qui se résume bien mal et que, pour plusieurs d’entre vous, vous connaissez déjà.

Dire seulement que cette lecture m’a beaucoup plu, malgré mes réticences quant au genre. Sa plume est riche, puissante, poétique. J’ai eu peur, vraiment, oui, oui… Mais avec cette impression de ne pas avoir eu peur ‘pour rien’. Évidemment, les réflexions philosophiques sur la science et le progrès m’ont grandement intéressée. L’obsession de Poe pour la cataplexie m’a rejointe. Évidemment, en bonne claustrophobe, l’idée d’être enterrée vivante est quelque part haut-placé dans le top 5 de l’horreur extrême. J’ai un faible pour La chute de la Maison Usher et William Wilson et un certain intérêt pour les étranges dialogues philosophiques de la fin du recueil.

Du même auteur : Histoires extraordinaires

Par Catherine

Extrait :

William Wilson

Je devins, à la longue, excessivement rebelle à son odieuse surveillance, et je détestai chaque jour plus ouvertement ce que je considérais comme une intolérable arrogance. J’ai dit que, dans les premières années de notre camaraderie, mes sentiments vis-à-vis de lui auraient facilement tourné en amitié; mais pendant les derniers mois de mon séjour à l’école, quoique l’importunité de ses façons habituelles fût sans doute bien diminuée, mes sentiments, dans une proportion presque semblable, avaient incliné vers la haine positive. Dans une certaine circonstance, il le vit bien, je présume, et dès lors il m’évita, ou affecta de m’éviter.

Ce fut à peu près vers la même époque, si j’ai bonne mémoire, que, dans une altercation violente que j’eus avec lui, où il avait perdu de sa réserve habituelle, et parlait et agissait avec un laisser-aller presque étranger à sa nature, je découvris ou m’imaginai découvrir dans son accent, dans son air, dans sa physionomie générale, quelque chose qui d’abord me fit tressaillir, puis m’intéressa profondément, en apportant à mon esprit des visions obscures de ma première enfance, - des souvenirs étranges, confus, pressés, d’un temps où ma mémoire n’était pas encore née. Je ne saurais mieux définir, la sensation qui m’oppressait qu’en disant qu’il m’était difficile de me débarrasser de l’idée que j’avais déjà connu l’être placé devant moi, à une époque très ancienne, - dans un passé même extrêmement reculé. Cette illusion toutefois s’évanouit aussi rapidement qu’elle était venue; et je n’en tiens note que pour marquer le jour du dernier entretien que j’eus avec mon singulier homonyme.

couverture
Éditions Flammarion - 316 pages