1m55 à peine, mais du courage et une volonté hors du commun. Voilà qui pourrait assez bien définir l'agent Smoky Barret. Ou plus exactement qui aurait pu la définir, avant... Avant que Joseph Sand ne tue son mari et sa fille et lui ait fait subir les pires outrages. Aujourd'hui son visage et son corps portent encore les cicatrices de cette triste nuit. Mais les blessures de l'âme sont souvent plus difficiles à panser que les coups de couteau. Smoki a peur, elle est incapable de reprendre du service et pense même à se supprimer.

Sauf qu'une nouvelle affaire va l'obliger à réagir : la police de San Fransisco vient de faire une macabre découverte. Le cadavre mutilé et éventré de la meilleure amie de Smoky a été retrouvé trois jours après le décès. Et comble de l'abject, en arrivant sur les lieux, les policiers ont trouvé la fille de la victime, vivante, et ligotée au corps pourrissant. Le tueur, qui s'auto-baptise Jack Junior, en référence à Jack l'éventreur, a dans le même temps, adressé un mail et une vidéo à Smoky et son équipe.
Commence alors un véritable duel entre le sérial killer et l'agent du FBI; duel qui entraînera son lot d'horreurs.

Comme vous l'aurez sans doute compris, Shadow Man est un thriller dans la plus pure tradition. Cody McFadyen a le talent et l'efficacité des auteurs américains qui sévissent dans ce domaine.
Une fois plongé dans ce roman, et si vous ne craignez les scènes morbides et ultra-violente, vous ne pourrez plus le lâcher. Pour ma part, il m'a fallu moins de deux jours pour dévorer cette histoire cauchemardesque.
Ce que j'ai particulièrement apprécié, c'est le soin avec lequel l'auteur a mis en scène les personnages secondaires. Que ce soient les collègues de Smoky ou les policiers croisés au cours de l'enquête, tous ont un passé et une épaisseur romanesque qui permettent au lecteur d'adhérer encore plus facilement à l'intrigue. De même, la narration à la première personne nous laisse entrevoir les doutes de l'héroïne, ses interrogations sur la finalité de son métier. Et pour finir, l'intrigue est efficace, menée à un rythme soutenu. Pour un premier roman c'est plutôt très bien réussi. Mais Cody MacFadyen pourra-t-il faire mieux ensuite? Difficile d'imaginer une surenchère à cette histoire... (Edit du 10/06/09 : le deuxième roman est tout aussi réussi)

Pour ceux qui aiment les histoires de serial killer, n'hésitez pas une seconde : vous aurez des frissons dans le dos, de la première à la dernière page.

Du même auteur : La mort en face

Laurence

Extrait :

Je regarde la chambre déserte et me tourne vers le miroir. Je me suis mise à détester les miroirs. C'est normal, me direz-vous. Nous sommes tous pareils : nous nous examinons à la loupez en focalisant sur les défauts. Les plus jolies filles creusent elles-mêmes les sillons de leurs rides à force de les traquer avec angoisse. L'adolescente aux yeux superbes, au corps de reine, se lamente sur la couleur de ses cheveux ou sur la taille de son nez. Cruel jugement que nous portons sur nous-même au travers du regard des autres; c'est un fléau de l'humanité. J'en conviens.
Mais les gens ordinaires ne voient pas ce que je vois quand je me regarde dans la glace. J'ai une vilaine cicatrice, d'un demi-centimètre de large, qui démarre au milieu de mon front, à la naissance des cheveux. Elle descend tout droit avant de bifurquer à quarante-cinq degrés sur la gauche? Je n'ai plus de sourcil de ce côté-là; la cicatrice a pris sa place. Elle me barre la tempe, s'étire en méandres paresseux le long de ma joue, glisse sur mon nez dont elle raye grossièrement l'arête, puis repart en arrière, traverse ma narine, souligne ma mâchoire et poursuit son trajet le long de mon cou pour l'achever à la clavicule.
C'est très spectaculaire. Si je vous offre mon profil droit, vous ne remarquez rien. Il faut me voir de face pour bien se rendre compte.

couverture
Éditions Robert Laffont - 426 pages