Elle est dans son lit dans la moiteur de l'été; elle écoute les avions militaires passer au-dessus de la maison. Elle n'a que 16 ans et ne semble pas effrayé par la guerre. Lui a quelques années de moins et tombe sous le charme de cette jeune fille accueillie pour quelques semaines chez son oncle et sa tante.
C'était il y a plus de cinquante ans. Aujourd'hui, il tente de reconstruire l'histoire de cette jeune fille devenue vieille femme.

Au-delà du secret qui s'est noué cet été-là, le narrateur semble obsédé par le destin de celle qui fut à l'origine de ses premiers émois et du sentiment de culpabilité qui l'habite depuis des années. Il va donc provoquer les rencontres, recueillir les témoignages pour lentement assembler les pièces du puzzle.

Dès les premières pages, on est assailli par la nostalgie, mais l'on sent aussi qu'une menace plane au dessus d'Elle. Or, cette menace ne sera jamais explicite ou démonstratrice. Tout le récit baigne dans une peur un peu sourde : la peur d'être passé à côté de sa vie et de ses rêves. Le narrateur part à la recherche de l'autre pour se trouver au bout du chemin.

Voilà ce que nous propose Jens Christian Grondahl. Son écriture est discrète, sans artifice et se marie parfaitement bien à son propos. Une très jolie découverte. Merci Stéphanie. :-)

Lire aussi les avis de Séphanie bien sûr, mais aussi Clarabel, Bebebook, Anjelica ou Carine Solivellas

Extrait :

L'arrivée de la jeune fille lui avait été annoncée une semaine plus tôt. Peut-être avait-il déjà deviné ce qu'il allait ressentir lorsque ce regard, bref et inexpressif, allait se poser sur lui. Ils étaient à table et elle répondit aux questions posées sur le voyage et elle-même d'une manière tout aussi peu expressive, mais polie. Il s'interdit d'observer la nouvelle venue plus de quelques secondes à la fois. Aurait-il su comment elle le percevait que ses pires pressentiments auraient été confirmés.
Elle le trouvait curieux avec son corps osseux, ses yeux rapprochés et ses cheveux raides qui ne cessaient de lui tomber sur le front, même s'il tentait de les peigner avec de l'eau. Il n'avait encore guère eu de contact avec les filles, il était incapable de les regarder sans se sentir perdu. Mais ils ont certainement jaugé leur silence gênés, cette jeune femme et ce garçon trop grand. Deux ans de différence suffisent à déterminer quel mot on emploie. Femme. Garçon.

couverture
Éditions Folio - 115 pages