À travers une narration en trois temps, Laurence Tardieu nous raconte le cataclysme que représente la disparition d'un enfant.
Le récit commence 15 ans après le drame. Vincent vient de recevoir une lettre d'appel au secours de Geneviève. Ils se sont séparés quelques mois après le terrible événement et ne se sont pas revus depuis. Aujourd'hui, il part la retrouver et les souvenirs refont surface.
La seconde partie se déroule quelques jours après la disparition de Clara. C'est le journal intime de Geneniève.
La dernière partie, enfin, raconte les retrouvailles de Geneviève et Vincent.
Laurence Tardieu a décidé de s'attaquer ici à un sujet extrêmement délicat, d'autant qu'elle use de narrations à la première personne. Difficile de raconter la perte d'un enfant, surtout cette perte là. Difficile d'être juste sans tomber dans le larmoyant. Difficile mais pas impossible.
C'est le propre de la littérature de nous faire paradoxalement oublier le livre. La magie du roman est de nous donner l'impression d'accompagner des personnes et non des êtres d'encre.
Or tout au long de ma lecture, je ne lisais pas une histoire, mais des mots qui formaient une histoire. Jamais je n'ai oublié que je lisais une fiction. Je n'ai pas réussi à me laisser porter par le destin de ce couple. Tout sonnait, à mon oreille, un peu artificiellement. J'allais donc conclure à une simple rencontre ratée, comme cela arrive parfois. On a beau faire, on ne ressent rien pour les personnages que l'on accompagne. Ce n'est pas dû à l'auteur, ce n'est pas non plus un manque de volonté de la part du lecteur, il y a simplement des alchimies qui ne se font pas, sans que l'on sache très bien pourquoi.
Seulement en entamant le dernier tiers du roman, mon point de vue s'est radicalisé. La fin du récit, à mon sens, sombre carrément dans le pathos et le larmoyant. Je peux difficilement expliquer les tenants et aboutissants sans déflorer l'histoire, mais j'ai eu l'impression que l'auteure voulait absolument faire pleurer dans les chaumières et en ajoutait pour être bien sûre d'atteindre son but. Trop c'est trop.
Vraiment, je sais que ce roman a touché beaucoup de lecteurs, mais je ne dois décidément pas être faite comme les autres : pour moi, il frôle l'indécence.
Maintenant, comme je le disais, je suis apparemment la seule sur le net à ne pas avoir aimé ce roman (quoique les impression laissées sur le forum du Livre de Poche aient été largement plus contrastées que sur les blogs). Si vous voulez donc lire de bonnes critiques, vous avez amplement le choix : Jules, Papillon, Choupynette, Lily, Tamara, Gambadou, InColdBlog, Laure et Anjelica ont tous adoré sans exception. Même Thom est dithyrambique ! C'est à croire que je n'ai pas lu le même livre qu'eux....
Extrait :
J'ai peur. Dieu comme j'ai peur. Je suis en train de tomber, la chute n'en finit pas, jamais je ne touche terre, je ne me brise en mille morceau. Je tombe, je tombe, le vide autour de moi, le vide qui n'en finit pas, et personne près de moi pour me rattraper, me prendre dans les bras, me murmurer que sous mes pieds la terre est ferme. Mais qu'avons-nous fait pour mériter cela?
Éditions Le Livre de Poche - 122 pages
Commentaires
mardi 4 mars 2008 à 08h45
j'adore le "même Thom est dithyrambique", mais si je me souviens bien il a émis quelques réserves... enfin ceci dit, je fais partie du tas qui a plus qu'aimé. Mais j'avais ouvert le livre sans savoir de quoi il s'agissait et en plus d'un coup de poing, ce fut un vrai coup de coeur !
mardi 4 mars 2008 à 10h01
Comme Emeraude, j'adore ce "même Thom est dithyrambique", ça sonne vraiment "nos derniers espoirs se sont envolés, et le monde est définitivement vendu à ce livre"
Cela dit, comme Emeraude, je me rappelle que Thom avait des réserves, parlant de "superficialité", et terminant en disant "je ne suis pas sûr de pouvoir affirmer que "Puisque rien ne dure" est un grand livre de littérature", ce qui, quand on le connait, se rapproche, sous un dehors poli, de l'insulte ultime 
Moi, je l'avais commencé, honnêtement, je ne l'ai pas fini. Ce n'est pas que je ne voulais pas le lire, ni que je n'aimais pas...Mais j'en ai un peu marre, des enfants morts. J'aimais bien le début (tu sais, ça se révèle au fur et à mesure, en fait...), et puis comme toujours dans ce genre de livre, une fois le truc de l'enfant apparu, il n'y a plus que ça, plein de larmes qui collent bien à l'histoire, mais je n'ai pas envie de lire ces histoires là. Et je suis assez d'accord avec toi, sur le trop c'est trop. Le deuil, plus la rupture, plus l'agonie...Mais attends : Vincent, il ne se suicide pas à la fin ? On le comprendrait, pourtant...

Donc tu n'es pas seule, Laurence, et je différencierai, tout de même, ce commentaire "littéraire", d'autres commentaires plus..."Bouleversés", disons
(CAPTCHA ANTI-SPAM : c'est bien Biblioblog, ton prénom ?
mardi 4 mars 2008 à 13h50
Voilà une consoeur juré du prix Livre de Poche si je ne m'abuse ?! Si ça peut te rassurer j'ai eu la même impression que toi en lisant ce court roman, je ne me suis pas sentie proche des personnages et de leur histoire tant la ténacité de l'auteur à vouloir m'extirper des larmes m'a été désagréable... Pour moi du mélo de préfabriqué, des personnages à la psychologie creuse qui ne sont pas parvenus à me toucher réellement par leur(s) drame(s), j'en suis ressortie sans une trace d'émotion, ni tristesse ni compassion, pour moi l'auteur est passée à côté de son sujet. Tu n'es donc plus la seule à ne pas avoir aimé cet ouvrage !
mardi 4 mars 2008 à 14h09
Waouh ! Je me sens carrément starifié grâce à ces commentaires !!!!!!!!!!!!!!!

Viva Biblioblog
Bon...sinon : tu connais déjà chère Laurence ma position "complète", je n'y reviendrai pas, mais je comprendrai très bien ton avis. D'ailleurs, en effet, "Puisque rien ne dure" contient des faiblesses réelles, y compris des faiblesses que je n'avais pas forcément vues au moment de rédiger mes critiques...et que j'ai vues en le reprenant, car ton article tombe à point nommé : je reviens justement sur cette question (et quelques autres) dans mon article de demain. Je pense qu'il pourrait tout à fait t'intéresser (et Emeraude, Lise, Valérie...enfin, bref !). Oui, je fais ma pub sur Biblio, je sais. En même temps on y parle tellement de moi...ce serait dommage de ne pas concrétiser le fantasme de ces dames :-))
(bon...j'étais venu pour la castagne, au départ, mais pour l'instant on dirait qu'il n'y a pas besoin de moi :D)
(et le prénom de Vian...c'est Biblioblog, aussi...? ;))
mardi 4 mars 2008 à 14h11
Émeraude :
En fait, j'avais écrit ce billet avant que Thom ne publie son billet... Et en le lisant (son billet), je me suis dit que décidément, je n'étais pas aidée.
Cependant, tu as raison, même si Thom a écrit un billet plutôt positif sur ce roman, il avait émis quelques réserves (trop timides à mon goût sûrement... )
Je te remercie en tout cas du distinguo que tu effectues.
Le suicide de Vincent? Effectivement, au stade où en était Laurence Tardieu, je ne comprends pas pourquoi elle n'y a pas pensé. C'est une vraie lacune. En fait, c'est pour ça que j'ai dû passer à côté, il manquait la "chute finale". 
"mélo préfabriqué", oui, c'est assez proche de l'impression que j'ai pu avoir. Par contre, je n'ai pas vu tes impressions sur le forum. Il y a celle d'une Valérie mais qui a aimé. 
Laeizza : Ta phrase entre guillemets résume assez bien mon état d'esprit en lisant le billet de Thom
(oui, oui, bien sûr... d'ailleurs tous mes amis m'appelle comme ça )
Valérie : bonjour chère consoeur
mardi 4 mars 2008 à 14h15
Grand Thom, quel honneur de te lire ici. Je ne sais pas si je me remettrai totalement de la visite de cette star incontournable... Nous pauvres pécheresses ne pouvons être que flattées que tu utilises nos blogs pour faire ta promo.
Quant à la castagne, nous sommes entre gens civilisés aujourd'hui, faites que cela dure.
Mais j'en conclus en te lisant que tu serai presque prêt à te ranger à mon avis?
(le prénom de Vian, mais aussi celui de Zola, Apollinaire et Alzheimer )
mardi 4 mars 2008 à 14h16
J'ai mis un commentaire sur le livre que j'ai préféré "Une promesse" et aucun sur les 2 autres, je m'économise !
mardi 4 mars 2008 à 14h17
Valérie :
mardi 4 mars 2008 à 14h33
Et le Wolf Serno, t'en as pensé quoi ? A priori, j'en déduis que le Chalandon était ton choix de février, qui a d'ailleurs remporté l'adhésion de la majorité des jurés.
mardi 4 mars 2008 à 15h18
Tant mieux si je ne rate rien avec ce livre. je suis incapable de lire quoique ce soit qui implique la mort d'enfants (j'accepte qu'on se moque de moi et qu'on me jette des épluchures de légumes, c'est comme ça, je n'y peux rien, c'est mon cerveau reptilien qui parle).
Kiki
mardi 4 mars 2008 à 16h44
In Cold Blog : je publie mon billet sur Serno jeudi. J'ai bien aimé mais j'ai trouvé qu'il y avait vraiment des longueurs inutiles. Par contre, je dois être maudite : je n'ai pas encore reçu mon colis pour mars...
).
Kiki : si c'est ton cerveau reptilien qui parle il faut absolument l'écouter (surtout que lui n'a pas de problème de pellicules...
mardi 4 mars 2008 à 21h47
un livre qu'il me tarde de lire à force d'en entendre parler
mercredi 5 mars 2008 à 10h25
"En fait, j'avais écrit ce billet avant que Thom ne publie son billet... Et en le lisant (son billet), je me suis dit que décidément, je n'étais pas aidée.
Cependant, tu as raison, même si Thom a écrit un billet plutôt positif sur ce roman, il avait émis quelques réserves (trop timides à mon goût sûrement... )
Je te remercie en tout cas du distinguo que tu effectues."

Laeizza : Ta phrase entre guillemets résume assez bien mon état d'esprit en lisant le billet de Thom
Bon...c'est fini le commentaire composé de mes billets, là ????!!!!!!!!!
Vous savez, si vous avez une question à me poser les filles...vous pouvez me la poser
Laurence, rassure-toi, je ne suis pas complètement de ton avis, quand même. Il y a des qualités littéraires réelles dans "Puisque rien ne dure", qui à mon avis s'expriment beaucoup plus dans certains choix de construction, dans une certaine ligne à laquelle que l'auteure se tient...plus que dans le style ou l'histoire. C'est ce que signifiait ma phrase finale, citée plus haut par Laiezza.
Pour le reste de ma réflexion...article à 10h38 aujourd'hui.
Amitiés à tous !
(quel idiot : j'ai vraiment tapé biblioblog dans l'antispam du coup :D)
mercredi 5 mars 2008 à 17h49
Stéphanie : et bien moi, je suis contente de l'avoir fini !


Ô grand Thom, vrai, on peut vous poser des questions en direct? On peu même avoir l'outrecuidance de vous tutoyer?
Quant à ton article, je me suis régalée et ne peut qu'encourager les visiteurs de ce billet à aller le lire. Tiens je vais même faire mieux. Il n'y a qu'à cliquer ICI
mercredi 5 mars 2008 à 18h52
( Je crois que pour écrire sur des choses tragiques, il faut vraiment les avoir vécues...)
mercredi 5 mars 2008 à 21h25
Et il arrive quelquefois que l'on ne soit pas au diapason ...
jeudi 6 mars 2008 à 19h58
Claudune , je ne suis pas forcément d'accord avec toi. J'ai pu lire des fictions sur des sujets difficiles, absolument bouleversant. Je crois surtout qu'il faut avoir un grand talent car la pente est très glissante.

Anjelica : oui, une fausse note de temps en temps, permet de mieux apprécier ce qui vient ensuite.
vendredi 7 mars 2008 à 08h22
Oui c'est une honte de se faire de la pub sur le blog des autres. Oui, je mérite d'être banni, proscrit, conspué... Mais voilà, la vidéo de Laurence Tardieu pourra peut-être contribuer au débat. Elle est là : auteurstv.blogspot.com/20...
vendredi 7 mars 2008 à 22h50
Oooooh...Laurence ! Après une telle pub (qui m'a rapporté...zéro com ! :), je ne puis qu'être d'accord : tutoyons-nous.
Que penses-tu donc de l'outrecuidance de cet Auteurs TV qui vient faire sa pub dans tes coms ? Est-ce qu'on ne devrait pas le bannir ? Lui faire subir des représailles ? L'obliger à lire du [...] pour le punir...?
(que vaut la somme de 3 et 1 ?...euh...Biblioblog ?)
samedi 8 mars 2008 à 07h35
Thom : Il faut dire que la conversation engagée suite à ton billet avait de quoi intimider...


Ce que je pense de ces procédés? Je me dis que toi, tu ne te serais jamais abaissé à faire ainsi, non vraiment, cela dénote d'un tel manque de savoir vivre ! Jamais ô grand jamais, on t'attraperait à faire ton auto-promo ici....
auteurstv : toute blague mise à part, merci pour l'info, même si j'aurais préféré que le premier commentaire que vous déposiez ici soit, disons... un peu plus personnel?
samedi 8 mars 2008 à 16h30
Non. Ma claque s'en charge à ma place.

Allons, ne sois pas trop dure avec Auteurs TV, c'est un vieux copain à moi
samedi 8 mars 2008 à 21h38
C'est que je ne parle déjà pas beaucoup chez moi... Alors le faire chez les autres... Mais il m'avait vraiment semblé que cette vidéo... Je me tais... *
* Sur les ... voir ce qu'en dit Emmanuel Adely sur le site sus-nommé...
dimanche 9 mars 2008 à 08h46
AuteursTV : ne vous inquiétez pas, j'ai l'air de mordre mais en réalité je ne suis pas si méchante

Thom : tssssss no comment.
samedi 29 mars 2008 à 09h54
Laurence Tardieu sait nous toucher par une histoire tellement juste qu'on pourrait presque croire qu'elle est teintée d'autobiographie. Heureusement il n'en est rien ! Laurence Tardieu connecte en direct sa plume aux méandres de la pensée et des sentiments, sans fard ni pudeur. C'est tout simplement splendide !
J'en profite pour vous conseiller son dernier opus "Rêve d'amour" qui est de la même trempe.
Encore Bravo !
lundi 31 mars 2008 à 16h51
Eric : comme quoi, une lecture peut être plurielle. Là où Laurence Tardieu m'a exaspérée, elle t'a apparemment touché.
vendredi 15 mai 2009 à 15h09
Oui, ce billet date d'il y a longtemps, mais je viens de lire Un temps fou le dernier roman de cette auteur et mon ressenti frôle le tien... et comme je ne lis que des éloges partout, moi aussi je me sentais un peu extra-terrestre... M'étonne pas trop que nous soyons sur la même longueur d'ondes
vendredi 15 mai 2009 à 16h20
Merci Ys !!! Ton commentaire me fait beaucoup de bien, je me sens moins "coupable" de ne pas avoir aimé. Ou alors nous sommes deux sans-cœur.
vendredi 3 février 2012 à 15h00
Un texte que j'ai beaucoup aimé et qui m'a donné envie de lire d'autres romans de Laurence Tardieu.