Vitus quitte donc le monastère avec son morceau de tissu et une copie du "De morbis hominorum et gradibus ad sanotrem", un ouvrage très complet sur la médecine et la chirurgie, art qu'il a pu apprendre au côté du père Thomas.
Mais le monde extérieur va rapidement se révéler hostile pour le jeune homme. Heureusement pour lui, il croisera sur sa route un certain nombre d'alliés, plus différents les uns que les autres.

C'est un roman historique et initiatique dans la plus pure tradition. Wolf Serno profite de la quête du jeune Vitus pour dépeindre l'Espagne de la Renaissance : l'inquisition, les gens du voyage, les expéditions maritimes... mais aussi et surtout les connaissances médicales de la fin du 16ème siècle.

J'ai lu ce roman dans le cadre du Prix du Livre de Poche, et cela a peut-être un peu faussé mon approche. En effet, je me réserve habituellement des romans "fleuves" (plus de 700 pages tout de même) sur des temps de vacances pour ne pas être obligée d'interrompre sans cesse ma lecture. Devant me soumettre aux contraintes de temps, j'ai donc lu ce roman par épisodes, au milieu d'un emploi du temps déjà très chargé.
J'ai trouvé ce récit intéressant dès qu'il s'agissait de passages liés à la médecines et à la chirurgie, passages pas assez nombreux à mon goût d'ailleurs. De même le duo que forment Vitus et le maître m'a souvent fait sourire et rappelé Candide et Pangloss (même si les protagonistes de Serno sont très loin d'être aussi caricaturaux que les héros de Voltaire).
Mais je n'ai pas non plus été transportée par cette histoire, et certains passages m'ont paru s'étirer en longueurs inutiles. Wolf Serno a sans doute voulu traiter trop de thèmes à l'intérieur d'un même roman.
J'en garde donc le souvenir d'une lecture agréable mais loin d'être renversante. D'ailleurs, je doute que je lirai le second tome des aventures de Vitus.

Extrait :

"Le petit dort-il bien?" demanda-t-il encore une fois par prudence.
Orantes secoua Gago plusieurs fois. Le petit garçon ne réagit pas. "Comme une marmotte.
- Formidable. Commençons. Maître, s'il te plaît, donne-moi le scalpel à bout arrondi.
- Le voici.
- Merci" Vitus posa la lame coupante comme un rasoir entre la gencive et la lèvre supérieure et sépara les deux branches du V vers le haut. Ce fut l'affaire de quelques minutes. Il arrêta le petit saignement sous les deux lobes de peau avec une pierre d'alun.
"C'était la première étape. Heureusement, Gago n'a qu'un labium fissum, un bec de lièvre tout à fait ordinaire.
- Que fait-on maintenant? demanda le maître.
- A présent, tu me donnes le plus petit des deux ciseaux droits.
- Que vas-tu en faire?
- Je vais couper un petit morceau sur les bords des lobes de peau pour qu'ils puissent se ressouder ensuite.
- Je comprends, dit le maître, cela ne marcherait pas s'ils étaient peau sur peau."
Après avoir accompli la seconde étape, Vitus arrêta de nouveau le saignement avec la pierre d'alun. "A présent maître, donne-moi une aiguille en or. As-tu passé le fil par le chas et fait un nœud?
- Oui." Le petit savant lui tendit ce qu'il souhaitait.
Vitus prit l'aiguille et l'examina. On employait aussi des aiguilles d'argent pour ce qu'il avait l'intention de faire, mais, selon lui, étant le métal le plus noble, l'or provoquait moins d'infections. De la main gauche, il pressa ensuite fermement les deux bords qu'il avait rectifiés, posa de la main droite l'aiguille à l'horizontale sous le nez et d'un seul mouvement glissant, la poussa de côté sur la gauche à travers le deux lobes de la lèvre supérieure, si bien que les deux bouts de l'aiguille dépassaient d'une même longueur de la peau. Il prit ensuite le fil qui pendant, le fit passer fermement en forme de 8 couché sous le bout des aiguilles, de sorte que les bords de la plaie étaient réunis sans couture.

couverture
Éditions le Livre de Poche - 765 pages