Des Belles-Sœurs à Encore une fois, si vous permettez, c’est donc 30 ans de théâtre que Boulanger passe au crible à travers des entretiens courts mais complets qui remettent les pièces dans leur contexte social et politique et explore aussi les différents éléments qui caractérisent l’œuvre de Tremblay : les personnages qui reviennent d’un écrit à l’autre, la place des femmes, la place des travestis, le rapport au temps, etc.
Il est certain que j’ai lu ce livre dans les meilleures dispositions puisque je venais tout juste de me plonger dans plus d’une dizaine de livres de Tremblay et que j’étais complètement absorbée par son univers. J’ai donc adoré cette série d’entretiens. Luc Boulanger pose des questions sans complaisance mais avec un grand respect. Nous découvrons l’envers de la création des nombreuses pièces de Tremblay et l’humanité de cet auteur qui n’en manque pas. Certaines des questions posées faisaient partie de celles qui me préoccupaient (entre autres le rapport de «pillage d’idées» par rapport à sa famille et la question du respect ou du mépris face aux classes populaires).
Je conseille donc cette lecture agréable et prenante à tous ceux qui aiment Tremblay ou qui s’intéressent au théâtre.
Les oeuvres de Michel Tremblay : Hotel Bristol New-York N.Y., Thérèse et Pierrette à l'école des Saints-Anges, Albertine en cinq temps, Encore une fois si vous permettez, Hosanna, Belles-Sœurs, Le vrai monde?, La grosse femme d’à côté est enceinte, Le cœur découvert, La traversée du continent, Douze coups de théâtre et Un ange cornu avec des ailes de tôle
Par Catherine
Extrait :
LB : Quelle est la différence, sur le plan de l’implication de l’auteur, entre l’écriture d’une pièce et la rédaction d’un roman ?
MT : J’écris du théâtre pour provoquer ou agresser les gens. Au contraire, je fais des romans pour raconter doucement une histoire dans le creux de l’oreille d’un ami.
LB : À la fin du Vrai monde ?, Alex brûle des feuillets du manuscrit de son fils. C’est un geste d’une grande violence envers la création artistique. Que signifie-t-il ?
MT : Quoi qu’il écrive, l’écrivain sera toujours incompris. C’est le lot de tous les artistes de se sentir incompris… Comme je l’ai déjà dit : ce sont nos ennemis qui nous tiennent debout. Le jour où je n’aurai plus rien à prouver à personne, ma vie va être bien plate. Depuis environ dix ans, quand j’ai une bonne critique dans La Presse, Le Devoir ou Voir, je ne suis pas content, mais soulagé. Je n’ai plus de plaisir à lire les journalistes québécois. Au début de ma carrière, j’ai eu de très bonnes critiques. Dans les années soixante-dix, certains critiques m’ont fait connaître et ont défendu la nouveauté de mon théâtre. Or, après trente ans, je réalise que les journalistes se sont lassés de ma présence ! Au Québec, on me considère comme un monument de la littérature. Et des fois, comme des pigeons, on aime bien chier sur les monuments !
Éditions Leméac - 176 pages
Commentaires
vendredi 7 mars 2008 à 07h46
Voilà une rétrospective qui s'achève. Merci Catherine de l'avoir partagée avec nous.
vendredi 7 mars 2008 à 12h42
Et oui... 12 livres autour de Tremblay... pour un concours que je n'aurai pas gagné, mais un parcours que j'ai fait avec un grand plaisir!
Merci!