Nous sommes dans un pays indéterminé. La Phalange, régime dictatorial, sème la terreur depuis maintenant quelques années. Les enfants des anciens opposants sont enfermés dans des orphelinats qu'ils ne peuvent quitter que trois fois l'an pour retrouver leurs consoleuses.
Parmi eux, il y a la belle Milena, une jeune fille à la blondeur étincelante qui a le don de vous émouvoir dès qu'elle se met à chanter. Mais sa fugue, alors qu'elle accompagnait son amie Hélène chez sa consoleuse, va bouleverser l'ordre établi. Elle s'enfuit avec l'intrépide Bartoloméo et décide de faire face à l'oppresseur.
Hélène, quant à elle, va s'allier à Milos pour tenter de les retrouver.
Nous suivons donc le destins que 4 adolescents qui s'uniront pour vaincre le despotisme de la Phalange.

Difficile d'en dire plus sans déflorer le récit...
Dès le départ, Jean-Claude Mourlevat réussit à créer un univers un peu trouble et étrange. Les consoleuses, les hommes-chiens, les hommes-loups participent de cette impression. Pourtant, ce qui est encore plus troublant, c'est que le lecteur a l'impression que tout ceci pourrait être réel.
Jean-Claude Mourlevat ferre son lecteur, jeune ou moins jeune d'ailleurs, et il est difficile de fermer le livre avant d'avoir atteint la dernière page. On ressent une empathie immédiate pour ces jeunes héros, et on tremble avec eux à chaque rebondissement.

Le combat d'hiver est tout à fait dans la veine des récits qui ont la "côte" en ce moment, et l'on retrouve des mécanismes qui ont fait leur preuve: une quête adolescente contre un régime totalitaire, à mi chemin entre le fantastique et la dure réalité, qui mêle habilement action et émotion. On pense évidemment aux derniers succès littéraires et cinématographiques, comme Le monde de Narnja ou La croisée des mondes. Je ne serais d'ailleurs pas surprise que ce roman fasse l'objet d'une adaptation sur grand écran.

Je comprends donc facilement que ce roman jeunesse ait déjà été longuement commenté sur les différents blogs. En effet, l'auteur a su trouver le juste équilibre pour créer une histoire efficace, et je n'ai pas boudé mon plaisir à le lire. Pourtant, je reconnais aussi qu'il n'y a pas de révolution littéraire dans cette histoire. Disons que c'est un roman plaisant, attachant, mais pas étonnant.

Voir aussi les avis de : Majanissa, Laure, Clochette, Clarabel et Solsol

Du même auteur : La ballade de Cornebique, La troisième vengeance de Monsieur Poutifard, L'enfant océan, L'homme qui levait les pierres et La rivière à l'envers

Extrait :

Elle résista une temps qui lui parut infini, mais peut-être était-ce seulement une heure, et elle résolut de craquer la première allumette. Elle en brûlerait une après chaque visite, une par jour donc, ainsi elle ne les gaspillerait pas trop vite. Elle se leva et tira sa couchette jusqu'au mur du fond. En se tenant debout dessus, elle se trouvait tout près de la poutre donc on lui avait parlé... Au moment de frotter la petite boule de soufre sur le côté de la boîte, elle eut une angoisse soudaine : et s'il n'y avait rien sur cette poutre? Ni ciel et ni nuage? Ni dessin d'aucune sorte? Quelle déception ce serait ! Et s'il y avait quelque chose, est-ce qu'elle le verrait seulement sans ses lunettes? Elle hésita quelques secondes, puis se décida finalement. L'allumette s'enflamma du premier coup, et Catharina fut stupéfaite de voir à quel point elle parvenait à éclairer le cachot tout entier. Elle leva son bras tremblant vers le poutre et elle vit.
Oui, il y avait un bout de ciel peint sur le bois à demi-moisi. Il ne mesurait pas plus de trente centimètres sur quinze et le bleu azur avait sans doute pâli, mais c'était un ciel, assurément! On le voyait au nuage qui complétait le dessin, sur la gauche. [...] Catharina observa,fascinée. Il lui sembla que la vue de ces couleurs, même dans le floue de sa myopie, l'arrachait au ventre sombre de la terre et la ramenait à la vie d'en haut, il lui sembla que le vent soufflait dans ses cheveux, que le sang coulait à nouveau dans ses veines.
Le noir soudain revenu et la vive brûlure au bout de ses doigts la ramenèrent à la réalité : elle venait de consumer sa première allumette. Il n'en restait plus que sept désormais. Mais qu'importe, elle avait vu le Ciel, et elle en était plus forte. Elle se recoucha pleine de courage.
Ne t'en fais pas, Milena ! Va là où tu dois aller! Fais ce que tu dois faire! Je résisterai, pour toi, pour Helen, pour toutes! N'ayez crainte les filles : la petite Catharina Pancek a vu le Ciel et elle tiendra le coup! Elle vous en bouchera un coin!
Les larmes trempèrent son mouchoir, mais la Tank pouvait aller se faire voir : ce n'était pas des larmes de tristesse ni de peur.

couverture
Éditions Gallimard Jeunesse - 331 pages