« Notre fils est un meurtrier ». Cette terrible nouvelle vient brusquement bouleverser les parents de Ducan. Leur vie va basculer. Les parents de Duncan sont blancs et l'avocat de leur fils est noir, une étoile montante du barreau, Hamilton Motsamaï. Duncan a tué avec l'arme domestique, celle qu'on garde chez soi comme un chat, pour faire face à la criminalité qui entretient aujourd'hui un lourd climat de violence dans les grandes cités sud-africaines.

Dans cette histoire, moult sujets sont abordés avec maestria.
La peine de mort car tous suspendus à la décision de la Cour constitutionnelle qui doit décider si la peine de mort est ou non constitutionnelle. Si l'État pourra ou non décider du sort des citoyens alors qu'il en a usé, abusé pour soutenir la politique ségrégationniste durant des dizaines d'années, en toute impunité.
Les réactions, les sentiments des parents, notamment cette culpabilité qui les rongent peu à peu. Ces parents qui cherchent à savoir où ils ont échoué dans l'éducation de leur enfant pour qu'il en arrive à un tel geste.
Les découvertes qu'ils vont faire au sujet de la vie de leur fils au fur et à mesure de l'enquête menée par l'avocat. Finalement, qui est Duncan ? Leur fils, cet inconnu.
Leurs rapports avec cet avocat noir, celui qui vient de l'Autre côté, celui qui détient la vie de leur fils entre ses mains.
Leurs rapports avec les amis noirs, homosexuels de leur fils.
Tant de questions, d'interrogations sur leur fils, ce drame, comment l'aider, comment comprendre un tel geste quand vous être croyant comme Harald, le père ou médecin, comme Claudia, la mère.

Toute leur vie bascule. Rien ne sera plus comme avant.

Une histoire intelligemment menée, des sujets de réflexions profonds, une présentation de cette nouvelle société d'après apartheid. Une excellente lecture.

Dédale

Extrait :

Quelque chose de terrible est arrivé.
Au moment du café, après le dîner, ils en regardent les images, leur tasse posée près d'eux. C'est la Bosnie ou la Somalie, ou bien une île au Japon, en proie à un tremblement de terre, secouée entre les mâchoires d'un chien d'apocalypse ; un de ces évènements qui faisaient alors l'actualité à la rubrique des désastres. Lorsque retentit la sonnerie de l'interphone, ils échangent un regard de réticence complice, c'est à toi d'y aller, c'est ton tour cette fois. C'est un des fondements du pacte de la vie en couple. Il n'y avait pas si longtemps qu'ils avaient pris la décision de quitter leur maison pour venir s'installer ici, dans une des villas de ce complexe résidentiel où les espaces verts sont entretenus, où les accès sont surveillés, ils ne s'y sont pas encore habitués. Ou plutôt, sur le coup, ils ont tendance à oublier que ce ne sont pas les aboiements de Robbie, ni le vieux carillon fêlé de la cloche du portail qui les interpelle. Les animaux domestiques ne sont pas admis dans cette résidence, mais par bonheur ils ont pu confier leur chien à leur fils qui habite un bungalow, construit dans le jardin d'une propriété.
[...]
Il dit alors : Sais-tu qui pourrait bien être un Julian quelque chose ? Un ami de Duncan ?
Elle, lui, ils n'en savaient rien, ni l'un ni l'autre. Il n'y avait là rien d'extraordinaire : Duncan, à vingt-sept ans, avait son propre cercle d'amis, tout comme ses parents avaient le leur, et ces deux mondes ne se rencontraient que dans les domaines où, dès son enfance, ceux-ci étaient parvenus à lui faire partager leurs propres centres d'intérêts.
Que veut-il au juste ?

couverture
10/18 – 320 pages
Traduction de l'anglais de Claude Wauthier et Fabienne Teisseire.