Voici l’histoire de cet être d’exception qui nous est contée par un trompettiste qui l’accompagne sur l’Océan pendant cinq ans. Un monologue, d’abord écrit pour le théâtre (quelques didascalies en font foi), mais qui pourrait aussi bien être un court roman. On y apprend les circonstances étranges de la découverte du piano par Novecento. On découvre ses fantaisies et sa philosophie. On le voit en duel avec le roi du jazz. Le tout prétexte pour parler d’amitié, de raison de vivre, de musique… et d’Océan.
J’avais adoré l’Océan Mer de Baricco. Je n’oserais pas dire que ce court récit m’a fait le même effet, mais tout de même, quelle plume ! Ça coule de source, comme une mer à la fois calme et vivifiante. Il fait naître les personnages les plus loufoques et sans leur faire perdre leurs couleurs il arrive à les rendre familiers au point où tout cela semble aller de soi. À découvrir…
Du même auteur : Océan Mer, Soie, City et L'âme de Hegel et les vaches du Winsconsin, Mr Gwyn
Par Catherine
Extrait :
Celui qui est le premier à voir l’Amérique. Sur chaque bateau il y en a un. Et il ne faut pas croire que c’est le hasard, non… ni même une question de bonne vue, c’est le destin, ça. Ces types-là, depuis toujours, dans leur vie, ils avaient cet instant-là d’écrit. Même tout petits, si tu les regardais dans les yeux, en regardant bien, tu la voyais déjà, l’Amérique, elle était là, prête à bondir, à remonter le long des nerfs ou du sang ou je ne sais quoi, et puis, dans ce crie (il crie), L’AMÉRIQUE, elle était déjà là, dans ces yeux, ces yeux d’enfant, déjà là tout entière, l’Amérique.
Là, qui attendait.
Celui qui m’a appris ça, c’est Danny Boodman T.D. Lemon Novecento, le plus grand pianiste qui ait jamais joué sur l’Océan. Dans les yeux des gens, on voit ce qu’ils verront, pas ce qu’ils ont vu. Il disait ça : ce qu’ils verront.
Éditions Folio - 87 pages
Commentaires
jeudi 20 mars 2008 à 08h38
c'est marrant, je n'ai jamais lu Océan mer mais je n'ai entendu que des mauvaises critiques jusque là. Alors que Novecento a l'air de faire l'unanimité (d'ailleurs je l'ai lu et j'ai vraiment beaucoup aimé, comme Soie du même auteur!)
jeudi 20 mars 2008 à 13h31
J'ai adoré ce petit livre! Il m'a fait forte impression... alors qu'Ocean Mer je n'ai jamais pu le terminer!
jeudi 20 mars 2008 à 13h55
Très bel extrait ! C'est noté !
jeudi 20 mars 2008 à 22h24
Il me semblait avoir répondu à vos commentaires, et puis zut, j'ai dû rêver...
C'est clair que Novecento et Océan mer sont deux livres très différents. Océan Mer est un livre difficile, très poétique à la limite du surréalisme. Voilà un type de littérature qui me plaît énormément... Mais je ne suis pas du tout étonnée que Novecento fasse plus l'unanimité.
Merci de partager vos impressions!
jeudi 20 mars 2008 à 23h58
De Baricco, je n'ai lu que Soie, que j'ai énormément aimé.
Novecento, je connais, mais par le film. Un film très léger et en même temps d'une profondeur impressionnante. Je ne me rappelle plus des acteurs ni du réalisateur, mais je me souviens très bien de la musique d'Ennio Morricone et de quelques passages (notamment ce fameux duel avec le King of Jazz, inoubliable)... A voir. Et moi je vais lire
mardi 19 janvier 2010 à 16h52
Dans la production de Baricco, j'ai, bien entendu, comme beaucoup, aimé "Soie" et "Novecento". Mais j'ai envie d'inciter les lecteurs potentiels qui fréquentent ce blog à découvrir d'autres œuvres de cet auteur talentueux : en priorité "Les châteaux de la colère", puis, "Sans sang" ou, comme Catherine, "Océan mer". Plus difficiles peut-être, mais ces romans "virtuoses" vous combleront.
vendredi 3 février 2012 à 15h17
Très bon souvenir de cette lecture. Un très bon livre.
jeudi 29 mars 2012 à 09h16
Lisez aussi "City", on est dans une autre corde de l'arc de Baricco, mais la poésie, cette légèreté virevoltante dans les moments graves, c'est à découvrir aussi.
jeudi 29 mars 2012 à 16h15
Aussi bien lancée, Steff, je te recommanderais, si tu ne les as déjà lu, "Océan mer" et surtout, le meilleur à mon avis : "Les châteaux de la colère".
jeudi 29 mars 2012 à 16h22
j'ai une faiblesse pour Océan mer. Les châteaux de la Colère a été un second choc (j'avais commencé par novecento). et récemment, mais j'ai moins accroché, ah mince, le titre m'échappe, celui sur les courses de voiture...
vendredi 30 mars 2012 à 13h46
"Cette histoire là". D'accord avec toi pour celui là, à classer avec "L'Ame de Hegel et les vaches du Wisconsin", pas parmi mes préférés.
vendredi 30 mars 2012 à 14h41
Heu, j'ai un peu honte, mais... "l'âme de Hegel..." je n'ai pas réussi à le finir. En guise d'auto-excuse, je me suis dit que c'était plutôt une étude, un essai, et que je n'en avais pas envie.
J'aime beaucoup Baricco, mais je suis un tout petit peu déçu de ses derniers (cette histoire-là, sans sang), et ça me fait le même effet que pour un autre auteur que j'aime beaucoup, Irving, qui, depuis la veuve de papier et suivants, je trouve, à mon humble avis, que ça se répète un peu, avec l'imagination qui se fatigue.
Quand j'ai lu "cette histoire-là", c'est exactement cette sensation désagréable que le feu sacré avait disparu, que Baricco tentait de reproduire son imagination artificiellement, qui m'a envahie.
Qu'en pensez-vous ?
je ne sais pas si j'exprime bien mon idée. J'ai aimé chez Baricco les originalités de ses personnages, qui sont à la fois absurdes et poétiques (voire poétiques parce qu'absurdes peut-être bien) : le pianiste qui ne sort jamais du bateau ; dans océan mer ce chercheur qui veut mesurer la limite de la mer ; dans city, le héros qui ne s'intéresse qu'à l'arbitrage des matches de foot ; dans les châteaux de la colère, le jeune qui attend d'avoir la taille de sa veste pour se sentir adulte, et qui note dans son carnet ses observations décalées. Voilà, et dans cette histoire-là, on sent que c'est émoussé, le truc, et pire, j'ai la sensation que Baricco le recherche, ce trait de génie, sans l'atteindre : le gars qui rêve de construire un circuit symbolisant la vie, je crois : ouais, mais c'est bof. Ou pire, ça ne surprend plus, on s'y attend trop, au côté un peu loufoque du personnage. cette quête originale, parfois utopique, inatteignable, désespérée, l'a t'on trop lue dans ses oeuvres ? là est ma question. Qu'en pensez-vous ?
vendredi 30 mars 2012 à 20h56
Assez justifié le parallèle entre les "productions" de Irving et Barrico. Comme toi, j'ai beaucoup aimé, puis un jour pris de la distance. Chez Irving, je retiens "Le monde selon Garp", "L'hôtel New Hampshire", mais surtout cette merveille de construction littéraire qu'est "Une prière pour Owen". Cela dit, ils sont nombreux les écrivains, et de génie, qui écrivent tout le temps le même livre, et qu'on lit pourtant avec un bonheur égal.
Je crois qu'on est en train de tenir salon dans notre coin. J'espère qu'on ne chasse personne.
dimanche 1 avril 2012 à 20h44
Absolument, j'espère qu'on ne fait pas fuir, au contraire, connaître l'avis du plus grand nombre serait passionnant.
Merci pour votre remarque positive, j'avoue que ça ne me gêne pas de lire "le même livre" (votre formule est super judicieuse), justement parce que c'est un bonheur.
on sort du sujet, (Baricco), mais puisque vous tendez la perche, si vous ne l'avez déjà fait, laissez-vous tenter par "l'épopée du buveur d'eau", d'Irving, je l'ai trouvé... allez.. magique. C'est bon, c'est marrant, parfois sordide, mais du grand Irving. Je suis d'accord pour les oeuvres que vous avez cité. Est-ce un hasard qu'un "amateur" de Baricco soit aussi assez gourmand d'Irving, ou ont-ils, malgré toutes leurs immenses différences, un talent qui titille les mêmes cordes ?