Lors de cette soirée, il fait la connaissance d’Eliane, beaucoup plus jeune que lui. Après une cour insistante, il parvient à attirer ses regards, et son amour. Mieux, il réussit à ce qu’elle quitte l’appartement maternel pour s’installer avec lui. Mais cet amour, qu’il avait cru partagé, est unilatéral, et sa vie étant intenable, il va de déception en déception.
Ce court roman d’Emmanuel Bove traite d’un sujet assez commun en littérature : une histoire d’amour, de la rencontre à la séparation et ses conséquences, entre un homme déjà installé et une adolescente. Présenté comme cela, Lolita apparaît dans un coin de la tête, et bien que je n’aie pas lu le roman de Nabokov, je crois pouvoir dire que Bove en fait un traitement très différent.
Le style est très dépouillé : une écriture simple, sans trop d’effet de style. J’ai tout de même mis quelques paragraphes avant de m’habituer au style, composé pour le début du roman de nombreuses phrases longues, avec beaucoup de subordonnées. Et c’est vrai que lire des textes au passé simple n’est plus très courant !
Ensuite, l’auteur nous présente cette relation amoureuse de manière elle aussi très simple, sans chercher à émouvoir à outrance le lecteur. Il a un style presque scientifique, où on sent que chaque mot est pesé, chaque structure de phrase réfléchie. C’est aussi un récit avec de nombreuses ellipses, où l’auteur s’attache aux moments marquants de la vie de ce couple.
Plus le livre avançait, plus je l’appréciais : cette description méthodique, mais qui fait saisir les sentiments essentiels m’a plu. Alors que je ne suis pas un fervent adepte des romans où l’amour est le seul moteur de l’intrigue, j’avoue que je me suis laissé avoir par celui-ci.
Voilà donc un auteur oublié (Emmanuel Bove a écrit dans les années 20 et 30), que j’ai découvert par l’adaptation cinématographique d’un de ses romans par Jean-Pierre Darroussin (Le pressentiment), et que je vous conseille de découvrir à votre tour.
Par Yohan
Extrait :
En arrivant rue de Sèvres, Pierre Neuhart se sentit un peu gêné. L’immeuble qu’habitait Mme Aspi était assez imposant. Le porche, formant passage, était éclairé par des torchères qui, quoiqu’elles fussent neuves, appartenaient à une autre époque. « J’aurais dû envoyer un mot d’excuse et ne pas y aller ». Ne connaissant personne, il devinait qu’il se trouverait mal à l’aise. Il craignait d’être mêlé à un monde brillant, ayant de la conversation, auprès duquel il eût fait figure d’imbécile. Mais ce qui, en réalité, lui était le plus désagréable, c’était la pensée que les invités savaient quels faibles liens l’attachaient à Mme Aspi. Néanmoins, il se fit violence. Il y avait trop longtemps qu’il rêvait de pénétrer dans la bonne société pour que l’appréhension du dernier moment eût la force de l’arrêter.
Éditions du Castor Astral - 128 pages
Commentaires
vendredi 28 mars 2008 à 09h03
Voilà donc le commentaire du roman que nous avons eu tant de mal à trouver dimanche dernier !
Ca a l'air assez intéressant, je le note !
Merci de nous faire découvrir cet auteur oublié !
lundi 9 novembre 2009 à 17h10
Bove est un auteur indispensable. Et ce court récit donne un très bon aperçu de son talent. Je vous conseille Le Piège et Journal écrit en hiver.
Bien à vous.