Amir est un pachtoun, fils d’un riche commerçant. Hassan au bec-de-lièvre est un hazara, fils de serviteur, condamné lui aussi à être serviteur. Or, la magie de l’enfance fait qu’Amir et Hassan sont de grands amis et construisent ensemble leurs premières années. Ils sont à la fois inséparables et profondément différents jusqu’à ce qu’un événement aussi inattendu que dramatique vienne bouleverser leur vie. La culpabilité poussera Amir à rejeter Hassan. Quelques années plus tard Amir et son père quittent l’Afghanistan suite à l’invasion russe. Pour toujours. Pour toujours ? En 2001, Amir reçoit un téléphone intriguant. On lui demande de revenir en Afghanistan puisqu’il existerait une façon de se racheter. La culpabilité refaisant flot, Amir retourne dans un Afghanistan sous le joug des talibans, détruit par la guerre.
Voici un livre qui a fait beaucoup de bruit. Je suis d’ailleurs très étonnée d’être la première du Biblioblog à le commenter. Je dois dire que j’ai beaucoup aimé ce livre. Malgré quelques longueurs, voici une intrigue bien ficelée qui vous tient en haleine tout en dressant un portrait de l’histoire de l’Afghanistan qui ne soit pas indigeste. Je connais bien cette histoire je n’ai donc pour ma part rien appris de renversant, mais je crois que ce roman remplit une tache éducative importante si ce n’est qu’en dépeignant une communauté afghane américaine qui vit dans la paix et l’harmonie.
Les mystères de cette quête, de se retour sur ses pas, sont bien tissés et souvent surprenants même si certains symboles sont un peu tirés par les cheveux. On se demande un peu pourquoi Amir, qui n’a jamais été très porté vers la foi, la redécouvre en fin de parcours. Peut-être pour souligner qu’on peut être croyant tout en étant contre les talibans. Peut-être…
Sinon je félicite la psychologie des personnages fine, bien ficelée, intelligente et toute en nuance qui est la véritable force de ce récit qui vous tiendra en haleine.
Par Catherine
Extrait :
Je suis devenu ce que je suis aujourd’hui à l’âge de douze ans, par un jour glacial et nuageux de l’hiver 1975. Je revois encore cet instant précis où, tapi derrière le mur de terre à demi éboulé, j’ai jeté un regard furtif dans l’impasse située près du ruisseau gelé. La scène date d’il y a longtemps mais, je le sais maintenant, c’est une erreur d’affirmer que l’on peut enterrer le passé : il s’accroche tant et si bien qu’il remonte toujours à la surface. Quand je regarde en arrière, je me rends compte que je n’ai cessé de fixer cette ruelle déserte depuis vingt-six ans. L’été dernier, mon ami Rahim khan m’a téléphoné du Pakistan pour me demander de venir le voir. Le combiné collé à l’oreille, dans la cuisine, j’ai compris que je n’avais pas affaire seulement à lui. Mes fautes inexpiées se rappelaient à moi, elles aussi. Après avoir raccroché, je suis allé marcher au bord du lac Spreckels, à la limite nord du Golden Gate Park. Le soleil du début d’après-midi faisait miroiter des reflets dans l’eau où voguaient des douzaines de bateaux miniatures poussés par un petit vent vif. Levant la tête, j’ai aperçu deux cerfs-volants rouges dotés d’une longue queue bleue qui volaient haut dans le ciel. Bien au-dessus des arbres et des moulins à vent, à l’extrémité ouest du parc, ils dansaient et flottaient côte à côte, semblables à deux yeux rivés sur San Francisco, la ville où je me sens maintenant chez moi. Soudain, la voix d’Hassan a résonné en moi : Pour vous, un millier de fois, me chuchotait-elle. Hassan, l’enfant aux cerfs-volants affligé d’un bec-de-lièvre.
Éditions 10-18 - 408 pages
Commentaires
mardi 1 avril 2008 à 12h41
Je l'ai lu assez récemment aussi et j'ai beaucoup aimé. Comme je ne connais l'histoire de ce pays que très superficiellement, j'ai aussi beaucoup appris et j'ai été tentée d'aller fouiner davantage. Un très bon moment de lecture pour moi.
mercredi 2 avril 2008 à 13h49
pas encore lu celui ci, mais il me fait très envie, car du même auteur je viens de lire "Mille soleils splendides": absolument sublime
jeudi 3 avril 2008 à 04h33
Oh, je ne savais pas qu'il avait écrit d'autres livres. Je prends note Sarah. Merci!
mardi 15 avril 2008 à 21h53
La découverte de cet auteur a été une très belle surprise pour moi. Le sujet me faisait peur mais j'avoue que j'ai adoré et que j'ai beaucoup appris. J'attends avec impatience la sortie de Mille Soleils splendides en poche.
dimanche 20 avril 2008 à 12h07
Bon moment, d'accord. On ne lâche pas le livre, on pleure, on s'émeut, très bien. Tous les ingrédients du best-seller. Mais quelle pure production américaine, quel éloignement de la littérature et en particulier de la littérature orientale. Lisez plutôt "L'immeuble Yacoubian" d'Alaa el Haswany. On ne le lâche pas non plus, on y apprend aussi des tas de choses, mais voilà une belle et forte écriture, loin du kitsch, cette fois.
dimanche 4 mai 2008 à 20h46
"Il existe un moyen de te racheter" aurait pu être aussi le titre de ce roman à la fois poignant et intelligent. L'auteur nous plonge, à travers l'histoire de deux enfants liés d'amitié, dans l' Afghanistan ravagé par la guerre. Un événement vient entamer l'amitié des deux amis, des deux demi-frère. Mais l'amour et la paix finissent par avoir raison de la violence et du régime des talibants. Un chef d'oeuvre d'amitié !
jeudi 15 mai 2008 à 14h06
J'ai vraiment été touchée par le film que j'ai vu récemment. J'ai acheté le livre pour continuer le ressenti. Le livre nous aide à mieux cerner la psychologie des personnages. Vraiment, j'ai été marquée par cette bouleversante histoire entre deux garçons amis, une foule de sentiments face à la description de ce pays, de cette culture, de cette amitié. Voilà une oeuvre qui a laissé longtemps une trace en moi. Un bravo particulier au petit Hassan formidablement joué par Ahmad Khan. Son sourire et son regard pur resteront gravés en moi.
samedi 26 juillet 2008 à 21h41
Ce roman, c' est un bouquet de larmes, de sang et d'émotions. J' ai adoré.
jeudi 2 décembre 2010 à 18h12
Une vie dramatique, des existences émouvantes, dans un contexte historique proche rendent complètement crédible ce récit intense.
Ce roman est une redécouverte de l'Afghanistan (historique, cultuelle et culturelle) relatée avec sensibilité, du poids des traditions religieuses ou non (honneur, condition féminine et situation des minorités) de l'influence des choix de nos vies (entre la terrible culpabilité que l'on traîne, la reconstruction lente vers le rachat de l'estime de soi, etc...)
Une première partie sur les souvenirs d'enfance. Une deuxième, courageuse sur la rédemption au cœur même d'un pays déchiré par l'extrémisme. Pour s'acheminer sur une fin ouverte au cœur de l'espoir.
Car il s'agît bien de cela. Quoiqu'il arrive, nous pouvons réellement rester honorables, devenir humbles et meilleurs chaque jour, afin de construire un monde meilleur autour de nous.
Un ouvrage à lire sans modération afin d'humidifier les jolis noenoeils...