Eleni est une femme très discrète et prudente. Dans ces terres reculées et protégées de l'agitation du continent, elle sait quelle est sa place dans la société et au sein de son foyer. Seuls les fous s'aventuraient à lutter contre le ressac de la mer, avait-elle coutume de penser. Alors pourquoi cette petite pièce de bois occupe-t-elle ainsi tout son esprit? Pourquoi avoir eu l'idée saugrenu d'offrir un jeu d'échec à son mari?
Eleni n'est pas la seule à se poser ces questions. Son mari fut le premier étonné de cette bizarrerie. D'autant, qu'à Naxos, non seulement il n'y a que les hommes qui jouent au Trictrac, mais en plus, personne ne connaît les règles complexes du jeu d'échec...
Mais Eleni est de plus en plus attirée par ce plateau et ses pièces mystérieuses. Elle décide donc d'apprendre, en cachette, avec l'aide de son ancien instituteur.
Bertina Henrichs nous propose ici une jolie fable sur l'émancipation féminine. Avec un certains humour, elle dépeint le parcours de cette femme qui va découvrir en plus des règles complexes, des envies de liberté et d'autonomie. L'auteur navigue des pensées d'un personnage à l'autre, nous montrant les différentes facettes de la médaille.
Le roman se lit très facilement, l'écriture est fluide et le propos attrayant. Pourtant, je reste un peu sur ma fin.
Je pense en effet que Bertina Henrichs avait la matière pour construire un roman étoffé et riche de significations. Malheureusement, elle clôt son histoire là où je trouvais que le propos devenait réellement intéressant. Ce qui aurait donc pu être un roman fort et puissant, se résume au final à une gentille histoire. Dommage.
Voir aussi l'avis de Chimère
Du même auteur : That's all right mama
Laurence
Extrait :
[...] elle fut frappée par l'agilité de la reine. Pièce redoutable par excellence, elle régnait sur la partie avec ses avancées rapides et ses capacités multiple. La seule figure féminine avait donc tous les pouvoirs. Cette idée subversive plu à Eleni. Elle faillit éclater de rire, mais se retint pour ne pas réveiller Panis qui n'aurait pas approuvé de tels accès d'hilarité au beau milieu de la nuit. Il fallait absolument qu'elle raconte le coup de la reine à Katherina. Elle ne la croirait pas.
Elle se leva et se servit un verre d'eau avant de poursuivre sa lecture. Quand elle se recoucha enfin, il était quatre heures du matin. Il ne lui restait plus qu'un heure de sommeil. Dans ses rêves, elle vit une armée de figurines fantaisistes foncer sur elle, qui, juste avant de l'atteindre, éclatait en bulles de toutes les couleurs.
Éditions Le Livre de Poche - 156 pages
Commentaires
vendredi 4 avril 2008 à 10h51
J'aime bien les échecs (je sais, je ne sais pas jouer, j'ai renoncé à apprendre... trop compliqué pour moi, mais c'est justement pour ça que ce jeu me fascine ), alors je vais noter cette référence pour plus tard !
vendredi 4 avril 2008 à 14h19
Chère laurence,
ton billet m'intrigue, non pour ta lecture, de qualité, comme toujours, mais à cause du propos de l'auteur. J'ai séjourné à Naxos et, dans cette île, comme partout en Grèce, le jeu d'échecs est -était ?- une réalité familière. On en trouve -on en trouvait, du moins, il y a vingt-cinq ans- dans les cafés grecs (je ne parle pas des abreuvoirs pour touristes) et c'était un plaisir que d'engager une partie contre un grand-père, pour le plaisir de le laisser gagner, de partager l'ouzo ensuite et de le raccompagner enfin chez lui voir les photos de ses frères kapétani (résistants) fusillés par les Allemands pendant la Guerre ou les Anglais ou d'autres Grecs, juste après.
Bien à toi,
jnf
vendredi 4 avril 2008 à 15h02
Je l'ai reçu aussi. je ne l'ai pas encore lu, pour l'instant j'ai juste terminé L'enfant de noé, et je dois dire que je suis très perplexe...
vendredi 4 avril 2008 à 15h24
Décidément ce matin je note beaucoup de livre! Il m'a l'air intéressant celui-là!
vendredi 4 avril 2008 à 18h10
Pimpi : Je te rassure, je suis comme toi ! Je n'ai jamais réussi à intégrer les règles de ce jeu, ce qui ne m'a pas empêché d'apprécier cette histoire.

Pour l'enfant de Noé, je vois que tu as trouvé le billet que je lui avais consacré. Je te réponds donc làbas. 
c'est ça le danger des blogs... Bon, comme je le disais, j'ai trouvé l'histoire sympatique, mais pour moi elle manque quand même d'épaisseur... Tu me diras ce que tu en penses.
jnf : c'est intéressant ce que tu dis là, car tout le roman repose sur cet état de fait. D'après la romancière, le jeu pratiqué à Naxos est le Tric-trac et non les échecs. Mais la période à laquelle est censé se dérouler l'histoire reste assez vague. Ainsi il m'a été difficile de dire si cela se passait dans les années cinquante ou plus tard. Etrange sensation je dois l'avouer...
Choupynette : mais comment tu as fait pour voter alors?
Allie :
vendredi 4 avril 2008 à 20h31
En effet, quel danger tous ces blogs avec leurs livres qu'on a envie de lire! :D (Mais bon, quel plaisir aussi ;))
J'ai tout de même noté ce livre, on verra bien! Je crois que je l'emprunterai...
dimanche 6 avril 2008 à 18h47
En fait, je ne vote que pour la sélection polar, d'une rare indigence jusqu'à présent, cela dit! ma grand-mère reçoit la selection littérature! et je les lis après ;o)
mercredi 7 mai 2008 à 12h32
J'ai lu ce roman le week end dernier, et je suis encore sous son charme; depuis mon esprit vagabonde auprès Eleni à Naxos; c'est délicieux.