Fils de Jeanne, une mère libertine avant l’heure et particulièrement irresponsable, Bruno et Michel auront des destins différents mais finalement unis à travers ce que nous pourrions appeler le déclin de l’humanité. Bruno a un désir sexuel exacerbé mais trouve finalement une paix relative dans la compagnie de Christiane avant que l’histoire se termine tragiquement. Michel a une vie amoureuse et sexuelle nulle, mais il retrouve soudain Annabelle, amie d’enfance et d’adolescence, avec laquelle il liera la seule relation réellement humaine de sa vie.
Michel Houellebecq est l’auteur nihiliste par excellence. J’en avais entendu tellement parlé que je crois que je m’attendais à pire. Évidemment, il s’agit d’une vision unilatéralement sombre de notre société qui remet en question l’humanisme le plus pur. Personnellement, les questions philosophiques du sens de l’existence humaine ne me gênent pas. Cet aspect plus philosophique du livre est celui qui m’a plu davantage. Bizarrement, ce livre m’a surtout semblé particulièrement réducteur pour les hommes tant il est maintes fois répété qu’ils ne peuvent pas aimer (sentiment réservé aux femmes) et qu’outre ressentir du désir sexuel finalement, leur existence est assez vaine. Ajoutons qu’il y a dans ce livre des scènes d’une violence particulièrement crue (bien plus choquante que les scènes sexuelles ou le langage vulgaire) : cœurs sensibles s’abstenir. De plus les longs extraits plus philosophiques ou scientifiques risquent d’en tanner certains au plus haut point.
Bon…
En gros je repense à toutes ces discussions autour de Houellebecq et je me dis : beaucoup de bruit pour rien.
Par Catherine
Extrait :
J’aimerais penser que le moi est une illusion ; il n’empêche que c’est une illusion douloureuse…» dit doucement Bruno ; mais Michel ne sut que répondre, il ne connaissait rien au bouddhisme. La conversation n’était pas facile, ils se voyaient tout au plus deux fois par an. Jeunes, ils avaient eu des discussions passionnées ; mais ce temps était révolu, désormais. En septembre 1973, ils entrèrent ensemble en première C ; pendant deux années ils suivirent ensemble les cours de mathématiques, les cours de physique. Michel était très au-dessus du niveau de sa classe. L’univers humain – il commençait à s’en rendre compte – était décevant, plein d’angoisse et d’amertume. Les équations mathématiques lui apportaient des joies sereines et vives. Il avançait dans une semi-obscurité, et tout à coup il trouvait un passage : en quelques formules, en quelques factorisations audacieuses, il s’élevait jusqu’à un palier de sérénité lumineuse. La première équation de la démonstration était la plus émouvante, car la vérité qui papillotait à mi-distance était encore incertaine ; la dernière équation était la plus éblouissante, la plus joyeuse. Cette même année, Annabelle entra en seconde au lycée de Meaux. Ils se voyaient souvent, tous les trois, après la fin des cours. Puis Bruno rentrait à l’internat ; Annabelle et Michel se dirigeaient vers la gare. La situation prenait une tournure étrange et triste. Début 1974, Michel se plongea dans les espaces de Hilbert, puis il s’initia à la théorie de la mesure, découvrit les intégrales de Riemann, de Lebesgue et de Stieljes. Dans le même temps, Bruno lisait Kafka et se masturbait dans l’autorail.
Éditions J'ai lu - 316 pages
Commentaires
samedi 12 avril 2008 à 10h54
Dans ce cas, je passe même l'idée "qu'un jour peut être, si je n'ai plus rien....".
Merci Catherine
samedi 12 avril 2008 à 11h42
Houellebecq ou L'extase du dégoût ... pour reprendre le titre du chapitre que lui consacre Nancy Huston dans Professeurs de désespoir ...
samedi 12 avril 2008 à 12h50
Pour ma part, cet auteur m'insupporte tellement que je n'ai vraiment pas envie de perdre mon temps à le lire!
dimanche 13 avril 2008 à 14h03
je suis assez d'accord avec ce que tu dis de ce livre, Catherine. J'ajouterai qu'en plus j'avais trouvé le style de Houellebecq assez plat.
dimanche 13 avril 2008 à 17h05
Eh bien, ce que tu dis me conforte dans mon opinion... j'ai jamais été très intéressée par Houellebecq, je ne pense pas lire un livre de lui tout de suite, il y en a tellement qui m'intéressent plus !
lundi 21 avril 2008 à 21h15
J'essaierai peut-être un jour mais je ne suis pas franchement pressée...
mardi 24 février 2009 à 18h12
j'ai rarement lu quelque chose d'aussi pénible, les 300 premi`res page n'ont même pas rapport avec la fin....
à déconseiller
lundi 17 mai 2010 à 02h16
Vous n'avez absolument rien compris de cet œuvre littéraire. Vous voyez les choses qu'en première surface. C'est totalement désolant que vous ne sachiez pas apprécier cette œuvre. Elle vous choque parce qu'elle fait une virulente critique de vos vies minables.
lundi 17 mai 2010 à 08h35
Si la littérature de Houellebecq inspire les injures et l'intolérance, elle n'est décidément pas pour les amateurs de ce blog...
Donc, ma "vie minable" continuera à s'en passer !
Parfois les "innocents" apprennent, en grandissant, que l'on peut discuter sans mordre et qu'on en devient convaincant...
Sylvie
lundi 17 mai 2010 à 14h19
Merci Sylvie, je pense que vous avez trouvé les mots justes.
en effet, il n'est nullement question de censurer ici les avis divergents, mais il n'est pas non plus besoin se montrer agressif ou de se lancer dans des jugements sans fondements. Cela est d'autant plus dommage, chère Innocente, que vous discréditez votre appréciation en la formulant de la sorte. Cela aurait plus constructif si, au lieu de vous intéresser nos petites vies, vous nous aviez fait partager ce qui vous plaît dans l'œuvre de Houellebecq.
lundi 17 mai 2010 à 16h52
Je rejoins Sylvie dans son appréciation de cet auteur que je me suis forcée à lire .Une fois m'a convaincue je ne veux pas y revenir .Je ne crois pas que cela soit seulement un problème de génération ,ma seule crainte est ce coté très noir ,morbide souvent :quelles conséquences peuvent elles en résulter pour ses lecteurs inconditionnels?
dimanche 19 septembre 2010 à 20h21
En marge de "la carte et le territoire"
Perché sur un pan totalement romanesque, un écrivain-bulle
Houellebecq continue de se donner la sainte apparence d’un défenseur des mal lotis. Il y a toujours pire que nous! C’est bien vrai, ça, mon bon monsieur! Mais un doute le taraude qu’il conjure, impérial:
je ne suis pas un réactionnaire, car je ne crois pas au retour possible d’un passé révolu.
Mais depuis quand une définition aussi définitive, en apparence, a-t-elle valeur absolue? S’il y a matière à dévoiler quelque figure réactionnaire, il me semble qu’elle se dissimule avant tout dans le calme d’une unité, qui se figure proprement extérieure au monde, quand bien même, cette figure, pour se grandir et étendre ainsi son domaine, comme la terre vue du ciel, se donnerait à voir en lutte avec elle-même.
Et donc, cet extérieur, s’il peut évidemment se conjuguer au passé, car il faut bien qu’il se raccroche à quelque chose, après avoir exilé le monde, peut, de la manière manière et pour la même raison, flirter avec le présent ou s’élancer en direction du futur. Les réactionnaires aussi, qui ont toujours su pratiquer l’art de la distanciation, savent évoluer avec leur temps. Cela dit, abstraction faite de la sacrosainte écriture! La critique voulait être totale, cette fois, elle l’est!
dimanche 26 septembre 2010 à 11h13
Comment se faire appeler Arthur?
La sagesse est la sottise très-élevée d'une minorité qui s'adresse, pour du beurre, à une immense majorité et même s'en félicite, généralement sous forme d'auto-citations, pour la plupart empruntées, qu'elle nomme des « aphorismes ». Il y a bien une vie heureuse, qui demeure raide et immobile. Comme un lot de consolation, en échange de ces fuites calculées. La terre, en effet, étant peuplée d'imbéciles, quelques-uns au moins sont heureux. Mais tous ne sont pas férus de démonologie bonne et méfiants à l'endroit de Desdémone, non! Cet endroit, dit-on, soit dit en passant, met le monde à l'envers, pire même, le satellise. Mais nombreux sont ceux, parmi ces quelques-uns, qui ont, sur le sujet, le même avis que la masse sus-citée, pensant que la chose n'est pas si terrible, au fond! Car, parmi ces quelques-uns, peu sont de langue allemande. Et peut-être seulement un de ces peu, après 45, a considéré qu'il était heureux qu'il fut philosophe. J'en vois plusieurs et d'avantage qui restent de marbre. La beauté particulière, qui est la leur et seulement la leur, ne doit rien à l'arraisonnement de la nature par le botox. Reste une question: être heureux d'avoir réussi sa vie empêche-t-il d'avoir le sens de l'humour? N'étant pas philosophe, je laisse cette question en suspens et au-dessus de qui veut s'interroger sur le sens du bonheur.
samedi 5 novembre 2011 à 23h00
Je comprends que ce livre magnifique soit rejeté par certains, il pointe le dérisoire (que nous essayons d'occulter) de nos vies d'humains, c'est difficile de regarder en face cette triste réalité.