Dans ce style qui lui est propre et avec beaucoup d'humour, en débutant par un extrait de La Bibliothèque de Babel de Jorge Luis Borges, Eco va tout de même épingler tous les travers des bibliothèques modernes qu'il a pu écumer durant sa vie en tant qu'étudiant et par la suite en tant que professeur et écrivain.
Ne prenez pas peur ! Ce discours n'a rien de pompeux ou d'ennuyeux. Bien au contraire ! Il est fort intéressant même si vous n'êtes pas un professionnel du livre.
Pour ce discours, l'auteur s'est penché sur « les finalités certaines et incertaines d'une bibliothèque ». Il va notamment lister, en vingt points, tout ce qui peut transformer un tel lieu de culture en un véritable cauchemar, s'interroger aussi sur le "photocopillage", les risques de vols d'ouvrages.... etc. Bref, toutes les questions que se posent souvent les bibliothécaires et documentalistes face à l'évolution des besoins des utilisateurs. Comment répondre à La question essentielle : quelle est la finalité d'une bibliothèque ouverte au public ?
Selon une recommandation de l'UNESCO, l'un des buts de la bibliothèque est de permettre au public de lire les livres. Or dans la réalité, qu'en est-il ?
Pour Umberto Eco, il ne serait pas non plus inutile « d'apprendre à respecter le livre, à le consulter » ; d'informer les utilisateurs sur l'existence des bibliothèques dans leur ville, de leur apprendre à utiliser « l'instrument-bibliothèque ». Cela passe également par la communication entre les utilisateurs et les professionnels des bibliothèques. Des idées que je ne peux que partager même si j'en connais toute la difficulté de mise en oeuvre sur le terrain.
Que vous soyez utilisateur ou professionnel d'une bibliothèque, n'hésitez pas à lire ce discours. Il s'agit là une instructive lecture.
Dédale
Extrait :
La notion de bibliothèque est fondée sur un malentendu, à savoir qu'on irait à la bibliothèque pour chercher un livre dont on connaît le titre. C'est vrai que cela arrive souvent mais la fonction essentielle de la bibliothèque, de la mienne et de celle des amis à qui je rends visite, c'est de découvrir des livres dont on ne soupçonnait pas l'existence et dont on découvre qu'ils sont pour nous de la plus grande importance. Bien sûr on peut faire cette découverte en feuilletant le catalogue mais il n'y a rien de plus révélateur et de plus passionnant que l'explorer des rayons où se trouvent par exemple rassemblés tous les livres sur un sujet donné, chose que le catalogue auteurs ne donnera pas, et de trouver à côté du livre qu'on était allé chercher un autre livre qu'on ne cherchait pas et qui se révèle être fondamental. La fonction idéale d'une bibliothèque est donc un peu semblable à celle du bouquiniste chez qui on fait des trouvailles et seul le libre accès aux rayons le permet.
Éditions L'échoppe – 31 pages
Traduit de l'italien par Eliane Deschamps-Pria
Commentaires
mardi 6 mai 2008 à 17h59
ça m'a l'air bien intéressant tout ça ! A l'occasion, si je tombe dessus dans une bibliothèque (LOL), je le prendrai !
mardi 6 mai 2008 à 19h50
Je recommande également.
J'ai lu l'ouvrage plusieurs fois parce qu'il est important dans mon métier. Et ce n'est pas les 30 pages qui le constituent qui sont un obstacle majeur.
En réalité, le plus difficile est de le trouver car il n'est pas réédité et je doute qu'il soit disponible en bibliothèque...
Ceci dit j'ai moyen de négocier la chose pour les intéressés.
mercredi 7 mai 2008 à 07h27
Cœur : Dédale et moi l'avons trouvé à la librairie Livre-sterling et apparemment ils peuvent le commander sans souci.
J'en profite d'ailleurs pour vous dire que Dédale est absente pour le moment, mais qu'elle vous répondra dès son retour.
mercredi 7 mai 2008 à 10h50
Okay.
)
De mon côté je l'ai eu grâce à la Fnac (1ère édition, non coupée... un bonheur
jeudi 8 mai 2008 à 16h45
L'extrait donne envie de lire la suite...
Mais l'extrait ne serait-il pas qu'un résumé de la suite ?
samedi 10 mai 2008 à 13h55
Pimpi, je te confirme que cette lecture est fort intéressante. Et je ne doute pas que dans une bonne librairie tu puisses le commander et l'avoir très vite entre les mains
Coeur, j'ai aussi apprécié ce livre non coupé. Ouvrir les pages au fur et à mesure, c'est comme débarrasser une surprise de son papier cadeau
Georges F, on pourrait effectivement croire que cet extrait n'est qu'un résumé du discours... mais il n'en est rien. Umberto Eco développe de nombreuses idées sur les bibliothèques, leurs organisations, leurs utilisations possibles. On pourrait s'arrêter à cet extrait. mais il serait dommage de passer à côté de ses autres développements surtout que c'est très bien exprimé en plus de n'être point rébarbatif
Tentez cette lecture, vous m'en direz des nouvelles.
jeudi 25 février 2010 à 20h53
En ce moment on peut le lire ici, agrémenté en prime d'un entretien avec son auteur.
jeudi 25 février 2010 à 21h25
« Le livre tel que nous le connaissons n’est pas condamné par les nouvelles technologies, soutient Eco. Vous pouvez le prendre dans votre baignoire sans craindre d’être électrocuté. »
(Umberto Eco, à propos de son livre N'espérez pas vous débarrasser des livres co-écrit avec Jean-Claude Carrière et publié aux Éditions Grasset en octobre 2009)
samedi 27 février 2010 à 17h41
Merci Nicolas Esprime pour votre visite et les liens. le N'espérez pas vous débarrasser des livres est déjà sur ma liste.
jeudi 2 février 2012 à 12h35
Peut-on considérer "De Bibliothéca" comme une nouvelle vues la concision et la briéveté du texte remarquable d'Umberto Eco ?
jeudi 2 février 2012 à 23h20
Personnellement, je le classerai plutôt dans les "essais". Même court, ce texte a une portée pédagogique certaine et peu, voire pas, de trame narrative.
samedi 4 février 2012 à 12h07
Delaforest, Coeur, à mon sens, De Bibliotheca, n'est ni une nouvelle, ni un essai. L'auteur lui même le présente comme un discours prononcé par lui lors des festivités du vingt-cinquième anniversaire de la bibliothèque communale de Milan dans le Palais Sormani. Les essais de U. Eco sont nettement plus copieux et tout aussi intéressants