Martin Harris, ressortissant américain vivant sur le sol français, sort de l'hôpital après un coma d'une semaine provoqué par un accident de la route. Il rentre tranquillement chez lui, étonné tout de même que sa femme ne se soit pas inquiété de son absence, quand le monde s'écroule autour de lui : dans son appartement, il y a un autre homme qui se présente sous le même nom que lui, et pire que tout, sa femme ne semble pas le reconnaître et infirmer l'identité de l'Autre.
Martin se précipite donc au commissariat et porte plainte pour usurpation d'identité. Mais l'Autre a des papiers en règle, personne n'est en mesure de prouver que l'Autre n'est pas lui.

L'usurpation d'identité n'est pas en soi un sujet très original. Et malheureusement, Didier Van Cauwelaert ne révolutionne pas le genre avec ce roman.
Certes, il apporte certains éléments qui rendent le récit troublant : ainsi, la femme de Martin ne le reconnaît pas, l'Autre dispose de l'intégralité de ses souvenirs, et aux USA tout le monde semble l'avoir oublié. De fait, le lecteur se prend rapidement au jeu et tente d'échafauder divers scénarios : Martin est-il victime d'une machination? Est-il lui-même un imposteur?
Mais cela ne suffit pas à faire un bon roman. L'écriture est assez plate et le dénouement final plutôt décevant : une impression de précipitation et de travail mal fini.
En fait ce que j'ai le plus aimé, ce sont les à côtés du récit : Martin Harris est botaniste, et Didier Van Cauwelaert en profite pour nous retranscrire quelques anecdotes, scientifiquement justes, sur l'étrange pouvoir des plantes. Des plantes appelées comme témoins pour une affaire criminelle, voilà qui est pour le moins inattendu !

Évidemment, je savais en ouvrant ce livre qu'il ne fallait pas que je m'attende à un récit bouleversant. Mais tout de même, j'aurais aimé une intrigue plus travaillée et une écriture plus soignée. Voilà un roman que j'oublierai aussi vite que je l'ai lu.

Du même auteur : Un aller simple, La demi-pensionnaire

Voir aussi l'avis d'Allie.

Laurence

Extrait :

Un homme en pyjama me dévisage à crontre-jour. Les mots retombent dans ma gorge.
- C'est vous qui avez sonné à l'interphone?
Je lui demande ce qu'il fait là.
- Comment, ce que je fais là?
- Chez moi.
- Chez vous?
La sincérité de sa surprise me désarçonne. Concentré sur son visage dont je commence à distinguer les traits, je lui précise avec un effort de neutralité que je suis M. Harris. Il sursaute. Les idées se bousculent dans ma tête, les plus dérisoires, les plus démentes. Ma femme connaît un autre homme, elle l'a installé ici pendant que j'étais à l'hôpital.
- Liz!
On a parlé d'une seule voix. Elle apparaît sur le seuil de la salle de bains, en culotte et chemise noire. Je fais un pas dans l'appartement, il s'interpose. Elle demande ce qui se passe. Elle lui demande ce qui se passe.
- Rien, répond-il. Une erreur.
Elle me regarde. Mais pas comme le ferait une épouse qu'on prend en flagrant délit d'adultère. Comme une inconnue qu'on aborde, qu'on importune et qui se détourne.
- Tu gères, lui dit-elle.
Et elle disparaît dans la cuisine.

Hors de moi - Didier Van Cauwelaert
Éditions Le Livre de Poche - 216 pages