Comme je le fais régulièrement pour me préparer à des représentations d'opéras ou pour poursuivre l'aventure après, je me suis intéressé à ce roman après que j'ai vu une représentation filmée de l'opéra Manon de Jules Massenet dont le livret en est inspiré. En lisant le roman, je n'ai pu m'empêcher d'imaginer ces personnages incarnés par Natalie Dessay et Rolando Villazón. Cependant, l'opéra fût-il très bon, l'action y est resserrée et les personnages assez différents par rapport au roman. La lecture s'est donc avérée encore plus intéressante que prévue.
Après un court récit-cadre, la parole est donnée au chevalier des Grieux. Il fait le récit de ses infortunes avec candeur et passion. De ses inquiétudes et des mouvements de son cœur, il ne nous épargne aucun détail.
La précision de la narration rend l'histoire tellement réelle et les sentiments sont si omniprésents que la lecture produit une grande illusion de conversation intime avec le chevalier des Grieux.
Enfin, le chevalier parle tellement bien que c'est un véritable plaisir de l'écouter. Je suis très sensible au charme suranné de cette langue où fourmillent les imparfaits du subjonctif...
Par Joël
Extrait :
Elle me répondit des choses si touchantes sur son repentir, et elle s'engagea à la fidélité par tant de protestations et de serments, qu'elle m'attendrit à un degré inexprimable. Chère Manon ! lui dis-je, avec un mélange profane d'expressions amoureuses et théologiques, tu es adorable pour une créature. Je me sens le cœur emporté par une délectation victorieuse. Tout ce qu'on dit de la liberté à Saint-Sulpice est une chimère. Je vais perdre ma fortune et ma réputation pour toi, je le prévois bien ; je lis ma destinée dans tes beaux yeux ; mais de quelles pertes ne serai-je pas consolé par ton amour ! Les faveurs de la fortune ne me touchent point ; la gloire me paraît une fumée ; tous mes projets de vie ecclésiastique étaient de folles imaginations ; enfin tous les biens différents de ceux que j'espère avec toi sont des biens méprisables, puisqu'ils ne sauraient tenir un moment, dans mon cœur, contre un seul de tes regards.
Éditions Librio - 156 pages
Commentaires
samedi 24 mai 2008 à 12h53
Oups... je l'ai chez moi et je pensais que c'était une histoire de couvent... je pense que la réelle histoire risque de m'intéresser plus que celle que j'avais imaginée! Je me sens un peu - beaucoup - inculte, ce matin!!!
samedi 24 mai 2008 à 16h16
Oula, je l'ai lu en 1ère pour mon Bac de Français celui-ci. Le titre faisait partie des "lectures obligatoires fortement conseillées par le prof". Donc pas moyen d'y couper. Et de souvenir j'avais trouvé l'histoire assez banale mais intéressante la structure narrative.
samedi 24 mai 2008 à 22h05
Je n'ai pu participer à l'énigme et je le regrette bien. C'est un plaisir de saluer les beaux textes. En fait, ce roman est un extrait d'un ensemble plus vaste, Mémoires et aventures d'un homme de qualité, dont les manuels et les littératures disent bien rapidement qu'il ne vaut que par l'épisode dit de Manon Lescaut. J'y ai pourtant trouvé d'autres passages passionnants.
Merci, en tout cas !
dimanche 25 mai 2008 à 09h16
Et bien moi, j'avoue ne jamais l'avoir encore lu... Mais ton billet a aiguisé ma curiosité, je regarderai donc s'il est disponible à la bibliothèque.
dimanche 25 mai 2008 à 09h31
C'est vrai qu'il parle bien le chevalier Des Grieux. Je note ce titre, rien que pour le plaisir de la langue
Merci Joël.
dimanche 25 mai 2008 à 18h01
Je me souviens avoir lu ce roman quand j'étais au lycée et à l'époque, je l'avais adoré. En faisant le tri dans mes livres, je viens de retomber dessus et je me suis souvenu du plaisir que j'avais eu à lire ce roman, à me perdre dans cette belle langue.... vraiment une lecture que je recommande à tous, moi aussi !!!