C'est un roman absolument époustouflant. Ketil Björnstad déroule sa partition avec talent et retenue. Après la violence du prélude, le premier mouvement laisse le temps au lecteur de s'imprégner du phrasé si particulier de l'auteur. Ketil Björnstad imprime un rythme volontairement lent pour que les émotions et la tension dramatique prennent toute leur puissance : on pressent que le chemin de ces jeunes pianistes est semé d'embûches et de croches en tous genres.
Quand le second mouvement démarre, le rythme s'accélère et le premier drame peut intervenir. Ce second mouvement est assez court, et le lecteur comprend qu'il n'est que l'annonce d'un final bien plus douloureux.
Dans le troisième mouvement, enfin, tous les éléments, mis en place précédemment, trouvent un écho, une solution. On est totalement pris dans la musique de l'auteur, on retient son souffle, on écoute même les silences.
Ce qui pourrait se résumer à un simple roman initiatique de plus dans la production littéraire, prend ici toute son ampleur et sa raison d'être. Ketil Björnstad a parfaitement su allier son propos à la forme. On reste un peu sonné à la sortie de cette histoire, hypnotisé par le charme de cette mélodie infiniment triste et poignante.
Voir aussi les avis de Papillon, Laure et Chimère.
Laurence
Lauréat 2008 du Prix des lecteurs du Livre de Poche.
Extrait :
Je sens des yeux plantés dans mon dos. Les étudiants ne cessent de nous fixer. Quoi de plus normal, me dis-je, face à une fille aussi extraordinairement belle. Mais là n'est pas toute la vérité. Ils nous observent car nous sommes deux originaux. Oui, nous ne sommes pas comme les autres. Nous venons de nous extraire de notre musique, nous nous accordons une pause bien méritée loin de nos piano respectifs. Mais ce sont eux et eux seuls qui vont nous guider dans la vie, et la musique sera notre langage lorsqu'il s'agira de nous comprendre. Je me dis que nous sommes assis là, sur notre banc, semblables aux représentants d'une secte.
Éditions Le Livre de Poche - 443 pages
Commentaires
mercredi 4 juin 2008 à 10h32
J'ai lu beaucoup lu de critiques négatives sur ce roman mais la tienne pique ma curiosité et le sujet m'intrigue! Je le note pour en avoir le coeur net!
mercredi 4 juin 2008 à 13h10
Les avis sont vraiment partagés sur ce roman! Mais comme il m'attend dans ma PAL... je le lirai certainement!
mercredi 4 juin 2008 à 17h39
.
... Me voilà, comme je vous le disais sur l'autre rive, en promeneur dans votre Biblioblog ...
Clin clément à vous,
en douce,
frédériC
mercredi 4 juin 2008 à 19h52
Mimienco et Karine : j'espère que vous ne serez pas déçue car je réalise tout le poids de ma responsabilité en cas de déception...
FréderiClément : bonjour, il fait bon aussi de ce côté de la rive. Mais je ne tarderai pas à aller par chez vous, soyez rassurez.
mardi 19 mai 2009 à 20h17
Frustrant..
jeudi 21 mai 2009 à 15h07
J'ai beaucoup aimé ce livre. Ces jeunes pianistes, qui attendent autant de la musique que de la vie, sont proches des adolescents rêveurs et passionnés, égocentriques et un peu tristes.
C'est un très beau livre. Et si le style n'est pas inoubliable, les personnages, eux, nous accompagneront longtemps.
lundi 29 juin 2009 à 22h09
En lisant ton avis, je me rends compte que je suis décidément passée complètement à côté du livre! Je n'y ai rien compris. C'est dommage!
samedi 23 janvier 2010 à 22h13
Un livre tout en tension, en retenu, qui m'a provoqué des frissons à chaque fin de chapitre. Et dieu sait s'ils sont nombreux. En un mot: splendide.
dimanche 24 janvier 2010 à 17h58
Merci L'ange Luce pour cette remontée de billet et de souvenirs.