Sur le chantier, le contremaître Fisk fait la loi, accompagné de Rex, son chien furieux. Personne ne résiste à Fisk, ni à sa colère, ni à sa corruption. Or, Martin Bishop, dit le jeune, a retenu la leçon de son père : le bien et le mal existent, et il persiste à vouloir s’asseoir du côté du bien. Dans la taïga du Grand Nord, sa position morale jure souvent avec les ouvriers sortis des asiles, des prisons, rescapés de la guerre.

Après avoir réussi à apprivoiser Rex, Martin Bishop s’opposera à Fisk et au couque Prud’homme. Il ira rapidement rejoindre ceux que l’on appelle les craqués. Tous jetés à la porte du chantier, les craqués sont contraints de tenter de survivre dans cet univers inhospitalier. Convaincu que le bien doit triompher, Martin Bishop cherchera une façon de tous les sortir de là.

Mais est-ce qu’une seule épaule à la roue du Bien peut vraiment contrer le Mal ?

Voilà un roman d’aventure dont on m’avait dit le plus grand bien. Tellement qu’au départ j’ai été un peu déçue. Pour finalement me laisser complètement habiter par cet univers particulier et souvent lent. Martin Bishop est tellement neuf dans cet univers de violence et cette violence tellement crue, aussi crue que le paysage du Nord canadien. Le plus fort et troublant sentiment de ce livre est celui de l’embuscade : mais y a-t-il une sortie à cet enfer ? La fin m’a un peu déçue, en ce sens où j’aurais voulu mieux comprendre la source de tout ce mal, particulièrement de la part d’un des personnages qui est particulièrement fou furieux. Mais nous resterons sans réponse.

Une mention spéciale pour l’excellente traduction québécoise de ce roman écrit en anglais. Je savais que les Éditions de la Pleine lune étaient reconnues pour la qualité de leurs traductions et j’acquiesce. Le ton est juste et aussi nord-américain que l’intrigue.

Par Catherine

Extrait :

À l’aube le camp était dans un état de désolation extrême. Des hommes étaient éparpillés sur le sol là où ils s’étaient écroulés ivres morts ou assommés par des chaussettes bourrées de pommes de terre. D’autres le visage noirci de cendres s’étaient couchés près des feux et leurs vêtements portaient des marques de brûlures d’étincelles. Les feux fumaient dans le quadrilatère où les hommes allongés dormaient. Une légère brise attisait les braises et soufflait la fumée jusqu’aux arbres.

Certains hommes bougeaient et pérégrinaient vers le bois pour se soulager ou s’installaient dans les bécosses souillées de vomi. D’autres titubaient dans leurs rêves insomniaques et erraient dans les décombres comme des ombres désœuvrées. La plupart dormaient en travers de la couchette sur laquelle ils étaient fortuitement effondrés.

Le couque émergea de son garde-manger. Les escaliers craquèrent sous son poids. Puis Grease et Scully en émergèrent à leur tour. Ils descendirent voûtés les marches derrière lui transportant chacun un ballot d’effets personnels du chef.


Éditions de la Pleine Lune - 300 pages
Disponible en France aux éditions du Castor Astral dès Août 2008