Pour ceux qui ne connaîtraient pas le Taj Mahal, l'une des 7 nouvelles merveilles du monde, il s'agit d'un mausolée commandé par l'empereur moghol Shâh Jahân pour commémorer la mémoire de son épouse bien aimée. L'édification en elle-même durera plus d'une décennie et requerra 20 000 personnes, travaillant sous les ordres de l'architecte Ustad Ahmad.

Voici donc le décor de cette fresque historique. Si je parle de décor, c'est que le protagoniste principal n'est pas ce joyau de l'architecture, mais la princesse Jahanara, fille de  Shâh Jahân et Muntaz Mahal.

Sous un ciel de marbre est donc la biographie romancée de cette femme qui sera chargée d'assister l'architecte dans son entreprise démesurée, tout en essayant de préserver la paix dans son pays. Jahanara a deux frères aussi distincts que le jour et la nuit : Dara, le sage, aimerait réunir hindouistes et musulmans; Aurangzeb, le guerrier, rêve de prendre le trône et de soumettre les territoires voisins. Bien sûr, il faut ajouter à cela la touche « romantique », et Jahanara tombe amoureuse de celui qu'elle ne peut aimer.

Toute la première partie du roman se lit vite et facilement : on est pris dans les intrigues royales et l'on suit avec curiosité la construction de l'édifice. Une fois le Taj Mahal achevé (à la moitié du récit environ), le roman se poursuit avec les nombreuses tentatives d'assassinats, les fuites, les emprisonnements et les complots qui opposeront Jahanara et  Aurangzeb. Malheureusement, le rythme ici s'essouffle rapidement, les longueurs sont de plus en plus indigestes et l'on sombre même parfois dans le roman sirupeux.

Laurence

Extrait :

« Isa, avez-vous envie de bâtir quelque chose de grandiose, quelque chose qui restera quand vos os ne seront plus que poussière? »
L'architecte se tourna vers père. « Pourrais-je vous demander... ». Il s'interrompit. Bien qu'il eût l'air confiant, sa voix contenue semblait contraster avec son tempérament. «  Et que serait cette chose, Votre Majesté?
- Le Rauza-i Munavvara.
- La... tombe de lumière?
- Je veux qui vous construisiez un mausolée pour ma femme. », dit père. Il referma convulsivement ses mains l'une sur l'autre en évoquant ma mère. L'espace d'un instant, je craignis de la voir pleurer, mais, maîtrisant ses émotions, il reprit : « Quand vous aurez fini, je voudrai que ce soit le plus beau monument du monde, parce qu'elle était certainement la plus belle des femmes. »


Éditions Le Livre de Poche - 511 pages