Une ville allongée sous l'épiderme suivi de Découpant l'asphalte en tranches de toi - Romain Fustier

Une ville allongée Je viens de terminer, que dis-je, savourer, déguster, un petit bijou de douceur, d’amour fou et tendre.
Il est des lectures qui vous font du bien dès les premières lignes, ici dès les premiers vers.

La poésie de Romain Fustier est tout cela à la fois. C’est frais comme un jardin qui s’ébroue après une ondée de printemps. Aucun de ses textes ne laisse insensible. Si vous avez le moral un peu gris, lisez donc ce recueil et vous aurez envie de marcher pieds nus dans l’herbe verte, de vous laisser aller aux surprises et à la beauté de la vie.

Vous êtes déjà sous le charme dès la lecture des titres pour la couverture. Une ville allongée sous l'épiderme ou Découpant l'asphalte en tranches de toi.... tout un programme amoureux, musical, la musique des mots. Tout un poème !

Avec une écriture où le travail de contraction, de simplification sublime les mots doux d’un amoureux pour sa belle ou les moments du quotidien, une onde de bonheur tout simple vous envahira. Les lieux sont suggérés, les décors presque virtuels mais importent-ils vraiment ? L’essentiel n’est-il pas dans les sentiments, les sensations, les menus délices d’une tomate toute fraîche ou l’éblouissement devant le petit point vert d’une luciole caché sous les hortensias. ?
La seule difficulté que vous pourriez rencontrer avec les poèmes de Romain Fustier sera de déterminer celui que vous aimerez le plus. Bon courage !

Dédale

Extrait :

il flotte une odeur de gravier mouillé après
la pluie de sorte qu’elle a l’impression de
revivre en allant à la fenêtre armée d’une
envie de courir à travers champs cette nuit
où elle ignore l’avis de tempête réitéré au
journal du soir carte de France à l’appui elle
s’en moque et déplie le rose du couchant
humant le parfum des feuillages humides
telle l’eau de toilette de son regard odorant

elle a disposé une bibliothèque de lit afin de
s’évader entre les pages des oreillers qu’elle
feuillette sous le drap où l’intrigue se froisses
se déploie en vagues de coton qu’on corne
dans le coin qu’on tourne d’un doigt humide
donnant vie à nos personnages de lecteurs
allongés le long des couvertures cartonnées
nous livrant de nuit à un sommeil de papier
surfin vélin d’arches avant de nous assoupir