Henrik Vanger a en effet engagé Blomkvist pour une tâche étonnante: sa nièce favorite Harriet est disparue de l'île familiale il y a près de 40 ans. Henrik est convaincu qu'elle a été assassinée par un membre de la famille, famille pleine de personnages inquiétants, ayant frayé avec le nazisme et l'extrême droite. Blomkvist commencera l'enquête sans trop y croire surtout parce que Vanger lui promet de lui offrir la tête du magnat de la finance qui vient de le ridiculiser publiquement. À sa grande surprise, Blomkvist finira par avoir cette histoire sous la peau et vouloir à tout prix trouver la solution.

En parallèle, Lisbeth a été amenée à s'intéresser à Blomkvist par un des contrats qu'elle a eu pour faire un portrait détaillé de la personne. Demandé par son patron chez Milton Security, Dragan Armanskij, ce contrat s'est achevé depuis quelques temps quand elle aura la surprise de voir Blomkvist débarquer chez elle, premier à avoir compris son petit secret: Lisbeth n'est pas juste une fouineuse, c'est une pirate informatique redoutable. Ils feront alors équipe pour résoudre l'énigme Vanger et ensuite pour écraser le magnat de la finance et réhabiliter Super Blomkvist.

J'avais entendu qu'il y avait trop de personnages et qu'avec les noms suédois et tout on perdait le fil surtout au début: pour ma part tout a été bien à ce niveau. Mes critiques à Stieg Larsson sont plutôt au niveau du style: certaines redondances dans les détails (les listes d'épicerie sans intérêt, les scènes qui tournent autour des relations sexuelles sont toujours les mêmes, des dialogues parfois inutiles, etc.). J'ajouterais qu'il est quand même bien pratique d'avoir dans ses cartons un personnage qui est un des meilleurs pirates informatiques du monde: c'est comme une bonne fée! Mais des fois ça donne des raccourcis un peu facile!

Ce sont mes seules critiques. Tout le reste est génial: on embarque à fond. J'en ai fait de l'insomnie. Il faut dire que ce premier tome est particulièrement apeurant mettant en scène à la fois l'extrême droite, d'étranges sectes religieuses, des pervers sexuels, etc. Le roman bascule particulièrement vers la page 300. La scène de la rencontre entre Blomkvist et Salander fera une excellente scène de film le jour où ils en feront un (c'est qu'on n'en doute pas!). En fait, la relation entre les deux est la force de ce livre, elle est stimulante et intéressante. Évidemment, c'est un roman très politique, ouvertement féministe même si dans le tome I on s'attaque surtout à des pervers isolés... les choses se compliqueront dans le tome II!

PS quant à la traduction: Il y a eu assez de prises de bec publiques sur la traduction française de Millénium, je ne suis pas une spécialiste mais rien ne m'a marquée sauf... Sauf quand en page 10 (c'est ce qui s'appelle mal commencer!), les traducteurs écrivent une note pour nous expliquer ce qu'est la Sapö «l'équivalent de notre DST». C'est quoi l'idée. L'Organisation internationale de la francophonie considère qu'il y a 170 millions de francophones dans le monde dont moins de 50% sont Français. «Notre DST...». Il me semble que les traducteurs français devraient avoir compris, rendu en 2008, que leur travail ira partout à travers le monde. Ils peuvent bien utiliser des régionalismes quand ça leur semble approprié, mais là pour une note explicative, le 'notre' me semble un peu fort et la référence à la DST un peu absconse.

Voir aussi la présentation de la trilogie, La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette (Millénium Tome 2) et La reine dans le palais des courants d'air (Millénium Tome 3)

Par Catherine

Extrait :

Ce jour-là, Lisbeth Salander était vêtue d'un tee-shirt noir avec une image d'E.T. exhibant des crocs de fauve, souligné d'un I am also an alien. Elle portait une jupe noire dont l'ourlet était défait, un court blouson de cuir noir râpé, ceinture cloutée, de grosses Doc Martens et des chaussettes aux rayures transversales rouges et vertes, montant jusqu'aux genoux. Son maquillage indiquait qu'elle était peut-être daltonienne. Autrement dit, elle était extrêmement soignée.

Armanskij soupira et posa son regard sur la troisième personne présente dans la pièce - un visiteur d'allure vieux jeu affublé de lunettes aux verres épais. L'avocat Dirch Frode avait soixante-huiy ans et il avait insisté pour rencontrer personnellement le collaborateur auteur du rapport pour lui poser des questions. Armanskij avait essayé d'empêcher la rencontre au moyen de faux-fuyants, disant que Salander était grippée, qu'elle était en déplacement et accaparée par d'autres boulots. Frode avait répondu avec insouciance que ce n'était pas grave - l'affaire n'était pas urgente et il pouvait sans problème attendre quelques jours. Armanskij avait juré tout bas mais, au bout du compte, il n'avait pas trouvé d'autre solution que de les réunir, et à présent maître Frode observait Lisbeth Salander avec une fascination manifeste. Salander répondit avec un regard furibond, sa mine indiquant clairement qu'elle n'avait aucune sympathie pour lui.

Armanskij soupira encore une fois et regarda le dossier qu'elle avait posé sur son bureau, barré du titre CARL MIKAEL BLOMKVIST. Le nom était suivi d'un numéro de sécur, méticuleusement écrit sur la couverture. Il prononça le nom à voix haute. Cela sortit maître Frode de son envoûtement et il tourna les yeux vers Armanskij.

- Eh bien, que pouvez-vous me dire sur Mikael Blomkvist? demanda-t-il.

Millénium 1 - Les hommes qui n'aimaient pas les femmes
Actes Sud - 575 pages