Charles, qui avait la réputation d'être un être sociable et communicatif, est devenu taciturne et violent. Le psychiatre se demande si ce changement de personnalité est dû au traumatisme de l'attentat ou à une cause plus profonde...
Charles finit par quitter l'hôpital, mais le retour à la vie civile s'annonce particulièrement difficile, d'autant que tout contact physique le met dans une rage folle. Son ex-fiancée, Jennifer Morley, en a d'ailleurs fait les frais quelques jours seulement avant sa sortie de l'hôpital.

Brian Jones, super intendant de la police métropolitaine, enquête depuis quelques mois sur d'étranges meurtres : des hommes d'un certain âge ont été retrouvés assassinés à leur domicile. Le mode opératoire semble être le même : des agressions extrêmement violentes, les crânes défoncés, mais aucun signe d'effraction. Les victimes, anciens combattants de l'armée anglaise, fréquentaient les milieux gais.

Deux récits qui vont donc se croiser comme c'est souvent le cas dans le genre du polar. Bien évidemment, le lecteur cherche à comprendre comment Charles est lié aux meurtres qui occupent la police.
Minette Walter dynamise son récit en alternant les points de vue et les modes narratifs (mail, rapports de police, extraits de journaux...), même si le plus souvent on suit l'intrigue à travers les yeux de Charles. Bien qu'il n'y ait là aucune révolution du genre, on se laisse prendre par la main sans difficulté et l'on se perd dans les méandres du cerveau d'Acland.
Quelques-uns des personnages secondaires sont assez bien traités comme celui de Jackson, femme de poigne, étrange mélange de médecin et d'haltérophile.

Maintenant, je suis loin de partager le commentaire dithyrambique de la quatrième de couverture qui annonce que le suspense à la limite du soutenable, atmosphères oppressante, cynisme mordant contribuent dans ce roman à dévoiler un drame récent : le retour au pays des soldats brisés par la guerre en Irak.
Si le récit de Minette Walter effleure effectivement les problèmes que rencontrent les ex-soldats, il s'agit ici d'un parcours singulier et l'on ne peut en aucun cas faire tenir à ce roman un propos plus universel sur les traumatismes des soldats rentrant au pays.
Quant au suspense à la limite du soutenable.... on sent vraiment ici le slogan sensé faire vendre. Certes L'ombre du Caméléon se laisse lire et vous offre un moment de détente agréable, mais ce n'est vraiment pas l'un des meilleurs polars que j'ai lus cette année. D'autant, que j'ai assez vite compris les tenants et aboutissants. Si donc j'ai continué ma lecture, c'est moins pour le suspense que pour le profil des personnages.

Laurence

Extrait :

Parfois, Acland se réveillait au milieu de la nuit, persuadé que ses plaies grouillaient de vers en train de dévorer ses chairs à nu. Enfant, il avait vu un mouton mourir terrassé par un essaim de mouches dont les larves l'avaient rongé de l'intérieur. Cette image le hantait encore. son subconscient lui disait que ses yeux étaient les portes d'accès à son cerveau, et il se réveillait en sursaut en frottant son orbite vide pour contenir les assauts fulgurants de la migraine. Mais il gardait dela pour lui de peur qu'on lui diagnostique des tendances paranoïaques.


Éditions Robert Laffont - 400 oages