Mikael Blomkvist, aussi connu sous le nom de Super Blomkvist, est un journaliste réputé qui a une série d'admirateurs, mais aussi un nombre non-négligeable d'ennemis. Il est le héros de cette série de romans. Homme à femmes, outre sa relation avec Erika, il entretient un certain nombre d'autres relations sans attache mais toujours dans le plus grand respect de ses partenaires. Mikael est probablement ce qui peut apparaître comme le moins macho qu'un homme puisse être malgré sa réputation de tombeur. Il a une fille de 16 ans très peu présente dans la série mais qui jouera tout de même un rôle décisif dans le tome I. Mikael est un progressiste qui croit à la nécessité de dénoncer les abus, ce n'est pas pour rien que Lisbeth le qualifiera souvent de 'premier de classe'.
Lisbeth Salander, l'héroïne de la série, est en effet un personnage plus complexe. Pirate informatique, fouineuse hors-pair, c'est en fait une surdouée dotée d'une mémoire photographique exceptionnelle mais qui est considérée par l'administration suédoise comme incapable (elle n'a même pas terminée le collège et elle a passé plusieurs années en institutions psychiatriques). Elle a un look étonnant, d'une constitution anorexique, sans poitrine, elle ressemble à une adolescente gothique. Lisbeth prend soin de sa mère gravement malade, a une soeur jumelle qui ne lui ressemble pas et dont elle ignore ce qu'elle fait de sa vie et surtout peu d'amis. Elle respecte son premier tuteur Palmgren qui vient de sombrer dans le coma au début du tome I, elle respecte son patron chez Milton Security, elle a une amie et amante occasionnelle Miram Wu dont le rôle sera important dans le tome II, quelques amies membres du groupe rock les Evils Fingers et c'est tout. C'est tout jusqu'à sa rencontre avec Mikael Blomkvist qui changera sa vie.
La relation entre Mikael et Lisbeth est une des forces de cette série: relation intelligente, faite d'émotions et de respect intellectuel. Mikael est un défenseur de la veuve et de l'orphelin, un petit soldat qui veut que les méchants soient publiquement dénoncés. Lisbeth est cynique: sa vie (voir le tome II) lui a montré que les institutions ne pouvaient rien pour elle. Ce choc de culture est justement ce qui leur permet d'avancer ensemble et de résoudre des enquêtes, mais ce qui crée aussi une certaine zone de tension. L'autre force de la série, ce sont les intrigues complexes et haletantes. Finalement, Millénium est une série profondément politique et qui soulève des questions sociologiques importantes.
Cela nous pousse à parler de l'auteur Stieg Larsson qui comme beaucoup le savent est mort subitement après la remise du 3e tome. Il prévoyait faire 10 tomes! Stieg Larsson était un journaliste d'enquête économique (tiens tiens), rédacteur en chef de la revue Expo (tiens tiens), publication de gauche spécialisée dans la dénonciation de l'extrême droite suédoise. Féministe avoué (les hommes sont quand même rares à s'en vanter!), Larsson a fait sa carrière en dénonçant, l'extrême droite, le racisme, le patriarcat et les abus du capitalisme. Rassurez-vous, Millénium n'a rien d'autobiographique, mais Blomkvist ressemble à un alter ego de l'auteur.
Revenons brièvement sur les controverses: la succession et la traduction. Larsson n'était pas marié avec la femme qui a partagé sa vie, résultat, elle n'hérite de rien et doit s'opposer au frère et au père de l'auteur qui sont les héritiers désignés (quelle ironie pour quelqu'un qui s'est battu toute sa vie pour les droits des femmes!). Résultat: la Suède vit un vrai feuilleton autour de la succession de Larsson et des droits d'auteur de Millénium. En France, un débat a explosé quant à la traduction de Millénium. Je ne rentrerai pas dans les détails mais disons seulement qu'on semble clairement devant un cas où les impératifs commerciaux (sortir le livre en français le plus rapidement possible) ont empêché un travail littéraire le plus parfait possible.
Un commentaire critique plus général me pousse à dire d'une part que le tome I ne ressemble pas aux autres. Je ne dirais pas que j'ai moins aimé le deuxième et le troisième, mais ils ressemblent plus à des romans d'espionnage tandis que le premier relève plus du roman d'enquête traditionnel. J'ai trouvé cela excellent (preuve à l'appui, j'ai peu dormi dans les deux dernières semaines). Dans chacun des tomes il y a au moins un moment où il s'avère impossible de ne pas tourner la page! Malgré cela, je trouve la réputation de Millénium un peu surfaite. Ça n'a rien de révolutionnaire, le rythme et les ressorts de l'intrigue semblent parfois calqués sur un film américain (voir le procès dans le tome III), et les personnages sont vraiment clairement définis: il y a les bons, et les méchants.
Aujourd'hui et demain seront consacrés aux résumés et aux commentaires sur les trois tomes.
Les critiques détaillées de chaque tome :
Les hommes qui n'aimaient pas les femmes (T1)
La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette (T2)
La reine dans le palais des courants d'air (T3)
Par Catherine
Éditions Actes Sud - 1936 pages
Commentaires
dimanche 24 août 2008 à 09h09
ah... cette série du Millénium... Il faudra bien un jour que je m'y mette (Dédale a elle aussi été enchantée par cette trilogie)... Mais cette année, avec les pavés que nous a proposés le Livre de Poche, je crois que j'ai besoin de romans plus courts pour un petit moment. En tout cas, j'attends cet après-midi pour lire tes impressions détaillées sur le premier tome.
dimanche 24 août 2008 à 11h31
Catherine, quel billet !! Je me suis aussi plongée dans cette série mais je n'ai pas eu ton courage pour me lancer à écrire des billets dessus

Laurence, j'ai les trois tomes à la maison... Fais moi signe quand tu seras prête. Ce ne sont que trois pavés.. mais qui se lisent vite
Rendez-vous est pris pour la suite de cette présentation.
dimanche 24 août 2008 à 11h55
+1 ici.

Je vais prendre le temps de le lire, mais pas tout de suite.
Je me suis acheté le premier volume sur la garantie des pubs que j'ai vu un peu partout et de la notoriété de l'auteur. Ainsi que sur les conseils de Dédale
Mais je ne l'ai pas encore ouvert.
Il trône cependant en bonne dans ma PAL.
Bien sûr, dès que je l'aurais lu, je viendrais mettre mes impressions
dimanche 24 août 2008 à 16h55
C'est bien vrai qu'il faut le dire: ce sont de faux pavés. D'abord c'est écrit gros et ça se lit tout seul!
dimanche 24 août 2008 à 21h00
je trouve ton résumé assez intéressant mais je pense que quelques détails auraient pu être mis de côté car pas très important ou au contraire, trop révélateur pour ceux qui ne l'ont pas lu. Enfin, peu importe à vrai dire...
Comme toi, j'ai moins aimé le 3è tome même si je n'ai pu m'empêcher de tourner les pages comme tu dis si bien.
Je pense aussi que, pour Blomvkist et son côté "homme à femmes", il faut bien connaître la mentalité suédoise en ce qui concerne le sexe. Je crois que peu de gens connaissent réellement bien la mentalité suédoise dans son ensemble (je ne sais pas du tout si c'est ton cas) et que c'est peut être aussi tout ce dépaysement qui attire...
Et puis même si je suis la première à dire que cette trilogie est géniale, je préfère toujours mettre un bémol pour ceux qui ne l'ont pas encore lu : quand on a tellement entendu que c'était génial, il y a de fortes chances qu'on soit déçu !
lundi 27 octobre 2008 à 20h02
Une enquête sur la trilogie de Stieg Larsson vient de paraître aux éditions du Toucan (TF1), Le Mystère du quatrième manuscrit par Guillaume Lebeau.
lundi 4 mai 2009 à 13h47
Je cherche désespérément à répondre à cette question "Quel surnom Lisbeth détesterait-elle qu’on lui donne ?"
J'ai du manquer d'attention à la lecture (Faut dire aussi...)
Auriez-vous une idée ?
Merci
vendredi 14 août 2009 à 11h32
Beau billet, merci Catherine !
Allez je vous livre pour opinion "à chaud" (je viens de terminer les 3 livres, lus d'un trait)
J'ai adoré cette saga pour plusieurs raisons. La première est l'attachement que l'on ressent pour les personnages principaux (Lisbeth Salander, Blonkvist, Berger, Adamskij, Monja), la deuxième est le rythme d'une l'histoire jamais tirée en longueur, la troisième et celle qui me semble la plus importante est la modernité des ressorts de l'histoire. Je pense en particulier à la très bonne connaissance de l'auteur du monde informatique, des réseaux de communication et des outils contemporains. Du coup, j'avoue que bon nombre de romans que je lis maintenant me paraissent un peu fades parce que le personnage principal se pose des questions sans avoir le moindre recours à un moteur de recherche sur le Net
Ayant lu, "Le retour du Professeur de Danse" de Mankel (un autre auteur suédois que j'affectionne)… J'ai trouvé ce roman un peu désuet à cause de cet absence de liens aux informations issues du Net (pourtant le scénario de ce polar est bien fait)… C'est vrai aussi qu'en 1999, la Toile n'en était qu'à ses balbutiements (quoique certains blogs existaient depuis plusieurs années)
vendredi 14 août 2009 à 11h34
Hercule > Fifi est le surnom que Lisbeth détesterait qu'on lui donne…
(Il faudrait corriger mon commentaire précédent en enlevant ce "blanc" avant le dernier paragraphe, merci Laurence !)