Shimamoto-San avait été une petite fille mature, même précoce, dont Hajime avait été très proche vers l'âge de 12 ans. Boiteuse suite à une polyo, à cet âge sa grande beauté ne se voyait pas encore, mais Hajime était sensible au charme des filles différentes. Après avoir perdu Shimamoto-San de vue, il aura une relation adolescente avec Izumi qu'il blessera profondément. C'est plusieurs années plus tard, après une longue période qui lui semblera comme une dérive, que Yukiko croisera sa vie et qu'il fera un mariage heureux...

Hajime a 37 ans quand Shimamoto-San réapparaît dans sa vie: belle, énigmatique et toujours aussi unique et indispensable. Comment pourra-t-il gérer cette nouvelle donne?

Voilà un livre intéressant avec des réflexions sur l'amour, mais aussi sur la nostalgie et le rapport au passé. C'est bien écrit, sans pour autant m'avoir subjuguée. Le parfum d'énigme qui entoure Shimamoto-San est le plus intéressant de cet histoire, en ce sens les 50 dernières pages sont assez prenantes. Parfum d'énigme qui ne sera d'ailleurs jamais complètement éclairci.

Une des surprises de ce livre est la découverte du Japon d'après-guerre. Pour une raison injustifiable, j'imaginais le Japon post-guerre comme étant très conservateur et puritain. Ce livre m'a permis de voir combien la jeunesse japonaise de cette époque a eu des préoccupations semblables aux jeunes occidentaux de l'époque (contestations étudiantes, liberté sexuelle, etc.). L'autre surprise, moins agréable, c'est que j'ai toujours tendance à m'imaginer l'art japonais comme plus abstrait, plus dans le non-dit. Le récit m'a parfois semblé trop appuyé et trop verbeux. La nécessité de faire dire aux personnages comment ils se sentent vraiment, bien que donnant lieu à des dialogues très riches, a alourdi ma lecture par moment. Je peux difficilement expliquer pourquoi, moi qui suis plutôt verbeuse dans la vie, j'aurais aimé plus de silences dans ce récit-ci...

Du même auteur : 1Q84 (livre I : avril-juin)

Par Catherine

Extrait :

Au cours des dix jours qui suivirent la parution de l'article avec ma photo et mon nom dans le magazine Brutus, je reçus au bar la visite de plusieurs personnes que j'avais connues autrefois. D'anciens camarades de collège ou de lycée. Au début, chaque fois que j'entrais dans un magasin de presse et voyais les piles de magazines entassés, je me demandais qui pouvait bien être capable de les lire de bout en bout. Mais, comme je m'en aperçus une fois cet article sur moi paru dans Brutus, la plupart des gens lisaient les magazines avec plus d'attention que je n'aurais cru. Partout, chez le coiffeur, dans le train, à la banque, au café, les gens avaient entre les mains un périodique ouvert, dans lequel ils se plongeaient avec délectation. Ou peut-être prenaient-ils simplement ce qui leur tombait sous la main par crainte du désoeuvrement.

[...]

Après la publication de cet article, je regrettais de m'être prêté avec tant de légèreté à cet entretien sous le prétexte que cela ferait de la publicité à mes clubs. Je ne voulais surtout pas qu'Izumi tombe dessus. Comment se sentirait-elle si elle apprenait que, loin d'avoir eu à supporter la moindre souffrance, je connaissais une belle réussite?

Finalement, au bout d'un mois, les visites cessèrent. Ça, c'est le bon côté de la presse: vous devenez célèbre en un clin d'oeil, et vous êtes oublié tout aussi vite. Je me sentis enfin soulagé. Au moins, je n'avais eu aucune nouvelle d'Izumi. Apparemment, elle n'avait pas lu Brutus

Cependant, un mois et demi après la sortie de l'article, au moment où je commençais vraiment à oublier cette histoire, je reçus une dernière visite d'amie d'enfance; Shimamoto-San.

Au sud de la frontière et à l'ouest du soleil
Éditions 10/18 - 224 pages