Il faut dire que dans la famille Spellman, on est détective privé de génération en génération, et ce dès le plus jeune âge : Isabelle (ou Izzy) a ainsi commencé sa carrière en culottes courtes et sa petite sœur Rae connaissait les ficelles d'une bonne filature avant même de savoir lire. Seul l'aîné de la fratrie, David, a choisi une voie professionnelle éloignée du cocon familial, préférant la robe longue d'avocat au matériel d'espionnage.
Mais le problème, chez les Spellman, c'est qu'ils n'arrivent pas à limiter les filatures à leurs simple clientèle de l'agence; il leur paraît même tout à fait naturel de s'espionner les uns les autres. Rien d'étrange donc à ce qu'ils installent sur les portes de leur chambre des verrous qu'ils changent tous les 6 mois ou qu'ils fassent des enquêtes de solvabilité sur les petits amis d'Izzy. Mais, cet été-là, la famille Spellman est sans doute allée un peu trop loin...
Si au début, on ne comprend pas très bien l'agencement des chapitres et qu'on se demande ce que vient faire l'interrogatoire de l'inspecteur Henry Stone au milieu des souvenirs familiaux d'Izzy, on se laisse facilement séduire par cette famille totalement hors-normes. Les épisodes, plus rocambolesques les uns que les autres, ne manqueront pas de vous faire sourire. Et puis, petit à petit, la cohérence du tout apparaît et le suspense se met en place.
Sans être une "grand roman", ni forcément le livre le plus drôle que j'aie lui depuis des années (dixit Laurenn Weisberger) c'est assurément un bon divertissement. J'ai pris un plaisir assumé à lire cette chronique d'une famille déjantée.
Voir aussi l'avis de Clarabel, qui tout comme moi s'est laissée divertir ; ceux de Gachucha, Chimère et Karine qui n'ont pas aimé ; et celui de Laure qui a détesté (mais nous commençons à avoir l'habitude, Laure et moi, de ne pas être d'accord. ).
Laurence
Extrait :
Fouiner était la vase même de notre travail. Légalement, et parfois aussi illégalement. Comme un bourreau, on finit par s'endurcir aux réalités du métier.
Sachant ce que vos parents et vous-même êtes capables de faire pour vous insinuer dans la vie privée des autres, vous prenez l'habitude de construire des forteresses très élaborées afin de préserver la vôtre. Vous vous habituez à ce que votre mère interroge votre frère pour savoir si vous avez un petit ami en ce moment et qu'elle vous suive quand vous vous risquez à sortir, pour voir à quoi il ressemble. À seize ans, vous trouvez tout naturel de prendre trois bus allant dans des directions différentes et de perdre une heure et demie pour la semer. Vous installez des verrous de sûreté à la porte de votre chambre et conseillez à votre frère d'en faire autant. Vous les changez deux fois par an. Vous interrogez les étrangers, mais vous espionnez vos amis. Vous avez entendu tant de mensonges que vous ne croyez jamais vraiment la vérité. Vous vous entraînez devant la glace à garder une mine impassible et votre visage finit par se figer dans cette expression-là.
Éditions Le Livre de Poche - 444 pages
Commentaires
jeudi 4 septembre 2008 à 12h48
En effet, je n'ai pas accroché à ce roman. Mais j'accorde que l'idée de départ était bien!
jeudi 4 septembre 2008 à 15h26
oh tu es dure avec moi quand même : "détesté" est un peu fort ;-)) mais pas aimé, non.
vendredi 5 septembre 2008 à 07h59
Karine : comme je le dis dans le billet, je trouve que non seulement l'idée de départ était intéressante, mais que l'auteur est parvenue à en faire un récit agréable et amusant. Je n'irais pas jusqu'à dire que c'est un grand roman, mais ce fut une récréation tout à fait plaisante.
Laure : en même temps, tu as écrit "Pourrait plaire néanmoins à des lectrices de 17 - 25 ans ?", phrase que je trouvais pour le moins réductrice, d'autant que mes 25 ans sont derrière moi depuis longtemps...
mardi 9 septembre 2008 à 02h04
Ça a l'air amusant...
mardi 9 septembre 2008 à 12h25
Jo Ann v. : oui et ça n'a pas que l'air