Après la déception de la biographie de Ferland, je ne sais trop ce que j'espérais trouver ici: un regard davantage sur l'œuvre que sur l'homme. Ou du moins sur les points de jonction entre les deux. Déception - deuxième partie.

Lorsque le premier recueil de chansons de Ferland est paru en 1969, une critique virulente rappelait que la chanson n'est pas la poésie. Bon, il ne s'agit pas d'être aussi méchant que l'a été la critique à l'époque, mais il est sans conteste vrai qu'une chanson sans musique, ça perd un peu de son âme. En lisant le texte on entend la mélodie... réflexe: on va sortir le disque. Mais la lire en elle-même... bof!

L'intérêt du livre devrait donc reposer sur les textes de présentation. Ils sont en effet truffés de certaines réflexions très belles, très poétiques, dans lesquelles on reconnaît toute l'âme de Ferland. Par exemple «Entre la vérité et le mensonge, il y a la sincérité.» ou encore «Il faut savoir qu'avant de rendre l'âme, il faut s'astreindre à l'épuiser.» Certaines présentations remettent des chansons dans un contexte intéressant: par exemple de savoir que Un gentilhomme et un champion a été écrite pour Gilles Villeneuve, le coureur automobile.

Mais on se demande un peu pourquoi ne pas vouloir donner les noms de famille. Tous les gens évoqués sont des Franck D, Ginette R., Robert C., etc. Hors si c'est pour préserver l'anonymat et la vie privée comme on peut l'imaginer, dans certains cas c'est tout simplement vain. Le nom des compositeurs qui ont travaillé avec Ferland sont quand même de notoriété publique comme celui des animateurs avec qui il a travaillé! Par moment, l'abstraction ou l'anecdotique des scènes évoquées créent aussi un malaise et le lecteur perd l'intérêt. Certaines répétitions sont aussi lassantes: on répète au moins à trois reprises que le seul intérêt d'être riche c'est de flamber son argent.

Le bouquin a été publié par les Éditions Jaune (comprendre: par Ferland lui-même), mais cela n'excuse pas les fautes. «On cours...»! Ou des fautes dans les noms (!), le batteur qui vivait avec Ferland au Motel Alfred n'est définitivement pas un Richard R., mais bien un Richard P. et la femme de Ferland écrit Dyane avec un Y... et il doit le savoir mieux que moi! Des fautes dans les textes de chanson aussi. Au départ j'ai cru qu'il devait y avoir des distances entre les versions écrites et les versions endisquées, mais là, il y a des limites...

La morale de cette histoire: vaut mieux laisser les chanteurs chanter plutôt que d'attendre qu'ils se racontent.

Voir aussi : Ferland : Hey boule de gomme, s'rais-tu dev'nu un homme? de Sophie Durocher.

Par Catherine

Extrait :

Si on s'y mettait

C'est de l'ouvrage, une personne

La mienne est un défi.

Je m'en tiens loin, donc j'en abuse

Ce soir, je termine une expérience macrobiotique... de dix-sept jours!

Je me sers un «Dubonnet» rouge et j'allume ma première «Craven' A»: c'est le plus gros «buzz» de ma vie!

J'époussette ma douze-cordes, j'aiguise mon crayon jaune.

On n'écrit pas quand on a faim.

[...]

Ce soir-là

Les auteurs-compositeurs sont blasés.

Au début, ils s'écoutent entre eux; après, ils s'écoutent surtout.

Ce soir-là, à l'Halloween, Robert C. s'était déguisé en Nixon. Claude D. avait le «kit» entier de la police montée; nous étions heureux

Je ferais le plus beau métier si je n'avais pas à travailler.

Mes années d'école
Éditions Jaune Inc. - 271 pages