Très rapidement, les policiers dépêchés sur les lieux, et plus particulièrement le lieutenant  Vincent Leclerc, comprennent que le trio d'adolescents n'est pour rien dans ce meurtre. Pour autant, les enquêteurs sont assez démunis car ils ne comprennent pas ce qui a pu motiver ce crime : Monsieur Lamy avait une vie bien rangée, personne ne semblait le détester. Alors que l'enquête s'enlise, les trois adolescents sont à leur tour en danger car une autre affaire vient se greffer à la première.
Vincent Leclerc et son équipe tentent donc de résoudre deux enquêtes de front, mais voilà qu'un autre assassinat vient accélérer cet imbroglio.

Habituellement, je suis plutôt friande des romans policiers, malheureusement je trouve que celui-ci souffre de nombreux défauts et je n'ai vraiment pas pu y adhérer. Je vais donc tenter ici d'argumenter mon point de vue.
Il y a d'abord le problème de la vraisemblance. Certes, Meurtre d'un instit est une fiction et il ne s'agit nullement de raconter la réalité. Malgré tout, pour qu'une histoire fonctionne, il faut que le lecteur parvienne à y croire. Dans cette intrigue, il y a pour moi trop de scènes bancales, qui ne sont là, on le sent bien, que pour la double énonciation. Il y a entre autres un chapitre où le meurtrier, dont on ne connaît pas l'identité, se confesse longuement et raconte en détail toutes les épisodes passés qui ont motivés son crime à côté de l'homme qu'il vient d'exécuter. Si je comprends bien qu'il s'agissait pour l'auteur de donner des indices au lecteur, la situation n'est absolument pas crédible, du moins, pas racontée ainsi.
Et puis il y a l'écriture en elle-même. Si l'emploi du passé simple dans certains dialogues a pu me faire sourire (quand on discute à bâtons rompus, on a plutôt tendance à employer le passé composé), si certaines redondances sont assez gênantes ("d'autant plus encore") et l'accumulation des points d'exclamation agaçante, d'autres moments m'ont laissée plus que perplexe... Par exemple, la scène où les policiers viennent interroger la veuve de l'instituteur. Ce moment est censé être émouvant puisque Madame Lamy évoque le passé de son couple. Or, l'auteur ponctue la confession de la veuve d'onomatopées qui rendent son propos grotesque, à la limite de la farce :

- [...]Moi, je voyais la vie comme lui. J'avais un poste de secrétaire de direction. Nous étions prêts à gagner moins d'argent pour avoir plus de temps libre et surtout une meilleure qualité de vie. Kof ! Kof ! kof ! Snif ! Kof ! Kof ! Nous avons tout quitté, renoncé à tous les avantages de nos anciennes situations pour une meilleure qualité de vie et plus de liberté. Bouhouhouhou ! [...] (etc...)

Pour finir, je regrette enfin que le travail de relecture et de mise en page de l'éditeur n'ait pas été plus soigné (ponctuation aléatoire, marges inexistantes sur des textes encadrés...).
Je suis bien consciente que ce roman est paru dans une petite maison d'édition et il est toujours délicat dans ces cas là d'émettre des critiques négatives, car malheureusement les auteurs n'ont pas à leur disposition tout le matraquage médiatique lié aux maisons déjà bien installées. C'est pourquoi j'ai essayé ici d'argumenter au mieux mon propos. Mais j'ai pris la décision en ouvrant ce lieu de rendre compte de toutes mes lectures avec honnêteté et cette lecture-là fut pour moi ratée.

Laurence

Extrait :

- Où sont-ils ?
- Ben, en GAV, Gustave !
- Garde à vue ?
- Mouais... J'les ai mis en cage. De quoi les faire mariner pour une bonne 48.
- En cage ?
- Chipoti chipota, en cellules de dégrisement, Clément ! Tu sais bien Vince, les box en plexiglas situés au rez-de-chaussée du ciat !
- Hummm... ne sois pas ironique ! Et puis arrête un peu avec tes prénoms à la con ! Allez, va pour les cages ! Je suppose que le ciat c'est le commissariat ?
- Tout juste, Auguste !
- Mais pour la 48, il faudra des éléments nouveaux si on veut renouveler le premier délai de 24 heures !
- Ils sont si chargés nos lascars, Oscar, qu'ça s'ra vraiment pas un blême ! Alors j'ai tout bon sur c'coup-ci, hein ?
Leclerc perçut enfin la demande d'approbation.
- Bon job, Patrick. Je pense que l'on pourra même obtenir une comparution immédiate auprès du procureur.
- Je veux mon neveu ! Et pas qu'un peu ! jubila l'officier de police. Mûrs comme ils le sont, nous loulous, le proc' va sans aucun doute ouvrir une mise en exam' avec, pour commencer, un bonne petite mise en détention provisoire. C'qui permettra de mettre fin à la GAV sans les sortir de la maison poulaga... Olga !


Éditions Demeter - 200 pages