Chaque nouvelle ne fait pas plus de 10 pages et se focalise sur l'un des protagonistes du monde de l'édition. Marco Lodoli commence bien évidemment par Le débutant qui vient de publier son premier roman : ses espoirs sont fous, il se voit déjà récompensé par le prix littéraire le plus noble d'Italie ; son roman va se vendre comme des petits pains, il en est sûr ; d'ailleurs l'article de presse qui doit paraître le lendemain va marquer tous les esprits....
Et puis, quand le livre est publié, il y a le passage obligé des Signatures. Le romancier rencontre ses lecteurs, et chacun d'eux s'imagine que l'auteur n'est là que pour lui, qu'il le reconnaîtra forcément...
Il y a aussi la romancière qui écrit des textes pour adultes tout en étant professeur dans une grande université ; elle se croit protégée par son pseudonyme, mais la réalité est tout autre ; celui qui sait que cette année encore les Prix littéraires l'ignoreront et qui ne supporte plus tant de mépris ; l'auteur qui est persuadé d'avoir écrit le roman d'avant-garde que le monde de l'édition attend depuis tant d'années ; le correcteur obsédé par la moindre erreur ; le libraire dévoré par l'amertume et qui ne supporte plus sa clientèle ; l'éditeur, qui se transforme en parrain et qui réunit autour de lui ses exécuteurs pour se prémunir des caprices des auteurs ; le philologue qui coupe les cheveux en quatre ; le rebelle, invité favori des plateaux télé ; une étrange traductrice qui traduit des romans italiens... en italien ; le critique, évidemment, sûr, trop sûr de son pouvoir ; le service de presse prêt à tout pour que l'on parle du roman qu'il défend dans les colonnes d'un grand magazine...
Marco Lodoli s'est visiblement beaucoup amusé à écrire ces courts textes trempés au vitriol et si l'on connaît un peu le milieu, on ne pourra que sourire des portraits qu'il nous propose. Mais cela m'a aussi donné l'impression d'un ouvrage pour initiés, d'un livre que l'on fait circuler entre gens avertis. C'est un recueil sous forme de "private joke", grinçant et noir, mais je ne suis pas certaine qu'il soit suffisamment universel pour captiver un lecteur lambda.
Du même auteur : Les Prétendants
Laurence
Extrait de Signatures :
Les personnes s'avancent comme des brebis effarouchées. « Vous pourriez me mettre votre signature, si cela ne vous ennuie pas, ne vous dérange pas... »
« Mais pensez donc, avec plaisir, avec plaisir... »
Et le stylo de l'écrivain part avec la grande signature, une chose qui n'en finit pas, qui s'envole poétiquement sur le Z final, une lettre qui permet de souligner puissamment prénom et nom.
« Merci, merci beaucoup. J'ai acheté tous vos livres, ils ne sont pas chers.... » « Moi aussi je les ai tous achetés, ils ne sont pas longs. » « Moi j'en ai lu un. Celui de Bubo et les Finzi-Continui. Il m'a plu, votre roman monsieur Slodoliz, beaucoup... »
- Ce livre là ce n'est pas moi qui l'ai écrit, mais ça ne fait rien. En attendant, achetez celui-ci, lisez-le. Bleuité changera votre perception de la vie, et qui sait, peut-être dans une semaine il sera dans les "Meilleures ventes".
- Et vous nous le signez, n'est-ce pas ? Vous mettez une dédicace....
- Bien sûr, mes belles dames, je suis là pour vous contenter.
- Est-ce que vous pouvez écrire : « À Maria Teresa avec sympathie » ?
Éditions L'Arbre Vengeur - 117 pages
Commentaires
vendredi 26 septembre 2008 à 15h26
Même si je ne suis qu'une lectrice "normale", je suis quand même assez tentée. Je manquerais certainement certaines nuances mais bon... un jour, peut-être!
vendredi 26 septembre 2008 à 15h34
Karine : mais de toute façon, je ne suis pas sûre que cela soit réservé à des avertis (et puis, quand on est grand lecteur, on est averti
).
Au fait, une petite chose qui n'a rien à voir : Est-ce que quelqu'un a reçu comme moi un mail du site holala?
vendredi 26 septembre 2008 à 15h58
Non Laurence, je n'ai reçu aucun mail de ce site...
mardi 22 décembre 2009 à 01h10
Bonjour, je vous felicite pour votre blog