Chaque texte court, n'excédant pas une page et demi, épingle une portion de vie de personnages qui par la voix de leur lecteur, prend tout son ampleur. C'est plein d'humour plus ou moins grinçant, corrosif, tendre ou amusant selon le propos à appuyer.
130 portraits bien ficelés très bien valorisés par les comédiens devenus lecteurs. Leurs voix accentuant un trait ou un caractère. Je suis parfois demandée si le/la comédien(ne) avait choisi lui/elle-même le texte qu'il/elle aurait à lire ou si on lui avait tel ou tel texte. Car parfois l'association personnage/voix était saisissante, comme celle de Myriam Boyer, à la voix grave, rocailleuse, lisant cette femme divorcée bien décidée à user de tous les moyens possibles pour empêcher son ex-mari de voir ses enfants tant la haine la submerge.
C'est Delphine Simon devenue Léontine, ado de 14 ans dressant un portrait au vitriol des adultes, de ses parents qui l'entourent. Quel regard !! C'est effrayant.
Dans Un cœur sec, Anne-Sophie Erhel incarne une concierge parlant d'un des habitants de l'immeuble, un vieux monsieur fortuné ou du moins aisé, vivant seul dans son grand appartement. A la fin, on ne se demande plus où se trouve le cœur sec : chez la concierge ou le vieil homme.
Rassurez-vous tous les textes ne sont pas effrayants, caustiques. Il y en a aussi de tendres, doux. Dans L'alliage de vous et moi, lu par Jérôme Robart, la douceur était de mise. C'est l'histoire une rencontre entre un homme et une femme dans la rue, un jour. Ils vont rester seuls dans une chambre d'hôtel durant tout une semaine, pleins de l'un et de l'autre, jusqu'au moment de se séparer. L'homme partira en se demandant si la femme l'a un peu aimé, si « l'alliage de vous et de moi » a produit un peu de bonheur.
J'ai particulièrement aimé la lecture de Vieille pute gratuite par Ida Hertu. Toute la tendresse, l'humanité de cette prostituée s'épanouissaient par la voix de la comédienne. Un moment fort !
Dans ses Microfictions, R. Jauffret aborde tous sujets. Rien ne l'effraye : l'écologie et les cafards; le désir extrême d'avoir Une minute d'antenne, la solitude des peoples, le fascisme de tous les jours. Les vieilles prostituées, les petits malfrats de la Cité phocéenne en peine de reconversion, et bien d'autres. Tous les travers, les beaux comme les plus hideux de la nature humaine, les amours, les lâchetés, les petits moments de bonheurs, sont pointés avec une précision presque que chirurgicale.
N'ayant pas lu l'ouvrage de Régis Jauffret, ces lectures ont été une très belle découverte. Appelée par les performances offertes en d'autres points de la ville, je n'ai pu assister qu'à 21 lectures sur les 130 proposées. 21 textes qui m'ont donné une bonne idée de ces fictions si (im)pertinentes. Il me tarde de les lire dans leur intégralité.
Dédale
Commentaires
mercredi 8 octobre 2008 à 19h41
Je suis dans la lecture de ce livre depuis 1 mois, et je pense qu'il tiendra jusque Noel (j'en lis des petits morceaux à chaque, dans mes trajets quotidiens).
J'aurai bien assisté à cette représentation, mais je n'étais malheureusement pas à Paris ce samedi. Mais ce que tu en dis rend bien compte de ce que je ressens à la lecture de ce livre. Peut-etre une autre fois !
vendredi 10 octobre 2008 à 08h15
Merci Yohan pour ce commentaire. Il me donne une idée du pavé que sont les Microfictions. A réserver quand on a un grand moment de libre.