Au début, ce n'était qu'un jeu. Mais petit à petit, Bianca prend de plus en plus de place dans la vie de Sarah. Un beau jour, Sarah saute le pas et du clavardage, passe au bavardage et à la sensualité de la danse. Soir après soir, semaine après semaine, Sarah s’efface pour laisser vivre Bianca, qui prend de plus en plus de place. Une place telle qu’elle finit par annihiler totalement la volonté de Sarah. Malgré elle, Sarah perd le contrôle de sa vie. Pour sortir de cet engrenage infernal qui la détruit à petit feu, elle devra lutter de toutes ses forces. Mais peut-elle lutter contre elle-même ? Parviendra-t-elle à se trouver, après s’être tant cherchée ? Jusqu’où devra-t-elle aller pour cela ?

Émilie C. Levesque signe là un premier roman. Court, certes, mais poignant. Elle y fait preuve à mon sens d'une connaissance de l'âme humaine assez profonde et c'est une analyse assez fine des problèmes liés à la quête de soi, la recherche d'une identité et les sentiments que l'on peut ressentir quand on n'arrive même plus à se regarder dans un miroir qu’elle nous offre...

C'est un roman rédigé à la première personne, comme un journal intime auquel Sarah, la narratrice, confie son mal de vivre et son mal d'être. Son besoin d'être aimée et regardée, son envie de plaire aux hommes et de se sentir vivante. Bref, son besoin de sortir de sa transparence, de se sentir vivante. Les mots sont forts, les propos sont puissants. Sarah en arrive à des extrêmes pour sortir de la situation dans laquelle elle s'est mise. Elle est poignante, troublante, attachante. Elle m'a vraiment émue et bouleversée jusqu'au plus profond de moi-même et sa douleur, pendant quelques heures, a été la mienne, ses besoins et ses désirs les miens. Ce roman est réellement une belle découverte !

Pimpi

Extrait :

Ça y est, ça me reprend. Comme d'habitude, d'un coup, comme une envie de sacrer le camp. Le goût de rentrer chez moi, de tout balancer par terre et de hurler.
Peut-être que c'est à cause de vendredi, quand je l'ai laissé me toucher. Pire, je l'ai touché aussi, quand il était encore habillé, heureusement. Quand il a commencé à se déshabiller, je suis partie. Sa main sur mes seins, ses lèvres sur mes seins, sa langue sur mes seins... frissons de plaisir et frissons de dégoût. Mais je suis partie.
Avec mes remords. Des remords pour l'avoir laissé me toucher, pas pour être partie. Je ne suis pas Bianca, je ne dois plus être Bianca. J'aimerais mieux partir avant qu'il ne soit trop tard. Des remords, toujours, mais pas de regrets. Regrets. Aigrets. Aigre. Si je devais un jour avoir des regrets, je me tuerais pour ne pas avoir à vivre avec. Je mettrais le feu, je flamberais puis je me jetterais par la fenêtre. Je monterais sur une chaise, je passerais la corde autour de mon cou, je balancerais la chaise. Il y aurait probablement un crac, mais je ne sais pas si je l'entendrais ou si je serais déjà morte.
Je ne m'aime pas. Je ne me regrette pas, je m'assume.


Éditions JLC - 218 pages