Le premier est inspecteur de police, marié, futur père. Il même une vie sans histoire. Le second est la star montante que tout Hollywood s'arrache, beau comme un prince. Deux êtres vont se retrouver face à face, face à eux-mêmes. Tout les sépare. Et pourtant un jour, un regard suffit et tout explose.
Un homme accidentel est une histoire qui se lit bien, trop vite, plaisante même si il y a peu de choses sortant réellement de l'ordinaire de Philippe Besson.
On y retrouve sa plume, ses mots, vibrants et sensibles toujours, ses sujets de prédilection, principalement celui du sentiment amoureux, dont il sait présenter toutes les facettes. Le beau et complexe amour entre deux êtres, comme un chatoyant et mystérieux kaléidoscope.
Et même si ce roman ne sera pas mon préféré, loin de l'excellence de En l'absence des hommes, il recèle tout de même quelques pépites.
La description du manque est somptueuse et magistralement rendue. J'ai rarement lu des lignes si justes sur le vide causé par l'absence de l'autre. Entre impatience, douleur supportable, vide insondable qui ronge.
Il y a aussi les questions, notamment celles-ci : comment un amour absolu peut-il tenir envers et contre la morale et les lois ? Peut-on tout abandonné pour vivre une passion dévorante, les plaisirs de la chair, même si l'on sait qu'ils ne dureront qu'un temps ?
Et puis il y a aussi les impressions de voyage dans cette lumineuse Californie, brulée de soleil mais cachant, mal, tout ce qui la gangrène.
Encore un bon roman de Philippe Besson même s'il y a moins de surprises. A lire tout de même.
Voir aussi l'interview exclusive de Philippe Besson sur ce même site.
Du même auteur : Un instant d'abandon, Les jours fragiles, Un garçon d'Italie, L'arrière saison, Son frère, En l'absence des hommes, Retour parmi les hommes et La trahison de Thomas Spencer
Dédale
Extrait :
Il y a des choses qu'on ne décide pas. Des événements qu'on ne voit pas venir. Et quand ils se produisent ou sont au bord de se produire, c'est déjà trop tard. Il y a des chemins à l'air calme autour, pourquoi on se méfierait, pourquoi on serait sur ses gardes ? Il y a des gens vers qui on va, sans les craindre, sans rien attendre d'eux, on est persuadé qu'on ne croisera plus jamais leur chemin et puis un jour, ils sont là, à nouveau, devant nous, et on est surpris mais pas inquiet, on leur tend la main, on accepte de prendre un verre, ou d'échanger une cigarette, ou de parler du temps qu'il fait, de la vie qu'on voudrait et voilà, on est mort sans s'en apercevoir. Il y a des moments de presque rien, des minutes ordinaires, on en a traversé des tas comme ça avant, mais un beau matin, c'est une fraction de temps pendant laquelle tout bascule. Des silences qui paraissent anodins, on n'éprouve pas le besoin de les remplir, on y est bien mais on appuie le regard un peu trop, on accroche ses yeux à l'autre une seconde de plus qu'il ne faudrait et ça remplit le silence d'un coup, on fait loger un destin dans ce silence; Non, je n'aurais rien pu empêcher.
Éditions Julliard - 224 pages
Commentaires
mardi 28 octobre 2008 à 08h20
J'avais hésité à lire ce Besson dont j'avais beaucoup apprécié les premiers romans mais dont les plus récents m'avaient paru moins aboutis. Ce billet me donne toutefois envie d'aller y voir de plus près. Surtout les pages sur l'absence, "le vide insondable qui ronge"... Car Besson excelle à suggérer les émotions et les ressentis ou encore à décrire ce qui relève pourtant de l'indicible.
jeudi 6 novembre 2008 à 13h39
N'hésitez pas à lire ce roman là, FB, ne serait-ce que pour certains moments et sentiments particulièrement bien retranscris. Il faut prendre toutes les pépites quand on en trouve
Tout en gardant à l'esprit que cet ouvrage n'est pas l'un des meilleurs de cet auteur qui nous a habitué à l'excellence dès le début.
lundi 29 décembre 2008 à 14h54
C'est la première fois que j'ai lu un roman de cet auteur, d'une seule traite. J'ai beaucoup aimé la façon dont il décrit le ressenti des personnages, ce qu'ils éprouvent, on s'y croirait, comme tout peut basculer à cause de certains sentiments ou émotions.
Il me reste à lire ces autres titres.
lundi 2 février 2009 à 21h48
MAFI57, quelle chance d'avoir devant soi tant de découvertes possibles !!
Il faudra revenir nous dire..
vendredi 3 février 2012 à 15h20
Grand coup de coeur. J'ai adoré ce livre.
samedi 4 février 2012 à 11h53
Merci Araucaria pour ce commentaire qui fait remonter ainsi d'anciens billets