B. Osborn vient de disparaître, définitivement. Au travers des témoignages de Aurélia sa femme, de Rebecca, son dernier amour, des résultats des recherches de Thomas Ahorn, universitaire allemand spécialiste de Salinger, de l'enquête du journaliste scrupuleux mais sans scrupules, Aguila Mendes, sans oublier les interrogations d'Alfred Hitchcock, qui a tenté d'adapter un roman de Osborn, Eric Faye nous présente une enquête à plusieurs voix pour élucider cette personnalité si mystérieuse, cette vie entièrement focalisée sur l'écriture, une vie vouée à la lutte contre l'oppression.
L'auteur s'est inspiré de l'énigmatique auteur B. Traven. Cela n'aide pas forcément le lecteur quand il ne connaît pas B. Traven et ses écrits.
Mais qui peut être B. Osborn ? Qui est cet homme qui a passé sa vie à se cacher sous différentes identités, cet homme d'une méfiance sans limites à l'égard de tous et se sentant en permanence en danger ?
Au fil des pages, Eric Faye va égrener les informations, les indices sans pour autant lever totalement le voile de brumes qui entourent B. Osborn. C'est bien écrit mais j'ai éprouvé quelques difficultés à entrer dans cette histoire. Peut être une question de moment pour cette lecture. Et même si l'idée de départ de ce roman m'a plu, tout ce mystère de plus en plus profond au fur et à mesure des témoignages m'a fait qu'émousser ma curiosité. Finalement, pourquoi vouloir connaître plus d'une personne qui ne veut vous montrer que ce qu'elle a décidé ? D'autres questions récurrentes se sont présentées durant cette lecture : pourquoi se dissimuler autant même vis à vis de ses proches ? Peut-on réellement vivre sereinement quand on ment à tout le monde ? Peut être même à soi-même ?
Cet homme est et restera une énigme. Cette lecture ne laissera pour moi qu'une empreinte peu marquée
Autre roman de l'auteur : Nagasaki
Dédale
Extrait :
Au moment où la veuve s'apprêtait à ouvrir la porte, une hésitation à peine plus longue d'une double croche a retenu sur la poignée sa main aux doigts fins, arachnéens. Une pendulette fauchait un peu de temps quelque part non loin de nous, dans la pénombre de l'étage et moi je tremblais au seuil du sanctuaire de l'écrivain. Quand la veuve, dès l'instant où elle avait ouvert la porte, elle avait décidé d'évoquer l'incident. Avec mon blabla, je l'avais mise en confiance et elle n'attendait, je crois, que ce genre de situation pour parler. - Mes tout premiers soupçons sont apparus ici même, en entrait dans sa pièce. C'était un soir d'orage, je me souviens très nettement de tout, il ne pleuvait pas encore, le tonnerre rôdait au loin comme un puma autour de sa proie avant de se jeter sur elle. J'ai oublié la date exacte. je crois que nous étions mariés depuis deux ans. Avez-vous jamais connu, dans votre vie, l'instant où la femme découvre que l'homme qu'elle aime est un inconnu ? Cet instant-là, je ne cesse de le revivre, des années après la mort de Stig. Instant tour à tour effrayant, fascinant... Je croyais tout savoir de lui, or je ne savais presque rien de cette part de lui qui s'appelait B. Osborn, écrivain de renom international qui se cachait sous l'identité de Stig Warren, vitrine si parfaite que je l'ai toujours appelé ainsi, Stig, sans voir jamais su quel avait été le nom véritable de mon compagnon de vie, de lit, à sa naissance, dans la cour d'école, au temps où l'enfant ne sait pas qu'il lui faudra bientôt se cacher jusqu'au bout.
Éditions Stock - 250 pages
Les commentaires pour ce billet sont fermés.