La vie à Hailsham, un espèce de domaine scolaire, était idyllique. Kathy partage ses souvenirs sur les gardiens - à la fois surveillants, enseignants, guides et même un peu parents. Elle partage aussi les souvenirs de ses amis, particulièrement sa meilleure copine Ruth et Tommy, un jeune homme colérique pour qui Kathy entretient une certaine affection.

Le récit de Kathy refait le parcours de leur enfance et de leur adolescence, parcours tapissé de questions (pourquoi doit-on être doués en arts? comment est le monde à l'extérieur? pourquoi une gardienne semble de plus sombre humeur que les autres?). Kathy et Tommy tentent particulièrement de découvrir la vérité qu'on leur cache. 

En commençant ce livre, j'étais convaincue d'une mauvaise traduction. En fait, je ne comprenais rien de ce qu'on me racontait: qu'est-ce qu'une accompagnante et un gardien? Je me disais que je manquais de culture quant aux institutions britanniques. En fait, le quatrième de couverture de ce livre garde le secret, et j'ignorais qu'il s'agissait d'un roman d'anticipation. Roman d'anticipation bien réussi d'ailleurs où les personnages nous semblent plus vrais que nature (j'ai trouvé Ruth aussi insupportable que je me suis attachée à Kathy et Tommy) et où les mystères quant à l'enfance des héros à Hailsham se développent lentement comme leur vie se poursuit.

On en sort après un beau voyage, mais aussi avec plusieurs questions et quelques craintes. L'humanité et l'humanisme, sont, comme tout le reste, des principes connotés culturellement et historiquement.

Par Catherine

Extrait :

Je m'appelle Kathy H. J'ai trente et un ans, et je suis accompagnante depuis maintenant plus de onze ans. Je sais que cela paraît assez long, pourtant ils me demandent de continuer huit mois encore, jusqu'à la fin de l'année. Cela fera alors presque douze ans. Si j'ai exercé aussi longtemps, ce n'est pas forcément parce qu'ils trouvent mon travail formidable. Je connais des accompagnantes très compétentes qui ont été priés d'arrêter au bout de deux ou trois ans à peine. Et je connais le cas d'un accompagnant au moins qui a poursuivi son activité pendant quatorze ans alors qu'il ne valait rien. Je ne cherche donc pas à me vanter. Pourtant je sais de source sûre qu'ils ont été satisfaits de mon travail, et dans l'ensemble, je le suis aussi. Mes donneurs ont toujours eu tendance à récupérer bien mieux que prévu. La rapidité de leur guérison s'est révélée impressionnante, et presque aucun d'entre eux n'a été classé "agité", même avant le quatrième don. Bon, peut-être que je me vante maintenant. Mais c'est très important pour moi d'être capable de bien faire mon travail, et en particulier de veiller à ce que mes donneurs demeurent "calmes". A leur contact, j'ai acquis une sorte d'instinct. Je sais quand rester près d'eux pour les réconforter, et quand les laisser livrés à eux-mêmes; quand les écouter jusqu'au bout, et quand leurs dire de se ressaisir.


Éditions des 2 terres - 441 pages