Pierre de Gondol est un libraire parisien, spécialisé dans les livres rares et introuvables. Entre deux recherches, il s'amuse à répondre aux demandes les plus saugrenues de ses clients. Voici donc comment, il est engagé pour retrouver les cinq habitants de Pottsville disparus au moment de la traduction.
Après quelques jours de recherche à Paris, Pierre de Gondol s'envole pour les States et mène l'enquête sur les lieux du crime. Commence alors un road movie littéraire.
Quelle déception ! Et pourtant, je partais avec les meilleures intentions du monde. J'étais très intriguée par cette enquête littéraire et trouvais l'idée tout simplement excellente. Mais très rapidement, j'ai compris que ce que proposait Jean-Bernard Pouy ne satisferait pas mes attentes.
Dès les premières pages, j'ai eu beaucoup de mal avec la façon dont s'exprimait Laurent. Si j'aime bien le langage argotique dans certains romans (et Jean-Bernard Pouy, je le sais, en est un grand habitué) cela m'a semblé ici totalement artificiel. Cela dénote peut-être d'un vieux stéréotype, mais je n'arrive pas à imaginer un libraire spécialisé dans les éditions rares, et donc amoureux de la belle langue, s'exprimer dans un lexique relâché. Laurent enchaîne les jeux de mots minables et les expressions toutes droit sorties d'un vieux film de gangster des années 50. Il faut ajouter à ça, des références à la littérature tellement omniprésentes qu'elles en deviennent indigestes.
Et quand finalement, Laurent prend enfin l'avion pour aller enquêter sur place, au lieu de resserrer l'intrigue, comme on aurait pu s'y attendre, Jean-Bernard Pouy se perd en digressions inutiles, voire carrément grotesques - il faudra que l'on m'explique l'intérêt de ce festival de l'andouillette. Au final, le road-movie se transforme en voyage insipide, l'enquête elle-même étant reléguée au second plan. Quant à l'explication de ces 5 âmes disparues, elle est plus que décevante. À croire que l'auteur ne savait trop comment se dépêtrer lui-même de cette énigme.
Lisa est ressortie de cette lecture aussi dépitée que moi, par contre, Michel a beaucoup aimé. À votre tour maintenant de vous faire un avis, ou mieux encore, de lire le roman dont celui-ci est inspiré, j'ai nommé 1275 âmes de Jim Thompson.
Du même auteur : Liliane, fais les valises !, Le Bar parfait et La vengeance des loufiats in Paris Noir, Rémy Cogghe, combat de coqs en Flandre.
Laurence
Extrait :
- Vous connaissez Jim Thompson, bien sûr.
- Quand même...
- Et le numéro 1000 de la Série Noire.
- 1275 âmes. Un chef-d'œuvre.
- Traduit par Marcel Duhamel himself. Titre anglais?
- Pop 1280.
- Voilà le problème. Soi-disant que ça sonnait mieux. Mais avec des conneraies comme ça, lors de cette traduction, cinq personnes ont disparu, cin habitant de la bourgade de Pottsville.
- Ploucville, comme disait Duhamel.
- Ça me taraude. Ça m'empêche de considérer cette littérature, la noire, comme parfaite, un truc comme ça. J'aimerais que vous me les retrouviez, ces passés à l'as, pour raison signifiante. Je vous en garderais une éternelle reconnaissance.
J'ai réfléchi. Imparable comme demande. Légitime. Difficile à refuser. Pourtant, je n'étais pas un spécialiste absolu du grand Jim. Mais je pouvais compter sur tous les thuriféraires du polar et sur son autobiographie, Vaurien. Ça m'intéressait, ça me changerait des crypto-surréalistes avec qui je gagne au moins un tiers de mes émoluments.
Éditions du Points - 168 pages
Commentaires
mardi 2 décembre 2008 à 08h15
Erf, je m'en souviens...
C'est après la lecture de ce court roman que je suis allé baladé sur Internet voir si je pouvais en apprendre plus sur ce livre et l'original de Jim Thompson... et là je suis tombé sur un blog littéraire qui m'a paru fort sympathique et intéressant :D
Deux ans après, je me souviens peu du roman, mais je sais qu'il avait attisé ma curiosité. Et comme je finissais de lire une enquête du Poulpe écrite par Pouy, le langage ne m'a pas marqué plus que ça, vu que c'était son style. Et puis dans le veine du roman noir, je trouvais que ça s'insérai plutôt pas mal...
Faudrait que je mette une heure de côté pour me le relire
mardi 2 décembre 2008 à 08h37
j'essayerai peut-être de lire cet auteur avec un autre de ses livres... l'extrait que tu cites ne me tente en effet pas tellement..
mardi 2 décembre 2008 à 10h41
48 mois !! Cela te fait deux très longues années
Pour être sérieux, je note le livre de Thompson, qui semble plus intéressant que sa révision par Pouy.
mardi 2 décembre 2008 à 12h21
Cœurdechene : Je ne me rappelais pas que c'était avec ce billet que tu avais débarqué ici... Pour revenir au roman proprement dit, ce que je reproche justement à Pouy c'est de n'avoir pas adapté son style, comme s'il ne pouvait pas écrire dans un autre registre...
Amanda : oui, je pense qu'il y a d'autres romans plus intéressants. Dans la série du Poulpe, il y a quelques bons titres. Je pense notamment à "La petite écuyère a cafté"
Yohan : pfff, te moque pas... je ne suis décidément pas faite pour les maths
J'ai corrigé l'erreur. Et oui, le roman de Thompson lui, mérite le coup d'oeil.
mercredi 3 décembre 2008 à 02h09
si le roman de thompson constitue une vraie référence, que je conseille sans retenue, j'ai du mal à en dire autant de pouy, qui m'a laissé...sceptique, et c'est un euphémisme.
vendredi 26 décembre 2008 à 21h41
je fais une recherche pour un examen de 1°bac en communication a savoir pourquoi cette différence de titre seulement je n'ai pas lu Pouy et cela m'intrigue quelqu'un a-t-il le fin mot de l'histoire?
samedi 27 décembre 2008 à 09h18
Scholzi : la raison officielle est donnée en début de billet. Maintenant, ce que propose Pouy est une fiction et ne saurait être pris pour argent comptant.
mardi 22 décembre 2009 à 20h21
Je dois lire 1275 âmes pour l'école et j'aimerai savoir où sont passée ces 5 âmes manqantes car c'est une question bonus pour mon exam.
Mon prof dit que la réponse est dans le livre mais je ne l'a trouve pas.
Merci d'avance