1934 - 1995. entre ces deux dates, l'histoire d'un homme, d'un tueur.

1934 : Hermann Maag est un petit allemand d'une dizaine d'années. Son quotidien est régi par le Jungvolk. Il est fier d'appartenir à ce groupe, de défendre les valeurs de son pays. Il n'a que dix ans, et l'on sait que cet âge est particulièrement influençable. Qui pourrait lui en vouloir. Pourtant, l'Histoire va se mêler de son destin, et la Seconde Guerre mondiale va éclater quelques années plus tard.
1985 : Dans un village suisse, un vieil homme fait peur à tous les enfants. Que cache-t-il derrière ses fenêtre closes ?

L'intrigue en elle-même est assez courte et efficace, mais ce qui retient l'attention ici c'est l'écriture très noire et élégante d'Eraldo Baldini. Comme dans Mal'aria, j'ai retrouvé cette capacité à créer des ambiances oppressantes et poisseuses. Et puis, derrière l'apparente simplicité du récit, se cache une question plus complexe : l'histoire fait-elle les monstres, ou leur permet-elle simplement de se dévoiler ?

Décidément, j'aime la plume de cet auteur, mais je crois que si je veux lire ses autres romans, il faudra que je ravive mes souvenirs de la langue italienne et que je me résolve à les lire en version originale.

L'exemplaire que j'ai trouvé est celui des éditions Tram'éditions, agrémenté des dessins à l'encre de chine de Frédérique Marchadour. Je sais que depuis, le roman a été réédité au format poche, aux éditions du Points, mais si vous avez la chance de trouver l'édition originale, vous vous rendrez compte à quel point les illustrations ici participent à l'ambiance toute particulière que Baldini met en place, page après page.

Du même auteur : Mal'aria

Laurence

Extrait :

Avant de se coucher, il se remet en uniforme et ouvre l'armoire, dans sa chambre. Un miroir est fixé à l'intérieur de la porte.
Il se regarde. Le Hermann qu'il voit est en apparence semblable à celui de ce matin, hormis le poignard à la ceinture.
En réalité, il sait que rien ne sera plus comme avant. Il se sent différent et meilleur.
Il se déshabille, plie et range avec soin l'uniforme avant d'aller au lit en emportant le poignard. Il le tourne et le retourne entre ses mains, fasciné par la pesanteur compacte du métal et par le froid de la lame sur laquelle est gravé Blut und Ehre, "SAng et honneur".
Il s'est fait honneur, aujourd'hui.
Du sans, il n'en a jamais eu peur.
Et maintenant, il n'a même plus peur de l'eau.


Éditions Tram'éditions - 117 pages