En dire plus serait déflorer ce récit, dont la force repose en grande partie sur l’enchaînement des cases - la logique de cet enchaînement n’étant donnée qu’après coup. Quel est ce « boom » qui rythme le récit ? Pourquoi Tout Seul n’a-t-il jamais mis les pieds à terre ? Que signifient ces images fantasmées qui interrompent le récit ? A quoi peut lui servir une corde ? L’imagination (du lecteur) précède l’explication, pour le confronter à ses propres représentations et clichés.
Tout seul est un gros album de 368 pages, format moyen, en noir et blanc sans nuances de gris, sobre, avec de nombreuses planches muettes, et remarquable pour ses choix de cadrage et de plans. Le récit pourrait s’apparenter à un conte, si la réalité ne venait inopportunément s’y heurter, comme le yacht de plaisance de touristes vulgaires.
Le trait le plus saillant, outre le graphisme déjà évoqué et la poésie du récit, est pour moi la maladresse dont les personnages font montre, chacun à sa manière. L’homme est malhabile, et c’est ce qui en fait une créature touchante, malgré ses petitesses et ses laideurs. Sans didactisme aucun, Tout Seul est à sa manière un (non-)conte philosophique.
Bref, j’adore ! – comme j’avais adoré du même auteur, pour les mêmes raisons graphiques et d’autres raisons narratives, l’album plus violent Henri Désiré Landru.
Par Nezdepapier
Extrait :
- Une vie à tourner en rond sur son caillou…
- Et qu’est-ce qu’il fait de toutes ses journées ?
- Ben ça tu vois mon gars, c’est une question que je me suis jamais posée.
[…]
- Il doit être malheureux.
- Et malheureux par rapport à quoi ? Gros malin !
Ne sachant pas si nous sommes en droit de reproduire des planches de BD, nous vous invitons à aller sur le site de Bd Gest' qui vous propose cinq planches de l'album.
Éditions Vent d'Ouest - 365 pages
Commentaires
lundi 9 février 2009 à 12h04
Moi aussi j'adore
Je trouve cet ouvrage magnifique : une ode à l'imagination où les mots et les dessins s'oragnisent pour nous offrir une lecture qui mêle habilement l'imaginaire du héros (Tout seul), celui de l'auteur et le notre, pauvre lecteur abasourdi et ébahi devant tant de beauté et d'intelligence, tant de naïveté et d'espoir...