Guido Gianotti, professeur d'histoire de l'art à la retraite, spécialiste des mains de Raphaël et des métaphores chez Rubens, à une époque grand collectionneur d'aventures féminines, est chargé par Anne-Catherine, une notable de la haute société genevoise, d'estimer un tableau dont elle souhaite la vente. Tout sépare ces deux êtres : leur naissance, leur milieu social, leur âge. Guido avec sa soixantaine bien sonnée a quelques soucis avec une virilité déclinante. Il se débat aussi avec ses souvenirs d'enfance, avec la perte de son père dont il ne s'est jamais remis. Cela nous donne droit à de belles pages sur cette relation père-fils. Anne-Catherine, blessée par son divorce, est corsetée par les bonnes manières de son rang. L'alchimie va-t-elle opérer entre ces deux-là ?

Guido entreprend donc des recherches sur le tableau et va de découvertes en découvertes. Cette partie de l'histoire est vraiment très intéressante. Tout part d'une main tenant une plume. La délicatesse de cette peinture signe déjà une grande oeuvre, digne d'un des plus grands peintres de la Renaissance florentine. J'ai été plus captivée par l'enquête rondement menée autour du tableau, les révélations distillées au fil des pages, que par l'évolution des relations entre les deux personnages. d'où un sentiment de trop peu en fin de lecture.

Je n'ai pas trop compris le titre vu que tout est assez prévisible dans la relation entre Guido et Anne-Catherine et même dans l'enquête sur le tableau. On est loin de tout suspense.

Mais bon, on ne s'ennuie pas une seconde. C'est un livre assez court et qui se lit très vite. L'alchimie n'a pas fonctionné entre nous. Pourtant, j'ai bien envie de lire d'autres titres de Metin Arditi, auteur inconnu de moi. Peut être en trouverais-je un qui me correspondra mieux ? Espérons.

Du même auteur : Prince d'orchestre, Le Turquetto

Dédale

Extrait :

Quand nous arrivons devant l'immense esplanade qui mène à l'église, il arrête la Topolino, se tourne vers moi, me pose une main sur l'épaule, et me dit : « Tu sais pourquoi nous sommes venus à Assise ? Parce que quand je n'en peux plus, et tu le vois, hein, que ça arrive, quand je suis découragé, quand je me dis que je n'ai pas la force, tu sais ce que je fais ? Je viens voir les fresques de Giotto. Je m'arrête devant chacune des vingt-huit fresques, tu entends, devant chacune. Et si je sens que je suis nerveux, je me dis : Au moins deux minutes par fresque. Ça a l'air idiot, n'est-ce-pas, de regarder des fresques avec le nez sur la montre ? Eh bien crois-moi, ça marche. Ça m'oblige à me calmer. Je m'assieds sur l'un des bancs de la nef, et peu à peu la bonté de la fresque me pénètre. Je n'ai plus besoin de regarder ma montre. Je me calme. Et le reste du parcours, jusqu'à la vingt-huitième, je le fais avec sérénité. C'est drôle, cette église de saint François. C'est deux églises construites l'une sur l'autre, la prochaine fois on ira voir celle du bas. Elles sont si massives, si dures de toutes leurs pierres, qu'on ne s'attend pas à y trouver tant de douceur. » A l'intérieur de la basilique, Camillo s'arrête devant chacune des fresques, accolées l'une à l'autre tout autour de la nef. Ce sont les scènes de la vie de saint François. Il les commente dans l'ordre, à voix base. Il n'y avait personne dans la nef, il aurait pu parler plus fort, mais il chuchotait, d'une voix éraillée, comme s'il venait de crier pendant des heures. Il connaissait l'histoire de chaque scène dans son détail, en faisait ressortir les enjeux, attirait mon attention sur tel ou tel personnage, son expression, ses sentiments et rendait les épisodes extraordinairement vivants. Il m'expliquait le choix des couleurs, les règles de composition, les perspectives, tout ce pourquoi ces fresques étaient si modernes, et même si audacieuses.


Éditions Actes Sud - 206 pages