Ines est une romancière quinquagénaire. Elle a créé il y a quelques années un personnage récurrent, le Commissaire Chavance. Mais ce dernier lui échappe... Il fuit, se dérobe, elle n'arrive plus à dialoguer avec lui. Elle a même pensé au pire : un dernier récit dans lequel il se donnerait la mort. Mais qu'écrire ensuite ?
En fait, Ines navigue entre deux eaux, entre deux hommes... Elle qui fut si sûre de son charme, elle qui aimait et été aimée, ne croit plus au miracle de l'amour, à cette équation improbable. Pour faire le point, elle décide de passer une semaine dans un centre de remise en forme, au bord de l'océan. Ines, qui vit à travers le regard de l'autre, tout en voulant s'en détacher, a peur des méfaits de la vieillesse et tente de se réconcilier avec elle même. Ce qu'elle n'avait pas prévu, c'est que son passé viendrait à sa rencontre.

Il y a parfois des erreurs de casting, et ce fut le cas pour ma rencontre avec ce livre. Peut-être pour une fois, aurais-je dû lire le résumé plutôt que de me fier à la promesse du visuel de la première de couverture : l'imaginaire nous embarque parfois bien loin de ce qui est réellement au centre du récit. Équation d'un miracle est en fait un roman à l'eau de rose et il plaira sans doute au public auquel il se destine.
Pour ma part, je n'ai pas été sensible à cette romance sur le désir et le temps qui passe. L'intrigue m'a semblé convenue et même si l'écriture est sans conteste fluide et poétique, elle manque d'ampleur pour réussir à magnifier l'ensemble. En clair, et je m'excuse d'avance du mauvais jeu de mots, le miracle n'a pas eu lieu.

Laurence

Extrait :

Sa chute débuta en hiver et suivit le cycle de la vie. Un matin, elle se vit dans le miroir comme dans le dernier regard que Stanislas lui avait lancé : une vieille folle, un vieux soleil pathétique qui refuserait de se coucher. À partir de ce jour, elle eut beau tenter de déployer ses ailes et s'efforcer de s'intéresser moins au reflet qu'à la profondeur, elle eut beau respirer très fort, le dégoût d'elle-même l'engluait telle une marée noire, le champ de ses possibles se réduisait à un terrain vague. Elle allait se rétrécir, se dissoudre, se décomposer. Et plus jamais elle n'aurait le choix d'inventer sa vie.
Se raccrocher aux branches était inutile, d'ailleurs, il n'y avait pas de branches dans cette nuit pleine de cendres grises.


Éditions Intervista - 124 pages