Au début du roman, Baïkal tente avec Kate, sa tendre amoureuse, une évasion de la zone protégée de Globalia. Ce que Baïkal ignore, c'est que les dirigeants de ce pays planétaire ont déjà l'œil sur lui. Conscient qu'une société équilibrée a besoin d'un bon ennemi, trouvant que la menace terroriste s'affaiblit, l'un des puissants fondateurs de cette société, Altman, décidera de construire de toute pièce un nouvel ennemi pour assurer la cohésion sociale. Baïkal est tout indiqué.
Séparé de Kate, Baïkal est envoyé dans les non-zones où il pourra en effet goûter les plaisirs de la vie à l'ancienne (de la nourriture non-modifiée, l'âge qui laisse des traces, des conditions atmosphériques changeantes, etc.). Il fera pourtant tout, malgré les nouveaux amis qu'il peut trouver, pour rentrer en contact avec Kate. De son côté, de Globalia, la jeune femme fera la même chose pour trouver un moyen de localiser Baïkal et dénoncer le complot dont il est l'objet. Elle sera aidée de Puig, un étrange journaliste qui vient tout juste de découvrir le plaisir de la lecture et de l'écriture, plaisir perdu dans cet univers électronique.
Je suis tellement déchirée quant à mon appréciation de ce livre... J'ai pris beaucoup de plaisir à le lire, j'ai trouvé le récit exaltant et je ne me suis pas ennuyée une seconde. En ce sens, c'est un excellent livre que je conseille à tous. De plus, la réflexion sur le rôle de l'ennemi et la façon dont celui-ci est 'mis en boîte' pour assurer la cohésion sociale est un thème qui me tient à coeur.
Ce qui me dérange tient plus aux idées véhiculées par ce livre. Je passe vite sur la théorie du complot qui généralement m'énerve, sans exception pour cette fois-ci. Disons surtout que la critique du capitalisme à outrance et de la société de consommation m'ont semblé un brin faciles. Cet univers où l'écran et la pub règnent sur le monde, au point où partout il y a des écrans diffusant des pubs en continu, m'apparaît une caricature sans nuance et trop aisé. L'univers de Globalia est décrit comme étant la démonstration des effets pervers de la démocratie. Pourtant... J'ai vu dans ce livre une critique mettant l'emphase sur le danger encouru par une société qui reconnaît les droits des minorités, sujet sensible dans nos démocraties s'il en est un. Disons, pour faire simple, que je ne crois pas partager tous les a priori de Jean-Christophe Rufin ce qui, malgré une lecture fort agréable sur le moment, m'a laissé un étrange arrière-goût en fin de parcours.
Du même auteur : Rouge Brésil, Le Grand Cœur, La Salamandre, Immortelle randonnée. Compostelle malgré moi
Par Catherine
Extrait :
Écosser des petits pois n'est pas une activité frivole. Elle requiert d'abord une bonne maîtrise de son corps. Assis bien droit, on doit tenir les avant-bras sur la table. Une main légèrement levée saisit la cosse tandis que l'autre, d'un coup de l'ongle du pouce, éventre la gaine, entraîne les petits poids du haut vers le bas et les fait tomber, avec un bruit de grelot délicieux, dans une casserole.
Baïkal, après quelques erreurs bien naturelles, avait montré à cet exercice des dons qui enchantaient Altman.
- Dites-mois franchement, demanda le maître à l'élève, aviez-vous déjà vu des petits pois ailleurs que dans une boîte de conserve ?
- Non, répondit Baïkal. Mais cela ne m'a pas empêché de vivre jusqu'à maintenant.
- Vous avez raison et tort à la fois, si vous me permettez. Certes, les choses que l'on ignore ne nous manquent pas et pourtant, à leur manière, elles sont là et exercent sur nous une influence.
Altman tenait une cosse en main mais, au lieu de l'éventrer, il la tint pincée entre deux doigts comme une baguette de chef d'orchestre.
- Par exemple, quand je garde les yeux fixés droit devant moi, je ne vois pas très loin sur les côtés, n'est-ce pas ? Cela n'est guère gênant, ces zones de non-vue, dans la vie courante. Cependant, imaginez qu'une voiture surgisse de là et qu'elle vous écrase.
- Je n'ai pas peur d'être écrasé par des petits pois, dit Baïkal en haussant les épaules et en riant.
- C'est plus sérieux que vous ne pensez.
Altman resta grave.
- Vous devriez pourtant le comprendre, reprit-il, les yeux baissés en égrenant une nouvelle cosse. N'avez-vous pas essayé plusieurs fois de vous rendre dans des zones interdites, des non-zones étrangères à votre champ de vision ?
Éditions Folio - 499 pages
Commentaires
mardi 17 février 2009 à 13h04
Ouh que je n'ai pas aimé ce livre : plein de clichés (très drôles finalement tellement il en fait trop) et même pas bien écrit...
mardi 17 février 2009 à 15h49
J'avais plutôt apprécié ce livre lorsque je l'ai lu. J'avais notamment été marqué par l'unanimisme qui dicte les comportements de tous les globaliens.
En revanche, rien de bien neuf côté intrigue. Surtout, ce roman me semble marqué par un tropisme lié au monde littéraire : le monde survivra par les livres. C'est un thème déjà vu ailleurs (notamment dans Fahrenheit 451 de Bradbury).
Bref, un roman pas mauvais, mais dont l'intrigue fait un peu déjà-vu.
lundi 19 octobre 2009 à 11h07
Après avoir lu,"rouge brésil",et "la salamande",,,,,je viens de terminer cette nuit"globalia".Lire de science fiction.....,ou le passé et l'avenir sont liés,,fantastique..Je rêvais d'un monde sans frontière,, mais,surtout pas d'un monde immortel,,,,,l'homme ,l'humain n'existe plus.....Je voudrais partager mes impressions avec d'autres lecteurs ou lectrices...
jeudi 2 décembre 2010 à 18h26
Les grandes sociétés multinationales contrôlent l'information et la force publique, manipule les politiciens et le peuple (peur obsessionnelle du terrorisme, disparition des écrits historiques) et diabolise les « non-zones » de tous actes répréhensibles.
Cependant, des réseaux dissidents vivent encore à l'intérieur de ce monde « idéal » formaté, et certaines personnes aspirent à la liberté, à l'utopie d'un monde plus humain...
La lecture est fluide et l'intrigue assez intéressante. Le monde dont on parle n'est pas si éloigné de ce que l'on vit actuellement.
lundi 8 octobre 2012 à 13h46
Superbe bouquin ! Flippant et intelligent.
vraiment ailleurs