Juillet 2004. La rubrique "faits divers" du quotidien Sud Ouest fait état de pas moins de 4 assassinats en quelques semaines à peine : l'ex-PDG de la société Gravi-Sud, deux propriétaires de boite de nuit, un gérant d'auto-école et un flic. Cela fait un peu beaucoup pour que ce ne soit qu'un coïncidence, d'autant qu'à côté des cadavres, les policiers ont retrouvé un étrange dessin, toujours le même...
A quelques centaines de kilomètres de là, en Espagne, Manech Carriburu, un indépendantiste basque, réussi une évasion spectaculaire lors de son tranfert.
Mais le commissaire Séverine est bien loin de ce type de préoccupations. Il est en congé sabbatique dans sa maison secondaire et compte bien profiter de son temps libre pour retaper sa bicoque et aller à la pêche. C'est du moins ce qu'il espérait, jusqu'à ce que sa maison soit "visitée" et qu'il se retrouve à l'hôpital avec des côtes cassées.

Dans ce nouveau roman Jean-Louis Nogaro s'amuse dès les premières pages à brouiller les pistes en nous offrant une narration éclatée. Nous passons d'un personnage à l'autre sans trop comprendre ce qui les relie. Et puis, Gérald Séverine entre en scène et le lecteur dénoue avec lui les fils de cette étrange histoire.
Comme à son habitude, Jean-Louis Nogaro ne peut s'empêcher de mêler combat politique et intrigue policière: cette fois-ci il s'intéresse à la lutte basque et plus exactement aux changements qui occupèrent le mouvement à la suite de l'élection de Zapatero. Mais Les prédateurs font toujours face au courant est aussi la quête d'un serial killer aux motivations pour le moins inhabituelles.

J'ai retrouvé avec plaisir de commissaire Gérald Séverine, flic atypique, amateur de pêche et de voitures improbables. Les prédateurs font toujours face au courant est un polar qui se lit avec plaisir même si l'on regrette que le suspens ne soit pas plus haletant. L'amorce du roman laissait supposer une narration fragmentée et nébuleuse, ce qui n'est malheureusement pas le cas. En fait, on prend plus de plaisir à suivre le commissaire et à voir comment il va se dépatouiller de cette nouvelle affaire, qu'à chercher le pourquoi du comment qui paraît très vite évident.
Mais la surprise n'est peut-être pas là où le lecteur l'attendait, et Jean-Louis Nogaro réserve un dernier pied-de-nez aux fans du commissaire Séverine...

Du même auteur : Un bon flic c'est comme de la soie et Saint-Étienne-Santiago

Laurence

Extrait :

Séverine, lui, ne savait pas précisément où il en était. Son congé sans solde prenait fin dans trois mois. Il avait reçu la veille un courrier à l'en-tête d'un syndicat de police. Sans doute pour l'informer des procédures à suivre pour reprendre son poste. Il ne l'avait pas ouvert. Il se sentait revivre, dans ses montagnes natales, partageant son temps entre la restauration de sa grange, la pêche, les champignons et les longues randonnées en solitaire. Face à ça, on lui proposait de retourner au commissariat central de Saint-Étienne, la chasse aux malfrats, la hiérarchie. Il ne fallait pas tout noircir non plus et il devait bien reconnaître question cœur était partagé entre les Pyrénées et l'ex-ville minière. Le boulot, c'était aussi quelques bon collègues, la machine à café, les soirées au bar "La même" avec Steph, le patron. Il s'était fait de vrais amis, là-bas. Il y avait aussi la question financière. Les économies ne suffiraient pas à lui permettre de mener sa vie actuelle bien longtemps. Depuis la veille, un nouvel élément entrait en ligne de compte... Agnès Elmy, la psychiatre de Bordeaux. Séverine chasse cette idée, et, sortant son couteau, décida de se donner une semaine pour faire son choix.


Pietra Liuzzo Éditions - 195 pages